News - 11.06.2024

Rwanda: Le contingent tunisien face aux premiers massacres (1993)

Rwanda: Le contingent tunisien face aux premiers massacres (1993)

L’opération menée dans ce cadre, début décembre 1993, est absolument poignante. Suite au massacre qui a eu lieu dans la région de Murira, dans la nuit du 29 au 30 novembre 1993, le commandant Belgacem Mfarrej a été chargé par le général Dallaire d’effectuer des patrouilles dans la région du Parc national des volcans, à la recherche d’indices pouvant éclairer le commandement sur ce crime odieux. A la tête d’une patrouille composée de 12 militaires tunisiens, il a parcouru la zone pendant trois jours (3, 4 et 7 décembre 1993), faisant de macabres découvertes d’une rare violence commise contre des enfants et des jeunes. Des garçons, des jeunes filles et des enfants étaient morts d’étranglement, les filles violées. Une seule fillette, gisante, était encore en vie. Pour tenter de lui sauver la vie, le commandant Mfarrej s’empressera de l’évacuer à l’hôpital de Ruhengeri, mais elle décédera après 3 jours. Les scènes d’horreur vont se multiplier et s’étendre largement à travers le pays.

Un soutien précieux

La mission du contingent tunisien sera encore plus compliquée. Le soutien de l’état-major tunisien lui sera précieux. Le ministre de la Défense nationale dépêchera en effet, le 18 janvier 1994, une délégation militaire au Rwanda pour apporter le soutien logistique nécessaire au bon fonctionnement de la mission et s’enquérir des conditions de vie et d’opération. C’est aussi l’occasion d’assurer une relève d’effectifs portant sur une vingtaine de militaires devant regagner la Tunisie. Initialement composé de 60 militaires, le contingent sera réduit à 40 soldats. Conduisant cette visite, le colonel-major (R) Mahmoud Mezoughi en garde un souvenir vivace (Voir encadré). Il avait emmené avec lui des armes (fusils Steyr) et des provisions alimentaires qui s’avèreront très utiles dans les semaines à venir.

Déploiement à Kigali, à la veille du grand déclenchement

Dès le 12 février 1994, et après l’arrivée d’un détachement ghanéen déployé dans la zone démilitarisée, le contingent tunisien a été installé dans la capitale Kigali, où œuvraient deux autres contingents, le premier est belge et le second bengali.La mission confiée aux militaires tunisiens était d’assurer la protection d’un bataillon du Front patriotique rwandais (FPR),  et des chefs politiques dont l'actuel président du Rwanda Paul Kagame installéau Centre national de développement (CND), siège du parlement, conformément à l’accord d’Arusha. Ils devaient à cet effet contrôler les points d’accès et de sortie et ne permettre à aucun élément de ce bataillon de quitter les lieux, armés ou non, sans autorisation et escorte, en étroite coordination avec les observateurs militaires. En outre, le contingent tunisien devait installer des points de surveillance sur les toits de l’édifice, ainsi que tout le long de la clôture, pour empêcher toute infiltration et s’opposer à tout assaut. Et surtout, sécuriser l’installation du gouvernement transitoire à base élargie.

Situé non loin de la caserne de la garde présidentielle rwandaise (FGR) et à quelques encablures de l’aéroport de Kigali, le siège du CND occupait un emplacement stratégique, particulièrement exposé à des affrontements nourris qui ne tarderont pas à se déclencher.

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