Malek Ben Salah: Une Carrière au service de l’Agriculture Tunisienne
Par Rabâa Bensalah - Malek Ben Salah nous a quittés, le 24 Avril 2022. Il n’aura jamais cessé de publier des articles, et de proposer les réformes qui s’imposaient à l’agriculture tunisienne qu’il a servi avec une dévotion absolue pendant plus de 38 ans au sein du Ministère de l’Agriculture et puis durant ses 23 années de retraite.
Né le 29 Août 1938 à Tunis et diplômé de la 52ème promotion de l’INAT (1960), il rejoint dès le 16 Août de la même année le Ministère de l’Agriculture où il assura la direction de l’Etablissement d’élevage de Sidi Thabet. En1962, il partit poursuivre ses études à l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agronomiques Appliquées de Paris (ENSSAA) dans la spécialité Agriculture/Elevage. De retour en 1964, il occupa ensuite les postes de Chef d’arrondissement de la production du Nord-Ouest (Le Kef, Jendouba, Béjà, Siliana), de Chef d’arrondissement des cultures industrielles, de chef du Bureau d’études de la PAVA, de Directeur Général de l’Office de Mise en valeur de Nebhana. Nommé Directeur puis Directeur Général de la Production Végétale, il assura cette tâche pendant seize ans. Coordinateur d’un Projet Régional du PNUD concernant l’irrigation d’appoint des céréales de 1991 à 1996, il termine sa carrière comme Président Directeur Général de la Société des Courses, d’où il fit valider ses droits à la retraite le 1er Septembre 1998.
De part cette longue et riche carrière, Malek Ben Salah a largement contribué à poser les premiers jalons de l’agriculture tunisienne moderne de l’après indépendance et à mettre en œuvre des projets d’envergure nationale. Il a notamment joué un rôle de premier rang dans le développement des productions végétales (Grandes Cultures, Arboriculture et Maraîchage) dans les différentes régions du pays et l’introduction des solutions innovantes pour intensifier les systèmes de production agricole en Tunisie et mécaniser encore davantage le secteur.
En outre, il a mis en œuvre des programmes de renforcement des structures de vulgarisation et a conçu le système de vulgarisation agricole actuel basé sur les cellules territoriales de vulgarisation (CTV) qui ont été créées dans tous les gouvernorats du pays et qui ont permis d’améliorer les performances des filières agricoles.
En matière de défense des cultures, il a œuvré au renforcement du contrôle phytosanitaire par la création dans le cadre de projets de coopération du laboratoire de quarantaine et du laboratoire d’analyse des résidus de pesticides. Il a également mis en œuvre le plan de lutte antiacridienne lors de l’invasion des criquets pèlerins en 1987-1988 qui a permis à la Tunisie de faire face avec une remarquable efficacité à cette menace.
De surcroit, et dans l’optique d’une agriculture performante et durable, il s’est employé à promouvoir les bonnes pratiques agricoles concernant notamment les assolements, l’intégration de l’élevage dans les exploitations céréalières, l’irrigation, l’acclimatation des variétés fruitières etc.…On lui doit la rédaction de plusieurs référentiels techniques sur ces diverses thématiques sans compter les documents stratégiques et de planification des campagnes agricoles.
Après son départ à la retraite, il a continué à «parcourir le pays pour s’imprégner… encore et encore d’Agriculture» comme il le disait si bien et à écrire des articles pour inviter le monde agricole à réfléchir aux meilleures solutions pour «repenser l’Agriculture Tunisienne» et faire face aux multiples défis auxquels elle est confrontée (Changements climatiques, Sécurité Alimentaire, Durabilité des Systèmes de production, Morcellement des terres, Exode Rurale, Travail des jeunes, Restructuration des terres domaniales…)
Avec le départ de Malek Ben Salah, l’agriculture Tunisienne a perdu l’une de ses meilleures compétences. Paix à son âme, Que dieu l’admette au Paradis et qu’il le comble de son infinie Miséricorde.
Rabâa Bensalah
Chère Papa, Allah Yarhmek ou Ynaimek.
Tu as été un grand homme et tu le resteras pour l'éternité.
Merci de m’avoir appris le sens du devoir, du patriotisme, de la valeur travail, et merci d'avoir été un père admirable et un exemple à suivre.
Lire aussi
Décès de Malek Ben Salah, ancien directeur général de la production agricole
Malek Ben Salah : Lettre ouverte à Monsieur Le Président de la République
Malek Ben Salah : Vivre d’amour et d’eau fraîche … dans la Tunisie d’aujourd’hui
Malek Ben Salah: l’année prochaine commence maintenant !
Malek Ben Salah: Agriculteurs, Agronomes…, mes amis ! La main dans la main, sachons qui élire !
Malek Ben Salah: Quelle stratégie proposée pour le déconfinement des terres domaniales
Malek Ben Salah: A Bâtons Rompus avec les 4A (l’Agriculture, l’Aleca, l’Avenir et les Agronomes….)
Malek Ben Salah: Ecoutez nos campagnes, retournez à la terre !
Malek Ben Salah: L’agriculture est en péril Sauvons ce qui peut l'être… Le bilan se fera plus tard!
Malek Ben Salah : Le Collège Sadiki des années 1950… Une forteresse de la conscience du Tunisien
Malek Ben Salah-Inondations : comment tirer la leçon des erreurs du passé
Malek Ben Salah : Peut-on améliorer le pouvoir d’achat pour le Ramadan ?
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Allah yarhmek ya papa, un grand homme tu fut et un grand homme tu le restera pour toujours
Allah Yerhamou Si Malek était un grand commis de l’Etat, habité par le devoir du bien faire, bûcheur infatigable, rassembleur et visionnaire perspicace hors pair. Doté d’une très solide formation et d’une longue et riche expérience acquise sur les bancs de nombreuses et illustres institutions de formation et de recherche, dans diverses fonctions de conception, de planification et de gestion des politiques agricoles successives durant plusieurs décennies au Ministère de l’agriculture, puis auprès des institutions internationales en charge des lourdes questions de la production agricole, de l’alimentation et du développement rural, Si Malek s’était investi dans la recherche de solutions appropriées aux multiples contraintes qui handicapaient le développement agricole et rural. Pendant plus de vingt ans après son départ à la retraite, il n’avait pas cessé de continuer à analyser l’évolution de secteur agricole à l’aune des changements politiques, d’écrire et de proposer sa façon de voir les choses. Il avait beaucoup donné, mais il n’avait pas été toujours entendu dans le tumulte et les contradictions des visions sectorielles non intégrées et la préséance des options de court terme aux dépens des visions et stratégies de long terme qu’il défendait. Seuls sont ceux qui l’ont connu de près savaient apprécier ses qualités humaines, sa large culture et sa compétence qu’il avait mises au service du pays. Qu’il repose en paix.