Yadh Ben Achour reçoit le prix Boutros Boutros-Ghali pour la Diplomatie, la Paix et le développement (Vidéo)
Cérémonie solennelle de remise des prix vendredi 19 décembre à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer à Paris. Pour la première, le Prix Boutros Boutros-Ghali pour la Diplomatie, la Paix et le développement est décerné cette année et il a été attribué au professeur de droit Yadh Ben Achour (Tunisie) et au professeur de droit et ancien ministre camerounais Maurice Kamto. Ouvrant la cérémonie, la présidente de l'Académie, Christine Desouches soulignera qu’il s’agit d’une « séance privilégiée » marquée par la remise de ce prix qui « récompense des personnalités ayant su traduire dans leur vie et continuent d’incarner les idéaux et principes ayant guidé l’œuvre de celui dont le nom seul évoque la communauté internationale, avec ses faiblesses et ses promesses pour construire un monde meilleur. » Le secrétaire perpétuel de l'Académie, Dominique Barjot, a officié la cérémonie.
Présentant le professeur Ben Achour, le professeur Emmanuel Decaux, académicien, a souligné que sa contribution scientifique est particulièrement remarquable en tant que « passeur », dans trois dimensions, à savoir une réflexion moderne sur la dimension théologico-politique du droit, son rôle lorsqu’en qualité de membre du Comité des droits de l’homme il a su faire entendre courageusement la voix de la raison, lors de fameuses opinions dissidentes, prenant le contre-pied des constatations du Comité et sa contribution à rapprocher les sciences Juridique et les sciences sociales.
« En un mot, a conclu le professeur Decaux, il s’agit d’une œuvre importante, impressionnante, particulièrement féconde, ancrée dans la pratique et tendue vers l’idéal, s’épanouissant au fil du temps, mais toujours caractérisé par la rigueur intellectuelle, le sens critique et la hauteur de vue. C’est une belle leçon pour chacun de nous qui nous rappelle que, comme aimait à le dire le Président Bourguiba, la francophonie est une fenêtre ouverte sur le monde. Grâce au professeur Ben Achour cette fenêtre est grand ouverte. »
Dans son discours d’investiture, le professeur Yadh Ben Achour, après avoir exprimé sa reconnaissance à ceux qui ont initié la création de ce prix a rendu hommage à Boutros-Ghali sa contribution à l’élaboration de l’Agenda pour la Paix en 1992, ou encore, lors de la création du Tribunal Russel sur la Palestine en 2009, sa condamnation des violences commises à Gaza, rappelant que ses horizons étaient plus vastes. Il a mentionné à cet égard deux exemples. « La première, dira-t-il, c’est qu’il a placé son idée de diplomatie préventive en rapport direct avec l’Etat de droit, la démocratie et les droits de l’Homme. S’il en fallait une preuve, il suffirait de rappeler la Déclaration de Vienne de 1993 qu’il a parrainé, et, la même année, la création du Haut-commissariat aux droits de l’Homme, dont il est le maître d’œuvre quasiment exclusif. (…) La deuxième raison, c’est que dans son enseignement universitaire, aspect assez peu connu de sa personnalité, Boutros Ghali, restait fidèlement attaché à cette perspective globale des relations internationales. C’est sur les bancs de la Faculté de droit de Paris que j’ai eu le privilège en 1967 de suivre son cours sur Les organisations afro-asiatiques. C’était un cours nouveau, original, engagé, dont je garde toujours les notes avec ferveur. »
Ben Achour dira : « Dix ans plus tard, en décembre 1974, j’ai retrouvé l’homme, parmi les membres de mon jury d’agrégation, présidé par le professeur Jean Rivéro. » Il ajoutera que sa relation avec Boutros Ghali s’est poursuivie dans un cadre extra universitaire alors qu’il assurait le Secrétariat Général de la Francophonie, puis le Secrétariat général des Nations unies. » A ces deux occasions, j’ai pu le rencontrer et m’entretenir avec lui, tout d’abord en ma qualité d’observateur de la francophonie pour les élections présidentielles au Sénégal en février et mars 2000, ensuite, à la fin de ma mission en tant que conseiller juridique de la MINURSO, l’organisation onusienne chargée de la gestion de l’affaire du Sahara occidental, en janvier 1992. »
Lire le discours intégral du Pr Emmanuel Decaux
Lire le discours intégral du Pr Yadh Ben Achour
Lire aussi
- Ecrire un commentaire
- Commenter