Les performances de l'enseignement supérieur privé en Tunisie : les réponses de M. Ridha Ferchiou Président de l'Institut Tunis-Dauphine
Juillet, c’est le mois de l’orientation universitaire pour des dizaines de milliers de nouveaux bacheliers, mais aussi des étudiants qui souhaitent changer de filières ou aller plus loin. Les options ne sont pas nombreuses : l’enseignement public, les établissements privés ou le départ à l’étranger. Le tout avec à la base une double grande interrogation : comment garantir la réussite pour accéder au marché du travail ? Et combien ça coûte si on choisit le privé ou l’étranger ? Deux questions qui constituent en fait la problématique centrale du système.
Avec 42 établissements autorisés, accueillant plus de 17 000 étudiants (dont plus de 4 000 étrangers), l’enseignement supérieur privé tunisien, né il y a à peine 11 ans, connaît une évolution rapide, avec son lot de réussites et d’insuffisances. Réussite de certains établissements qui ont misé sur la valeur scientifique et académique, investi dans le corps enseignant et les infrastructures, faisant fi de toute considération purement commerciale. Insuffisance pour d’autres qui n’arrivent pas à se conformer totalement à la réglementation en vigueur et offrir à leurs étudiants les conditions nécessaires à leur bonne réussite. Le gap risque de s’élargir.
Mais plus, la compétition s’accélère depuis la révolution. Pas moins de 25 nouvelles demandes d’autorisation ont été déposées auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. En plus de certains groupes tunisiens formés notamment par d’anciens enseignants et dirigeants universitaires, de grandes universités internationales, nord-américaines, européennes et arabes (pays du Golfe), envisagent sérieusement de se lancer dans le secteur. La cible visée ne se contente pas des étudiants tunisiens mais s’élargit à des étudiants étrangers de divers pays, en priorité ceux de la Méditerranée, de l’Afrique subsaharienne et de la région arabe. Certaines nouvelles universités se consacreront à l’économie, au management, au marketing et d’autres aux technologies et dispenseront leur enseignement totalement en langue anglaise.
Mais quelles sont...
I - les spécificités distinctives de chaque établissement (filières, modèle pédagogique, enseignants, partenaires étrangers, locaux, frais…) ?
II - Quelles sont les difficultés rencontrées ?
III - Quels sont les conseils que vous donneriez aux futurs étudiants et aux parents pour bien choisir l’université privée à fréquenter ?
IV - Comment promouvoir l’enseignement privé universitaire en Tunisie ? Que doit faire le gouvernement ? Que doivent faire les universités ?
V - Comment attirer plus d’étudiants étrangers ?
Après Ridha Gouiaa, directeur de l'APBS (Avicenne Private Business School), Farouk Kammoun directeur de SESAME, c'est au tour de Ridha Ferchiou, président de l'Institut Tunis-Dauphine de répondre à nos questions de répondre à nos questions :
1) Quelles sont les spécificités de votre établissement (filières, modèle pédagogique, enseignants, partenaires étrangers, locaux, frais…) ?
L’Institut Tunis-Dauphine (ITD) est une institution universitaire privée d’excellence qui a pour vocation la formation initiale et la formation continue des futurs managers capables de répondre aux exigences de la compétition internationale.
Antenne de l’Université Paris-Dauphine en Tunisie, l’ITD jouit de la renommée et du prestige de sa grande sœur parisienne, proposant la même formation Economie-Gestion, les mêmes professeurs et surtout les mêmes diplômes. Ainsi, Tunis-Dauphine offre à Tunis les diplômes et tous les avantages de l’Université Paris-Dauphine.
Le partenariat qui lie Tunis-Dauphine à Paris-Dauphine est multidimensionnel : il couvre à la fois les programmes d’enseignement, l’échange d’enseignants, la double diplômation aussi bien au niveau de la licence qu’au niveau du master, les programmes de recherches, etc. En d’autres termes, Paris-Dauphine met à notre disposition son expérience, son corps enseignant, ses programmes de recherche et son savoir-faire.
Les locaux provisoires de l’Institut Tunis-Dauphine se trouvent à El Omrane, au 20 rue Baudelaire et les droits d’inscription pour l’année universitaire 2012-2013 s’élèvent à 7000 dinars par an au niveau de la licence et à 7500 dinars au niveau des masters. Cependant, l’ITD accorde à certains étudiants des exonérations (totales ou partielles) de droits d’inscription après examen de leurs dossiers financiers. En plus, Tunis-Dauphine pourrait accorder des bourses d’études à des étudiants venant notamment de l’intérieur du pays.
2) Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Les difficultés rencontrées depuis le démarrage de l’Institut Tunis-Dauphine en septembre 2009, sont d’ordre administratif et d’ordre culturel. Sur le plan administratif, les relations entre les institutions universitaires privées et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique sont plutôt marquées par la méfiance réciproque et la rigidité de la réglementation administrative, notamment au niveau de l’octroi des agréments. Les institutions privées d’enseignement supérieur ne doivent en aucun cas proposer exactement les mêmes programmes et offres de formation que les institutions publiques. Si c’était le cas, quelle serait la valeur ajoutée des institutions privées par rapport aux institutions publiques ? Sur le plan culturel, Tunis-Dauphine se propose de prouver qu’enseignement privé et qualité peuvent être compatibles. Notre ambition est d’attirer les meilleurs bacheliers qui viendraient ainsi s’inscrire volontairement à Tunis-Dauphine et non pas d’attirer les déçus du système d’orientation.
3) Quels sont les conseils que vous donneriez aux futurs étudiants et aux parents pour bien choisir l’université privée à fréquenter ?
Il faut tout d’abord penser à l’enseignement supérieur comme un investissement dont la rentabilité est liée à la qualité de la formation, à la valeur et à la reconnaissance nationale et internationale du diplôme visé et à l’employabilité derrière la formation et le diplôme visé. Il ne faut surtout pas choisir les solutions de facilité en optant pour des filières ou des institutions non exigeantes en matière de qualité ; il faut préférer, au niveau de la Licence, les filières généralistes aux filières trop spécialisées, elles contribuent mieux à une formation de base solide permettant un plus grand choix au niveau du Master ; enfin, il faut préférer la reconnaissance internationale en optant pour des institutions ou filières offrant des double diplômes avec des partenaires étrangers assez connus.
4) Comment promouvoir l’enseignement privé universitaire en Tunisie ? Que doit faire le gouvernement ? Que doivent faire les universités ?
Il faut tout d’abord agir au niveau des difficultés soulevées au niveau de la deuxième question. Il est temps de bannir ce climat de méfiance réciproque. Un nouveau climat de confiance et de partenariat doit être instauré entre le Ministère de tutelle et les Universités privées. En matière d’enseignement supérieur, les secteurs public et privé doivent être complémentaires et partenaires. Le rôle du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, en tant que ministère de tutelle, doit se limiter, d’une part, à la mise en place du cadre général dans lequel est offerte la formation : qualité des enseignements et niveau des enseignants, respect de la masse horaire de formation (nombre de crédits, de semestres et de semaines de formation…) et, d’autre part, au contrôle à postériori du bon respect de ce cadre général. La nature des licences ou des masters ouverts, le contenu des programmes, les options et filières proposées ne devraient relever que de l’institution privée qui les propose et seul le marché du travail serait juge de la qualité et de l’opportunité de cette offre de travail. Il serait judicieux de revoir la loi relative à l’enseignement supérieur privé en y injectant un peu plus de souplesse et le dialogue entre le Ministère de tutelle et les universités privées doit être rétabli dans les plus brefs délais.
En ce qui concerne les promoteurs d’institutions d’enseignement supérieur privé, ils doivent avant tout être conscients que l’enseignement n’est pas un bien marchand comme n’importe quel autre bien. L’enseignement est un bien qui a ses spécificités, ses exigences et ses propres règles ; même s’il est offert par une institution privée, l’enseignement demeure par sa nature un service à vocation publique. Par conséquent, il n’est pas question d’ouvrir une université privée dans le même esprit et logique que n’importe quel autre commerce.
5) Comment attirer plus d’étudiants étrangers ?
Grâce à son histoire et à sa position géographique, à la richesse et à la diversité de ses élites et à l’importance de ses liens de partenariat, notamment avec la rive nord de la Méditerranée, la Tunisie a vocation de devenir un pôle universitaire régional rayonnant sur le Maghreb, le Moyen Orient et l’Afrique Sub-saharienne. Les institutions universitaires privées, plus autonomes et bénéficiant de plus de souplesse de gestion que leurs homologues du secteur public sont en mesure de jouer un rôle important au niveau de cette mission. Les institutions privées d’enseignement supérieur devraient s’organiser pour mener conjointement cette opération.
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Cet article reflète le bon sens et la longue expérience des intervenants il mérite toute l'attention du ministère de tutelle.
Je voudrais bien que ces gens partisans de l'enseignement supérieur privé et qui ont prouvé dans tout ce qui est marketing, gestion, comptabilité et leurs dérivés, filières nécessitant enseignant et un PC portable, qu'ils investissent dans l'enseignement solide des sciences pures (les maths, les sciences physiques,la chimie et les sciences appliquées de l'ingénieur (génie élctrique, génie mécanique, génie industrielle, génie énergétique... et qu'ils nous montrent leur soit disant "culture de réussite".