Édito: Une priorité pour le sud tunisien

Voici venue la nouvelle saison des dattes, évocatrice de saveurs, porteuse de promesses. Le charme envahissant des oasis, avec leurs cultures à étages, leurs lumières et leur air pur et frais procure ressourcement et sérénité. Le pays du Djérid tunisien, de Tozeur à Kébili, qui a préservé ses arts et traditions, est celui de l’émerveillement. Les régions avoisinantes, notamment Tataouine, y ajoutent leurs spécificités.
L’immersion dans le sud tunisien est une expérience personnelle enrichissante, de plus en plus prisée par les Tunisiens, en plus des touristes étrangers. Hôtels de bonne facture, séjours thématiques, nuits sous les étoiles, randonnées chamelières et en calèches, circuits à travers les dunes et autour des ksour et festivals culturels rivalisent d’attractivité. Les maisons d’hôtes sont à couper le souffle, et les camps au milieu du désert exceptionnels.
Autant de richesses qui peinent à survivre au-delà du pic d’une saison touristique courte, incertaine et peu lucrative. Le nombre d’hôtels fermés est attristant. La faible fréquence et l’irrégularité des dessertes aériennes sont pénalisantes. Une grande partie de l’économie locale s’en trouve affectée.
La promotion du tourisme saharien est une priorité. Sans cesse réitérée, elle exige des mesures concrètes et des incitations substantielles. Financer la réouverture et la rénovation des hôtels fermés, accroître la capacité d’hébergement, assurer des vols réguliers, multiplier les festivals et les événements, encourager l’écotourisme et attirer des flux substantiels de touristes: ces préalables n’échappent pas aux autorités touristiques. Mais il va falloir redoubler d’inventivité et d’incitations, en s’intégrant dans la grande stratégie nationale de développement du sud.
Un levier important vient d’être mis en place: la création de l’office de Rjim Maatoug pour le développement du sud et du Sahara. Dans sa nouvelle configuration, il porte également sur la promotion du tourisme saharien et la thérapie par les eaux naturelles. Placé sous la tutelle du ministère de la Défense nationale, il capitalise sur l’expérience pilote de Rjim Maatoug (2 500 ha), et la capacité de l’armée nationale de conduire la réalisation de grands projets structurants.
Le sud tunisien incarne des enjeux stratégiques et renferme des richesses de fortes potentialités. L’installation de grands parcs solaires pour la production de l’énergie non fossile contribuera à l’efficience énergétique pour le pays. Ces stations solaires permettront aussi le pompage de l’eau à partir de forages profonds, dans le désert, pour irriguer de vastes champs de diverses cultures. Des populations y seront installées, sur le modèle de Rjim Maatoug. Le projet d’El Mahdeth, sur 1 000 ha à 100 km de Kébili, est déjà bien lancé.
Un coup d’accélérateur général est nécessaire. La vision d’ensemble du sud et du Sahara se conceptualise à travers différents ministères et organismes. Elle doit se transformer en plan d’action et bénéficier de budgets appropriés.
Deux opportunités se présentent dans les toutes prochaines semaines. L’examen du budget de l’Etat pour l’année 2026 et celui du plan 2026-2030 offre l’occasion aux élus de la nation et aux représentants des districts et des régions de consacrer cette vision. A travers les projets qui seront retenus et les crédits qui leur seront accordés, s’exprimera la détermination collective à développer le sud tunisien dans ses multiples composantes.
Le tourisme saharien en sera parmi les grands bénéficiaires. Le pays du Djérid, en premier lieu. Les palmeraies enchanteresses continueront d’inspirer les poètes, disciples d’Aboul Kacem Chebbi. Les dattes Deglet Nour, uniques dans leur transparence et leur saveur, voyageront encore plus loin dans le monde pour porter un goût délicieux de la Tunisie. Un pays merveilleux qu’on aime
Taoufik Habaieb
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