Hommage à Abdelaziz Beltaief
Quand il débarqua à Paris fin 1973 pour occuper le poste de Consul Général, Abdelaziz Beltaïef avait déjà derrière lui une longue carrière de militant et de serviteur de l’Etat. Fils spirituel d’Ahmed Tlili et produit de la génération destourienne de l’après Indépendance, journaliste à l’Action, Gouverneur de Mednine et de Jendouba, Secrétaire d’Etat, Si Abdelaziz exerça toutes ses fonctions dans le respect de l’Etat, ce qui n’exclura pas une certaine indépendance de l’esprit et un courage qui le poussa à refuser le poste de Ministre des Affaires Sociales après le Congrès du Destour de 1971.
A l’époque, les relations de la colonie tunisienne avec le consulat général et l’ambassade de Tunisie à Paris étaient tendues et méfiantes malgré l’immense travail abattu par son prédécesseur Si Mohamed Amamou, personnage digne et d’une très grande humanité. Il s'attacha d'abord à réorganiser les services et à ouvrir les portes du consulat général le dimanche pour répondre au plus près aux besoins de la colonie. Avec l’aide de Mohamed Ennaceur, Ministre des Affaires Sociales, l’action sociale trouva des ressources et un esprit qu’elle n’avait pas jusqu’alors. L’organisation rationnelle de l’enseignement de la langue arabe ou des colonies de vacances datent de cette époque. Ambassadeur à Kinshassa et à Damas, vice-président de l’Assemblée Nationale jusqu’à sa retraite officielle, Abdelaziz Beltaïef exerça toutes ses fonctions avec la rectitude et l’enthousiasme qu’on lui connaît.
Au-delà de son parcours professionnel et militant, ce sont finalement les qualités humaines de Si Abdelaziz qui l’emportent sur tout le reste. Lucide, intelligent, modeste, imbu du sens de l’Etat mais ombrageux et fier, il a contribué grandement à l’éducation politique de ceux qui ont croisé sa route et ce dans une seule direction : comment être au service de la Patrie sans perdre son âme ou sacrifier ses convictions.
Habib Touhami
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