Comment trois Tunisiens ont été évacués d'Haïti
« Dans l’immensité de ma détresse, j’ai soudainement senti que la Tunisie, toute la Tunisie, vient à mon secours pour me sortir de cet enfer à Haïti. » Encore sous l’émotion, cette ressortissante tunisienne, rescapée de justesse, réalise à peine comment son message de détresse était parvenu à notre ambassade à Washington DC, et a pu ainsi être évacuée ainsi que son conjoint et un autre membre de sa famille. De jour en jour, la situation sécuritaire ne cessait de se dégrader dans l’île d'Haïti. Des bandes hors la loi règnent partout face à des autorités devenues inopérantes. Chacun avait espoir de voir la situation se calmer et un appui international sous les auspices de l’ONU, rétablir l’ordre et la sécurité. Mais, la montée de la violence rendait salutaire le départ des ressortissants étrangers, voire-même des Haïtiens.
Parmi les communautés étrangères, moins d’une dizaine de ressortissants Tunisiens sont établis à Haïti, travaillant soit pour des entreprises étrangères, soit pour des organisations internationales ou installés pour leur propre compte. Un couple tunisien a été le premier à déclencher l’appel au secours à la recherche d’une évacuation. A peine saisie de cet appel, l’ambassade de Tunisie à Washington s’est mise en branle. Quelques minutes seulement avant la rupture du jeune à Tunis, alerté, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, a activé une cellule de crise, composée notamment des ambassadeurs de Tunisie à Washington, Paris, Ottawa et Rome, ainsi que de la direction générale des affaires consulaires.
Contacts a été pris avec les autorités des pays concernés pour coordonner les efforts et faire bénéficier les ressortissants tunisiens à Haïti qui le demandent, de se joindre aux autres ressortissants à évacuer. Tout s’est accéléré. Il fallait se rapprocher des ministères des affaires étrangères dans les capitales étrangères, entrer en contact également avec leurs ambassades à Haïti, maintenir les liens avec les ressortissants, malgré des coupures de l’internet, et les rassurer, en leur prodiguant les conseils nécessaires pour leur sécurité.
Le Quai d’Orsay a été prompt à répondre favorablement. Organisant une grande opération, la France a en effet accepté de prendre en charge les trois ressortissants Tunisiens, et de fournir les visas nécessaires. C’est ainsi que le couple tunisien et un autre membre de la famille ont pu prendre attache avec les services de l’ambassade de France à Port-au-Prince, et faire partie de 243 ressortissants français et autres étrangers qui seront rapatriés.
La toute première étape a été effectuée par hélicoptère depuis la capitale haïtienne vers les trois navires de la marine française, mobilisés. « L’accueil à bord était magnifique, rapporte notre compatriote. Nous étions profondément soulagés d’autant plus que des médecins étaient présents. Sauvés ! » Première destination la Martinique. Puis, un vol spécial devait rapatrier à Paris dans la nuit du vendredi au samedi, les 243 rescapés dont les trois Tunisiens. « Arrivés sains et saufs dans la capitale française, poursuit-elle, nous avons à peine réalisé comment nous avons pu en être sortis. »
Maintenus en alerte, les ambassades de Tunisie ainsi que le ministère des Affaires étrangères ont suivi l’opération de bout en bout. Un quatrième ressortissant Tunisien, s’est tardivement manifesté, après le départ de 243 rescapés. Travaillant pour le compte d’une entreprise italienne, c’est notre ambassade à Rome qui a pris le dossier en main, en coordination avec les autres postes.
De son côté, notre ambassade à Ottawa (Canada) dont Haïti relève désormais de son périmètre, assure le suivi de la situation, pour prêter assistance à d’autres ressortissants tunisiens restés dans l’Île.
« C’est dans ces moments difficiles, cruciaux, qu’on apprécie le plus la valeur de la protection consulaire dont nous bénéficions à l’étranger » confie sincèrement notre compatriote.
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