News - 10.04.2012

Quand Hamadi Jebali cherche à rassurer et à se rassurer

Dans les clameurs provoquées par les violences  policières contre les manifestants de l’avenue Habib-Bourguiba  à Tunis, ce lundi, à l’occasion de la commémoration des évènements du  9 avril 1938, le meeting  présidé par Hamadi Jebali, le même jour, est passé inaperçu.

Pourtant, l’évènement mérite qu’on s’y arrête, ne serait-ce que pour son aspect  inédit à plus d’un titre. Par l’emplacement choisi (c'est la première fois qu'un meeting se tient au carré des martyrs, un lieu propice au recueillement plutôt qu'aux harangues)  ; par son caractère partisan : le choix des invités, pour la plupart des militants d’Ennahdha  et  la présence remarquée  de "chauffeurs de salle" ainsi que le choix de thèmes à forts relents politiques : « Le peuple n’acceptera  pas que les rescapés du régime déchu qui ont été évincés par la porte, reviennent par la fenêtre » ; « la porte de la réconciliation reste ouverte  [pour les hommes d’affaires impliqués avec l’ancien régime], mais uniquement après avoir rendu des comptes » ; « la révolution ne peut être vendue pour de l’argent, ni par des subterfuges ». Au passage, il salue les institutions militaire et sécuritaire « pour leur loyauté envers le peuple et la patrie ». Le  caméraman fait un gros plan sur le général Ammar, présent au côté des  membres du gouvernement, qui acquiesce.

A priori, ces propos frappent par leur incongruité, si l’on tient compte du lieu du meeting et les circonstances dans lesquelles ils ont été tenus. Pour mieux les saisir, il faut les placer dans leur contexte. Le bateau fait eau de tout côté avec la poursuite des mouvements sociaux même si on enregistre une baisse des grèves au cours du premier trimestre, la hausse de l'inflation qui a dépassé les 5% pour le deuxième mois consécutif et les heurts entre les manifestants et la police sur l’avenue Bourguiba à Tunis alors que l’inaptitude du gouvernement à résoudre cette quadrature du cercle que constitue le chômage est devenue criante. Le ton décidé, offensif et parfois agressif du chef du gouvernement provisoire est destiné, de toute évidence, à la fois à rassurer une bonne partie de la base du mouvement qui reproche au gouvernement son laxisme face à l'opposition et ses concessions sur certains points comme la charia,  et en même temps à se rassurer, car il est bien évident que le moral n'est pas au beau fixe du côté de Montplaisir devant l'accumulation des échecs.

Sur un autre plan, on peut regretter cette interpénétration entre l’Etat et le mouvement islamiste, dont le meeting du lundi est une éclatante illustration. Rien n’offusque plus Ennahdha  que le parallèle que ses adversaires établissent entre cette pratique et celle du défunt RCD. Elle ne doit s’en prendre qu’à elle-même. Car en persistant dans cette voie, elle ne fait que donner prise à ces accusations.


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3 Commentaires
Les Commentaires
MOUSSA NAAMA - 11-04-2012 06:09

bravo m jebali rabi maak et aussi m laryedh ali vos decisions sont justes...rabi safi wa yehdi nas

RYDDEB41 - 11-04-2012 08:18

SOURIRE COMERCIAL

Citoyenne - 11-04-2012 15:20

Quel hyatus entre les paroles et les actes!...

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