Tendance - 29.06.2012

Amor Abadah Harzallah La photo, en passion… totale

Depuis son jeune âge, il est toujours photo. Du temps de l’argentique en noir et blanc, puis la couleur, comme désormais avec le numérique, Amor Abadah Harzallah, 61 ans, se donne à fond à sa passion. Entièrement. Non seulement prendre (et développer  jadis) des photos, mais aussi collectionner tout ce qui peut se rapporter à la photo : appareils, agrandisseurs, optiques, négatifs, films, projecteurs, albums, vieilles photos, livres… Rien n’échappe à sa curiosité. En collectionneur accro, il n’hésite pas à acheter ce qui lui tombe sous la main de significatif.

C’est ainsi qu’il se retrouve aujourd’hui avec pas moins de 800 appareils photo, 4 000 cartes postales de valeur, un album photo en version unique, datant de 1903, avec 60 photos 18x24 prises lors de la visite à Tunis du président français Emile Loubet et plein d’autres pépites.

Que compte-t-il en faire ? «Un petit musée de la photo que je compte faire construire à Skanès (Monastir) et le dédier, avec une galerie spécialisée, à ce grand art, dit-il. Nous avons non seulement le devoir de préserver cette mémoire, mais aussi d’encourager les jeunes générations à s’y inscrire et l’enrichir ».
Amor est en effet ravi de l’éclosion de jeunes talents à la faveur du numérique, des réseaux sociaux et surtout de la révolution. «Dans cette grande profusion d’images où chacun devient à sa manière photographe, témoin, artiste et militant, on découvre de vrais talents prometteurs. Il suffit de les encourager, de les soutenir et de les inciter à aller encore plus loin dans l’expression de leurs talents ».

Les différentes écoles de beaux-arts, cinéma et photo contribuent utilement à l’affirmation de ces jeunes talents. Mais elles doivent enrichir leur formation par une connaissance plus approfondie de l’histoire de la photo en Tunisie, de ses appareils ancestraux et de ses techniques, alors rudimentaires, pour mieux comprendre les fondamentaux. Montrer tout cela concrètement sera instructif.

C’est d’ailleurs l’un des objectifs du musée qu’il projette d’aménager. Pour le moment, il ouvre une petite galerie chez lui, dans la banlieue sud de Tunis, monte des expositions un peu partout, donne des présentations, participe à des rencontres, redoublant d’initiatives, maintenant qu’il a pris sa retraite du service photo à l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP), après 37 ans de service.

Festivals, guerre de Somalie, attaque de Gafsa et partout : chasser l’insolite

A peine lycéen à Monastir, Amor Abadah Harzallah s’était inscrit au club photo de la maison des jeunes, découvrant chaque jour encore plus les secrets de cet art. Des nuits entières, il les passera dans la chambre noire, à développer et à tirer les images qu’il prenait durant la journée. Puis, inscrit au Lycée de Grombalia, il y créera lui-même un club photo. Cette passion le poursuivra pendant ses études supérieures en Belgique où il devait, à l’origine, faire architecture, mais bifurquera rapidement vers la photo.

De retour en Tunisie en 1977, il parviendra à se faire recruter à l’Agence TAP, le plus grand service photo, lui permettant de s’exercer sur divers registres. Il fera du reportage d’actualité politique, couvrant les activités officielles, mais donnait sa préférence aux manifestations culturelles. «Un vrai bonheur, dit-il, que de pouvoir couvrir les festivals, les expositions et les divers évènements artistiques ».

Le reportage l’enverra, cependant, en Somalie, avec les Casques bleus tunisiens. Il y vivra les frayeurs de la guerre et en ramènera un reportage qu’il mentionne aujourd’hui fièrement. Il sera aussi le premier photographe autorisé à s’introduire à Gafsa, en janvier 1980, lors de l’intrusion d’un groupe insurrectionnel poussé par Kadhafi. Mais autant il aime chasser le scoop, autant il adore traquer la photo insolite, l’expression exceptionnelle.

Amor avait pensé, dès 1980, créer avec des confrères, une association d’artistes photographes. L’autorisation ne lui avait jamais été accordée. Il lui a fallu attendre la révolution pour, finalement, constituer en 2011 l’Union des artistes photographes. Affiliée à diverses organisations arabes et  internationales, elle ouvre désormais la voie à ses adhérents de participer à de grandes manifestations de par le monde. Le musée et l’Union l’occupent aujourd’hui pleinement. L’essentiel pour lui est de se rendre utile. Sans renoncer à sa passion de prendre des photos.

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