Négociations avec la FAO, le PAM, l’IFAD et autres agences spécialisés dans l’agriculture, mais aussi les institutions financières pour les projets agricoles, en plus des accords bilatéraux : pendant plus de vingt ans, c’était la mission de Fatma Maamouri Larbi, qui vient de nous quitter. Repérée pour sa compétence et son talent par l’éminent ministre de l’Agriculture, Lassaad Ben Osman, il la fera appeler à son Cabinet, dirigé par Adel Kammoun. A leur contact, elle apprendra beaucoup, et excellera. Au sein de l’équipe rapprochée, elle sera alors de toutes les grandes négociations, en véritable chef de la diplomatie agricole. Hommage.
Fatma Maamouri Larbi, Ingénieur Général à la retraite, ancienne directrice générale de la Coopération internationale au Ministère de l’Agriculture, est partie pour un monde meilleur il y a près de 40 jours. Cette nabeulienne avait fait ses études au Lycée de Jeunes Filles de Montfleury avant d‘intégrer l’INAT où elle obtient son diplôme d’Ingénieur Agronome. En 1970, elle obtient une bourse pour poursuivre ses études aux Etats-Unis, à l’Université de Davis, en Californie, puis à l’Université du Minnesota. Elle y décrochera son Master en Economie rurale. A son arrivée au Minnesota, elle est accueillie par un couple tuniso-américain qui témoigne : « She quickly became the little sister of the Tunisian community of Minneapolis» ; Certains d’entre eux confirment « à chaque fois que les Tunisiens voulaient un couscous, Fatma était toujours là pour le faire et avec le sourire ». Toutes les personnes qui ont connu Fatma aux Etats-Unis, comme en Tunisie, dans le cadre professionnel ou familial, mentionnent sa bonne humeur, sa sincérité et sa franchise mais surtout sa générosité, son bon cœur et son amabilité.
Au-delà de ses qualités humaines, Fatma était reconnue pour sa compétence professionnelle ; Elle avait fait ses premières armes à la Direction de la Planification et du Développement Agricole avant d’intégrer rapidement le cabinet du Ministre de l’Agriculture, alors Lassaad Ben Osmane, en tant chargée de la Coopération Internationale durant près de 20 ans. Ses collègues parlent d’une « véritable militante, dame de fer », habile négociatrice, à l’occasion de ses multiples voyages en tant que chef de délégation, Fatma a été au cœur de toutes les négociations avec la FAO, l’IFAD et autres organisations.
Femme de terrain, elle a rapidement pu toucher du doigt la détresse des femmes rurales et s’est démenée pour que leur statut soit au centre des préoccupations du Ministère, c’est ainsi qu’on lui confie en 2001 la direction d’un Bureau d’Appui à la Femme Rurale créé au sein du cabinet ministériel et ce, jusqu’à son départ à la retraite.
Sa fidélité à des valeurs et sa franchise lui ont fermé certaines portes et créé des obstacles dans ce qu’elle entreprenait mais sa persévérance et sa passion pour son métier lui ont permis de concrétiser de nombreux projets pour sa plus grande satisfaction et l’intérêt des causes qu’elle portait.
C’est avec cette même détermination qu’elle a combattu la maladie avec un rare courage et une grande lucidité mais également avec une grande générosité ; malgré l’intensité de ce qu’elle endurait elle s’inquiétait d’abord de la fatigue et de la souffrance de ses proches.
S.L
