News - 22.01.2012

Procès de Nessma TV : liberté à défendre et ordre public à préserver

Ce que les politiques ont évité de trancher, dès son déclenchement, est transféré à la justice pour s’y prononcer. L’affaire de Nessma TV, suite à la diffusion, le 7 octobre dernier, du film iranien Persepolis et des différents incidents qui s’en étaient suivis, dont l’attaque du domicile de Nébil Karoui pose un problème de libertés et d’ordre public. Liberté, jusqu’où peut aller, pour une chaîne TV, le droit de diffuser une œuvre cinématographique autorisée en salles, et pour un groupe salafiste, de s’exprimer. Ordre public et inviolabilité de domicile, pour ce qui est des manifestations qui ont failli s’attaquer au siège de Nessma et ce qui est du saccage de la résidence de Karoui.

La reprise, ce lundi, devant la sixième chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis du procès intenté contre Nessma TV met ces questions de principe en premier ordre. Dans sa large majorité, la société civile, comme les médias et nombre de partis politiques, monte au créneau pour défendre le droit de la chaîne Tv de diffuser ce film et, d’une manière plus générale, affirmer l’attachement à la liberté d’expression.

Au nom de la LTDH, l’ancien bâtonnier Abdessettar Ben Moussa estime que « c’est là un procès contre la libre pensée et la libre expression… qui n’a plus de raison d’être après la révolution. » Fathi Jerbi, au nom du CPR, se demande « qui détient aujourd’hui le droit d’évaluer le contenu des films et émissions TV pour décider de leur conformité à la loi et de leur sacralité ? » Notre confrère Zyed Krichen Le Maghreb),  s’étonne dans son  éditorial que des avocats censés défendre le plus les libertés s’érigent en censeurs.

Quant à Nébil Karoui, qui rappelle avoir présenté ses excuses à ceux qui s’estiment être heurtés par certaines séquences du film, que son procès est « celui de millions de Tunisiens qui adhèrent à la ligne de la pensée tolérante et moderniste et aspirent à la liberté et à la paix sociale et civile »

A noter que sur décision de justice, le procès sera interdit de filmage par les chaînes TV, Nessma l’ayant fait lors de la première séance. Par ailleurs, selon notre confrère Attounissia, Me Béji Caïd Essebsi se joindra au collectif de défense de Nébil Karoui. Aucune confirmation n'a pu être obtenue dans ce sens. 

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7 Commentaires
Les Commentaires
khlifi - 22-01-2012 14:50

La chambre qui aura a tranché porte une trés lourde responsabilité devant un trés grand nombre de tunisiens, d'observateurs etrangers et devant l'histoire car le principe de la liberté de penser et de s'exprimer est en jeu.Ou la justice, en son âme et conscience, le consacre contre vents et marées, ou ce sera un précedent dangereux car il suffirait qu'une centaine d'avocats actionne tel ou tel média pour lui interdire toute ouverture et mettre la clé sous le paillasson pour aller sous d'autres cieux plus cléments!

Driss - 23-01-2012 00:26

c'est ce procès qui scellera le sort de l'avenir de la justice en Tunisie et de sa crédibilité ainsi que l'avenir de la liberté d'expression, c'est une lourde responsabilité qui pèse sur la chambre correctionnelle qui aura à trancher dans ce procès décisif

Lamine Gasmi - 23-01-2012 09:46

Messieurs de Leaders :votre article composé de 5 pargraphes n'a rien mentionné pour ce qui est du point de vue de la majorité des tunisiens musulmans qui refusentce genre de culture bien qu'ils ne soient ni salafistes ni integristes ni terroristes comme le disait votre idole la bande à zaba .Ou' est donc l'impartialité des medias ?Vous ne pouvez pas faire de la Tunisie un canton français pour vous fairele plaisir d'appartenir à cette "noble" culture ;celle de la bestialité .

Chérif - 23-01-2012 10:09

Si le gros du travail de NESSMA constitue à défier le pouvoir en place ,à travers les moeurs,les mots,les écarts cinématographiques et autres piques ,tendant à faire soulever une partie de la population, le seul moyen est de la fermer. Pénalement parlant et observateurs internationaux, droits de l'homme, en plus !

alia - 23-01-2012 11:57

la diffusion par nessma du film tirée de la bd de marjane satrapi est un non evenement on peut zapper et regarder une autre chaine si on se sent heurté.les hommes et jeunes qui ont reçu des balles et ont eté blesses attendent toujours des soins apres un an ça c 'est un scandale parmi tant d 'autres.la tunisie n 'est pas le psg...

fethi zaâtour - 24-01-2012 11:43

Une question : après le tollé soulevé par le peuple tunisien , suite à la diffusion du fameux film , M. Karoui a présenté ses excuses aus téléspectateurs tunisiens , et a demandé pardon ! Pourquoi l'a-t-il fait?

candide - 24-01-2012 12:42

Encore une remarque de ma part qui s'adresse particulièrement à Lamine Gasmi quand il ose parler de "noble culture française, celle de la bestialité". Je ne lui donne pas entièrement tord. La France, "était" un beau pays, avec comme il le dit si bien, une noble culture. Mais l'accueil sans retenue des migrants à ses frontières a changé la donne. Il parlait certainement de cela. Je ne suis pas certain qu'un esprit aussi étroit que le sien puisse comprendre, mais voici un exemple illustre mal son propos. C'est un article du figaro paru le 24.01.12, concernant l'éducation à la française : Dans un livre, une Américaine s'enthousiasme pour ces petits Français "si bien élevés". Ah! Ces Français qui ne savent pas tenir leurs enfants! Une légende urbaine ? Dans un livre intitulé French Children Don't Throw Food (les enfants français ne jettent pas leur nourriture), la journaliste Pamela Druckerman, mère de trois enfants vivant à Paris, se demande comment les Français parviennent à élever aussi bien leur progéniture, contrairement à ses compatriotes qu'elle juge laxistes. La journaliste s'émerveille de ce que les petits frenchy disent "bonjour" aux adultes qu'ils ne connaissent pas, et de ce qu'ils ne font pas de scandale au restaurant ou au supermarché. Pour Paula Druckerman, la clé du succès de l'éducation à la française, c'est une combinaison de règles rigoureuses concernant la nourriture, les horaires des repas et l'heure du coucher. Contrairement aux parents américains, qui sont selon elle trop attentifs au moindre désir de leurs enfants, elle estime que les Français ne répondent pas immédiatement aux exigences de leurs chérubins et leur apprennent ainsi la frustration et l'autodiscipline. En résumé, ces merveilleux parents que sont les Français osent dire "non!". Autre raison : dans les écoles françaises, affirme Paula Druckerman, on mise sur les fondamentaux - grammaire, écriture et "par cœur" - plutôt que sur les activités ludiques, davantage prisées outre-atlantique. Aux États-Unis, le débat fait rage : l'an dernier, une américaine d'origine chinoise prônait une éducation extrêmement stricte "à la chinoise" comme le nec plus ultra : chez elle pas de télévision ou de jeux vidéo et surtout du travail, du travail et encore du travail. Je me permettrais de rajouter à tout cela, que nos enfants ont eux aussi une éducation religieuse, mais elle n'est plus obligatoire. Dieu est présent dans nos esprits, mais pas de façon aussi permanente et désordonnée pour faire tout et n’importe quoi en son nom.

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