4ème fin d'année, 4ème rentrée ... Quoi de neuf Docteur !!
Nous voilà à la fin d’une année scolaire et universitaire, les uns euphoriques, les autres beaucoup moins et la majorité soulagée de pouvoir enfin profiter en paix des vacances, du soleil, du repos, de la mer et des festivités. Nous voilà aussi à une clôture ne faisant qu’annoncer le retour en galop d’une nouvelle rentrée qui ne tardera de nous surprendre, une fois réveillés de l’hypnose de la coupe du monde, de Ramadhan, de l’Aid et du congé estival.
Dans deux mois et demi, les établissements scolaires avec leurs équipes administratives et pédagogiques, devront être prêts à recevoir les jeunes apprenants. L’accueil aura certainement lieu, mais et surtout, comment, dans quelles conditions et avec quels moyens ces établissements assureront-ils leurs nobles missions??
Dans deux mois, nous allons être pris au dépourvu par le mois de septembre !! Il serait peut être judicieux, et afin de ne regretter encore une 4ème année scolaire sans plus à noter, de commencer dés à présent à repenser sur des questions qui reviennent à chaque rentrée depuis déjà trois ans: Que faire, comment et qui devrait être mobilisé, pour assurer une année scolaire convenable pour chaque apprenant Tunisien, Trois ans après la révolution de la dignité??
Il est aussi utile, et comme à toute fin et tout début de processus ou d’ événements, de marquer une petite pause dans le temps, de regarder un peu en arrière, d’observer l’état actuel de la question et de se projeter dans l’avenir, pour pouvoir diagnostiquer, analyser et essayer d’améliorer. C’est exactement cette même démarche que l’on devrait adopter au début de ce mois de juillet 2014.
Arrêtons nous un moment, et revoyant un peu ce qui a été accompli lors des trois dernières rentrées et au cours des années scolaires précédentes. En effet, et à l’occasion de toutes les rentrées d’après la révolution, nous avons connu une extraordinaire vague de solidarité et de conscience patriotique qui a touché presque tous les citoyens tunisiens. Ceci a permis, certes, d’aider pas mal de familles à surmonter les dépenses excessives d’une telle occasion annuelle, d’offrir à plusieurs enfants et jeunes la possibilité d’aller en avant dans leurs études, comme cela a redonné de nouvelles charges d’espoir et de patience aux moins chanceux d’entre nous, ceux qui aspiraient depuis la révolution à un avenir meilleur. Ces actions de solidarité et d’assistance logistiques se sont concrétisées à travers des centaines d’associations engagées spécifiquement dans les domaines de l’éducation, de l’enfance et de la jeunesse, mais éparpillés méthodologiquement. Jusque là, nous pouvons dire que le bilan, en termes d’engagement des citoyens en énergies et en fonds, est plutôt positif, ce qui est plutôt réjouissant et prometteur.
Cependant, il y a lieu de se poser plusieurs questions et d’adresser les mêmes interrogations à tous les citoyens engagés et à toutes les associations actives pour une meilleure éducation : Sur la base de quel type de diagnostics, ces actions ont-elles été décidées et déployées?? A-t-on pris connaissance de tous les problèmes et de toutes les contraintes qui ralentissent et entravent une mission annuelle d’enseignement acceptable?? A-t-on détecté les besoins multiples et diversifiés pour profiter d’un enseignement correct et digne?? Une fois la rentrée dépassée et bien assurée en terme de fournitures, cartables, livres, tabliers, vêtements de ville et de sport,…etc, quel suivi a-t-il été offert aux établissements ciblés?? A-t-on pensé au minimum de moyens pédagogiques mis à la portée des enseignants?? A-t-on fait attention en plein canicule du mois de septembre aux vitres cassés, aux fenêtres et portes qui ne se fermeront pas en hiver, aux toilettes inexistantes ou dépourvues d’eau?? Sommes nous surs que ces élèves comblés par des fournitures neuves pourraient bien atteindre leurs établissements éloignés par des moyens de transport publics sécurisés?? Leurs parents ont-ils les moyens de leur payer leur transport scolaire??
Il faut dire que tout le monde est conscient du rôle à jouer par la société civile dans le domaine scolaire et éducatif.Une bonne nouvelle est venue s’ajouter depuis la fin du mois d’avril, lorsque le ministère de l'éducation a annoncé l’intention de lancer l'action "une association pour un établissement scolaire". Ceci est une très bonne initiative de laquelle la société civile devrait bien profiter pour exhausser ses objectifs tout près des institutions scolaires, tout en gardant l’œil ouvert sur le projet et son exécution afin éviter toute récupération politique.
A ce stade, je me permets d’exprimer un souhait, un rêve, c’est de voir naître en Tunisie un réseau associatif fort, harmonieux, bien structuré et surtout bien gouverné et géré afin que les effets des volontés, des dons et des actions caritatives et nobles dans le domaine éducatif, soient le mieux ressentis, équitablement et efficacement, dans toutes les régions de la république.
Pour cela, il faudrait que les associations les plus sérieuses, les plus neutres, les plus actives et les mieux structurées dans le domaine, prennent les guides pour lancer, coordonner et piloter un tel projet. Bien heureusement, il existe au sein de la société civile, certaines structures associatives de tailles et avec des moyens relativement importants par rapport aux centaines autres associations éparpillées sur tout le territoire nationale. On pourrait citer, loin de toute exhaustivité, à titre d’exemple et à titre d’appel à mobilisation, l’association «Al madanya», l’association «Rev-educ», «éducation&Emploi», «Educpartage», «Ayedi Arrahma», «Un enfant, des souries» …
De ces associations, comme de toutes autres qui œuvrent pour un système éducatif meilleur, une initiative devrait être prise et un comité de pilotage devrait être formé pour qu’un projet important soit lancé, celui de la structuration et de l’homogénéisation des actions axées sur l’éducation.
Le projet commun qui serait lancé, mis en œuvre et géré par ce comité de pilotage pourrait tourner autour de certaines idées sur lesquelles, plusieurs citoyens actifs et engagés pour l’éducation, cautionneraient et seraient prêts à mettre place.
Tout d’abord, il faudrait à mon sens, créer un événement afin d’échanger et communiquer autour des différentes expériences et créer par la même occasion un réseau inter-associatif pour l’éducation. Des workshops pourraient aussi être organisés pour détecter et cerner les axes de travail principaux autour desquels convergeraient toutes les associations participantes, selon une vision et une stratégie communes.
Ensuite, le comité devrait coordonner et piloter le projet qui visera à généraliser les axes et la stratégie convenus, sur le plus large spectre possible, impliquant le réseau inter-associatif créé, de sorte à assurer, non seulement le nécessaire pour une rentrée scolaire réussie sur toute la Tunisie; mais aussi pour mettre en œuvre des processus de suivi annuels permettant de détecter et satisfaire en permanence, les besoins des apprenants, des enseignants et des établissements.
Pour cela, et dans une vision d’amélioration continue, les mêmes cellules devraient naître dans toutes les associations pour travailler par exemple sur les questions de transport scolaire, de disponibilité et efficacité des supports pédagogiques, d’entretient et de construction des locaux, de visite de suivi au près des élèves et instituteurs, de création et financement des clubs (musique, peinture, sport, danse, environnement, citoyenneté, …), d’organisation et de financement d’événements dans les écoles,… etc.
On dit qu’il n’est pas interdit de rêver, et je dirais, qu’il est interdit de ne pas rêver. En attendant des jours meilleurs pour notre système éducatif, il faudrait commencer à prévoir et réfléchir, mais aussi à exécuter ce qui est faisable, dans le cadre du respect des lois et des prérogatives accordées aux associations.
Se considérer citoyen, c’est humble, mais l’être réellement, c’est encore plus honorable. Notre pays est en période de gestation de plusieurs projets de révision et d’amélioration, et en cette période de pré-accouchement, le rôle de la société civile engagée pour l’éducation est très important: il s’agit du rôle du toubib accompagnateur sur tous les plans, qui mènera progressivement, doucement et surement à la naissance du prochain nouveau système éducatif efficace, avec tous ses axes, logistique, pédagogique et méthodologique.
Feten Mkaouar Meziou
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