Réponse à l'article intitulé « Tunisie : A propos du G8 qui veut nous prêter de l'argent… »
Au moment où la Tunisie fait l’objet de tant de manifestations de respect et d’admiration et de dispositions et engagements de la part de ses partenaires, il est important de poser les vrais problèmes, sur la base d’informations justes et fiables, pour être en mesure de relever les défis qui se posent à notre pays pendant cette phase si prometteuse de sa reconstruction post-révolutionnaire. L’un de ces défis concerne l’accès de notre pays à l’aide internationale. A ce propos, la thèse développée par l’article de M. Mohamed Balghouthi intitulé « Tunisie : A propos du G8 qui veut nous prêter de l’argent… », paru dans l’édition du 15 Juillet 2011 d’Espace Manager est selon moi basée sur un certain nombre d’inexactitudes et de contre-vérités qu’il me parait important de souligner, notamment:
1. L’auteur dit: « J'ai consulté la banque mondiale, le FMI ainsi que d'autres organismes pour avoir des données sur le PIB, la dette, la balance courante, etc... Une surprise de taille m'attendait : aucune donnée sur la dette des pays du G8 sur les sites précités ». Cela est inexact. Les sites référencés contiennent un grand nombre de données et d’indicateurs précis relatifs aux dettes (publiques et non publiques) de tous les pays du monde y compris ceux du G8. Il suffit même de consulter Wikipedia pour avoir des détails sur la situation d’endettement des Etats-Unis par exemple ainsi que de chaque autre pays du G8.
2. L’auteur écrit: « La dernière ligne, celle du total, montre clairement que le G8 est insolvable ». Cela est erroné car la solvabilité d’un pays ou d’une entreprise ne se mesure pas par le montant total des dettes ou par le ratio d’endettement. La solvabilité tient compte de bien d’autres facteurs qui ensemble évaluent la capacité de l'emprunteur à s'acquitter de ses dettes.
3. L’auteur indique: « Mais heureusement qu'il y a les agences de notations américaines pour mettre un triple A aux pays du G8 ». Une telle affirmation est trompeuse car si effectivement la notation (Standard & Poors) est AAA pour la France, l’Allemagne, le Canada et les Etats-Unis, elle est AA- pour le Japon, A+ pour l’Italie et BBB pour la Russie. Contrairement à ce que voudrait laisser entendre l’auteur de l’article, ces notations n’évaluent pas le montant des dettes ou le degré d’endettement d’un pays, mais la capacité de ce pays à s’acquitter de ses dettes. C’est pour cette raison que bien qu’ils soient bien plus endettés, les pays comme l’Inde, la Roumanie, le Maroc, l’Egypte, le Portugal ou la Tunisie ont pourtant pratiquement la même notation (BBB) que la Russie dont le taux d’endettement (dettes/PIB) n’est que de 9,5%. De la même façon, le Nigéria qui est un pays producteur de pétrole et qui est donc très peu endetté (ratio dettes/PIB de seulement 3%) a la notation B+, bien inférieure à celle de tous ces derniers pays.
4. L’auteur signale: « le G8 qui n'a pas d'argent va emprunter à la finance familiale oligarque à 1%, puis nous prêter à 7%, se faisant ainsi 6% sur notre dos ». Cela est totalement faux. A titre d’exemple, aucun des tout récents prêts (totalisant 1,35 milliards de dollars) accordés à la Tunisie par la Banque Mondiale, la BAD, la Banque Européenne d’Investissements (BEI) et l’Agence Française de Développement (AFD) pour mettre en œuvre son programme d’urgence économique et sociale, n’a un taux d’intérêt dépassant les 3-4%.
5. L’auteur écrit : «En effet, les prêts sont conditionnels et le préteur exige certaines garanties pour limiter le risque et récupérer rapidement un retour sur investissement : Politiques d'Ajustement Structurel, ouverture des marchés (droits de douane à diviser par 2 selon une préconisation du FMI publiée dans son dernier rapport à propos du "printemps arabe"), augmentation de la TVA et diminution sur les impôts des IDE onshore et offshore, importation et culture de soja et de mais (transgénique ou pas) au détriment de nos cultures fourragères, signature de mise en conformité avec les règles de l'OMC pour rationaliser l'agriculture,... ». Il s’agit là de bribes d’informations qui sorties de leur contexte donnent une image tronquée et déformée de la réalité. Pour ne citer qu’un exemple, si l’on se réfère par exemple aux prêts indiqués ci-dessus, il faut se rendre à l’évidence que ceux-ci ne sont liés par aucune condition préalable imposée par l’organisme prêteur. Ils ont été accordés pour être déboursés en une tranche unique sur la base des composantes du programme de transition socio-économique qui ont été totalement définis pas les experts et cadres tunisiens et acceptés tels quels par nos partenaires économiques et financiers.
6. L’auteur écrit : « Un vrai partenariat avec le G8 passe en priorité par une consolidation de nos entreprises Tunisiennes (publiques et privées), ensuite par un maillage entre les PME Tunisiennes et les PME du G8, avec un partage de la valeur ajoutée ». A titre d’information, sur demande du Gouvernement tunisien, un prêt de 100 millions $ de la Banque Mondiale et de la BAD destiné précisément aux PME tunisiennes est en cours d’approbation. Il sera mis à la disposition des banques de la place sous la coordination de le la Banque centrale.
Ce qui me parait plus grave encore est que cet article projette une image erronée des compétences tunisiennes. Implicitement, il laisse entendre que nos experts, spécialistes et cadres responsables se laissent généralement manipuler pour accepter ce que les fonctionnaires des pays du G8 chercheraient à leur imposer. En connaissance de cause, je peux affirmer que cela est loin d’être le cas.
Salah Darghouth
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je suis tout à fait d'accord avec vous!! Il faut se méfier de certains experts ou plutôt qui prétendent être experts et qui n'ont pas une opinion objective et essayent de diffuser certaines idées et idéologies!!! ATTENTION
L'article en question, "Tunisie: A propos du G8 qui veut nous « prêter » de l'argent..." se trouve au: http://www.espacemanager.com/chroniques/tunisie-a-propos-du-g8-qui-veut-nous-preter-de-l-argent.html
" Si l’on se réfère par exemple aux prêts indiqués ci-dessus, il faut se rendre à l’évidence que ceux-ci ne sont liés par aucune condition..." Effectivement,ceux qui ne comprennent pas le tort exercé par l'influence que gagnent les fonds internationnaux sur la décision économique du pays, par l'intermédiaire des mercenaires qu'ils arrivent ainsi à porter aux commandes économiques dupays, ne ressentent pas lespolitiques suggérées comme des conditions contraignantes,mais comme des directives salutaires. Il est trés probable que ces personnes ont ainsi contribué au "miracle économique Tunisien" sous ben Ali et qu'elles entendent aujourd'hui prolonger ce "miracle".
Voici le droit de réponse de Mohamed Balghouti à ce texte ici : http://dettetunisie.over-blog.com/article-droit-de-reponse-de-mohamed-balghouti-a-salah-dargouth-79874680.html Nous remercions Leaders de permettre un débat sur ces questions primordiales pour la Tunisie.
Bonjour Messieurs les responsables de Leaders. Je viens de prendre connaissance de l'article de Monsieur Darghouth qui publie une critique acerbe sur un de mes articles paru dans un magazine qui n'est pas le votre. Ce qui me surprend, c'est que ce "droit de réponse" ai pu être publié dans sur vos colonnes alors que l'article concerné n'est pas accessible dans votre journal. Je trouve ce procédé curieux. Je tiens à vous rappeler en l'occurrence votre devoir d'impartialité. En conséquence, j'exige un droit de réponse dans un délai n'excédant pas 48 h compte tenu du caractère tendancieux, erroné (je suis en mesure d' en fournir les preuves) , et insultant à mon égard. En attendant votre réponse que j'espère rapide, Je vous transmet mes cordiales salutations Mohamed BALGHOUTHI
Merci si Salah pour avoir pris le temps d'éclairer et de remettre les choses à leur place; surtout par ces temps où certaines personnes cherchent à se montrer, même parfois au prix de monsonges; le plus grave c'est que ces personnes ne sont parfois pas,conscientes de la portée de leurs actes.
Cher Monsieur Darghouth, je considère le débat instauré entre votre critique et l'article de Monsieur Balghouthi très pertinent, moi qui est tunisien conscient de l'enjeux financier des prochaines décennies mais pas expert en la matière. je voudrais quand même souligner, malgré les informations vagues et parfois non précise dr Mr. Balghouthi, qu'il est très important d'analyser les enjeux de ces crédits externes avec beaucoup de rigueur et d'attention. Vous dites dans votre article : " la Tunisie fait l’objet de tant de manifestations de respect et d’admiration et de dispositions et engagements de la part de ses partenaires ", je trouve ce regard trop idéaliste et ne reflète en aucun cas la réalité de ce monde gouverné par l'avidité et le profit maximal. Il m'est très dur de penser que le seul intérêt des pays du G8 serait d'aider la Tunisie si généreusement. Un exemple concret de ce qui ce passe quotidiennement, la chancelière allemand qui, d'une part, fait des discours impressionnants sur les vagues révolutionnaires qui se propagent dans les pays arabes, et combien il est important de l'aider dans leur transition démocratique, d'autre part vend des tanks "dernier-cri" à l'Arabie Saoudite ou encore des armes au régime dictateur de l'Angola. Tout cela pour dire que si les pays du G8 proposent des crédits si généreux à la Tunisie, c'est pour satisfaire leurs propres intérêts avant tout. ce que je trouverais très intéressant, c'est votre critique envers l'article paru au Leaders qui s'intitule "Démystification des enjeux de l’Endettement Extérieur ", un article que je trouve très constructifs fournissant des plans rationnels pour éviter l'endettement! Merci bien de vouloir répondre.
Monsieur Darghouth. je pense que si ce n'est que pour commencer le debat, M. Balghouthi devrait etre felicite pour son courage et son sens patriotique qui l'a pousse a echanger son opinion sur un sujet brulant sur le present et surtout le futur de notre pays. Je ne vais pas rentrer dans les details de vos commentaires, mais j'aurai bien aime que vous nous eclairez sur l'opportunite de contracter des dettes a long terme par des Institutions et pays qui ont supporte l'ancien dicatateur jusqu'au bout, et qui se precipitent pour nous gaver de dettes afin de s'assurer que notre pays ne puisse trouver la formule necessaire pour un developpeent souverain a la hauteur de la seule revolution des temps modernes non initiee par la CIA. Avec tout mes respects.
si darghouth. pourquoi le gouvernement Egiptien a refusé ces prêts et ces dons des G8 ? 2) pourquoi vous insultez les gens qui ne portent pas des lunettes signés lumbruzo ? j'ai lu les articles (oui au pluriel ) de Monsieur Mohamed Balghouthi ;il n'a jamais avancé autre chose que des chiffres et des arguments LOGIQUES ;tandis que vous je n'ai lu que de la démagogie vague du syllogisme faux sans argumentation ! et surtout des insultes ! ! ! vous me rappeliez l'attitude du pharôn à son peuple envers l'argumentation de MOÏSE :< peuple vous n'avez le droit de voir que ce que je vois > ! ! !
Merci pour cet éclairage précis et ENFIN factuel , j'ai grand espour que vous refassiez l'execice que je m'empresse de relayer
