Hedhili Chaouache, un intellectuel brillant et un militant tous azimuts
Par Professeur Mohsen Jeddi - A l’aube de cette nouvelle année Hedhili Chaouache nous a quittés. Notre peine est immense à l’a une des presque 70 ans qui se sont écoulés depuis notre première rencontre avec cet intellectuel brillant et ce militant tous azimuts.
C’est en effet dans les années 53-54 que j’ai connu celui que j’appelais Monsieur Chaouache ou Si Hedhili puisqu’il assurait les fonctions de surveillant d’internat au collège Sadiki de Khaznadar où j’étais pensionnaire.
De cette époque je garde le souvenir d’un «pion» qui était apprécié par l’ensemble des élèves pour son calme, sa gentillesse, sa modestie et surtout sa proximité avec les élèves. Tous le classaient parmi les surveillants plutôt gentils et sympathiques.
Quelques années plus tard, à la fin des années 50 et au début des années 60, alors qu’il était étudiant en histoire – géographie à la Sorbonne et que j’étais étudiant en médecine à Lyon, nous nous sommes retrouvés dans les congrès de l’UGET.
Nous militions pour un syndicat étudiant autonome, libre, démocratique et contre son inféodation totale au pouvoir.
C’est au cours de cette période que j’ai commencé à découvrir l’homme de conviction qu’il était, que j’ai apprécié sa parfaite connaissance du fait national, son engagement, l’étendue de sa culture et ses grandes qualités de débatteur.
En particulier je n’ai jamais oublié ses joutes oratoires lors du congrès National de l’UGET qui s’est déroulé au lycée de Carthage en Août 61 juste après les évènements de Bizerte.
Au fil de ces rencontres notre amitié est née et s’est forgée tout au long de ces années.
En Octobre 1961 Hédhili Chaouache est recruté comme professeur d’histoire-géographie au lycée technique de Sousse.
Le militant syndicaliste étudiant change alors son fusil d’épaule pour s’investir totalement dans les domaines de la culture et du droit humanitaire où il entreprit une œuvre colossale:
• Cinéclub
• Association des anciens élèves du Lycée de Sousse
• Société archéologique de Sousse
• Association de sauvegarde de la Médina
• Ligue tunisienne des droits de l’homme
• Amnesty international
Lorsqu’en Octobre 1970 avec mon épouse nous sommes rentrés définitivement en Tunisie en choisissant de venir à Sousse la première personne que j’ai eu le grand plaisir de retrouver fut Hédhili bien installé dans sa ville natale qu’il me fit découvrir avec beaucoup de passion tout en m’aidant à m’y insérer.
Ce fut le point de départ de plus d’un demi-siècle de rencontres d’échanges et d’amitié.
Hedhili Chaouache, cette grande et incontournable figure de Sousse qu’il fut devenu grâce à ses nombreuses activités dans différents domaines nous a quitté, mais son humanisme, sa jovialité, son sens de l’humour et également parfois ses très vives réparties, resteront longtemps dans la mémoire et dans le cœur de tous ceux qui l’ont côtoyé.
A sa famille nous renouvelons nos sentiments de compassion et de profonde sympathie en espérant que la part que nous prenons dans leur grande peine puisse être une petite consolation et un réconfort dans leur douleur.
Adieu l’ami.
Mohsen Jeddi
Professeur Emérite
Doyen Honoraire de la Faculté de Médecine de Sousse
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Je suis dévasté. J'ai connu Hedhili alors que j'étais lycéen à un congrès de l'UGET puis alors que j'étais pion à Khaznadar. Nous ne sommes jamais perdus de vue. Peu avant le Covid, je suis allé le voir à Sousse. Une inoubliable journée à remuer des souvenirs, nos réunions clandestines à Sousse pour lire des textes de la littérature de gauche! Il m'a fait visiter le musée de Sousse refait. Il ne manquait jamais de m'envoyer des voeux pour l'Aid et pour le Nouvel An. Condoléances à sa famille et à ses amis Adieu l'ami. Repose en paix: tu as tellement fait pour éclairer les jeunes de ce pays tant aimé!