Les colons israéliens prêtent main forte à l’armée d’occupation
Par Mohamed Larbi Bouguerra - La puissante armada que mobilise l’armée israélienne quasi quotidiennement contre un peuple sans armes vient encore de s’enrichir d’une nouvelle division. Ces recrues débarquent en Palestine en provenance de France, de Russie, des Etats Unis ou de Bessarabie (Moldavie et Ukraine). Ils reviennent chez eux, prétendent-ils. En vertu de la Bible. Ils n’ont pas hésité à assassiner Itzhak Rabin en 1995, pour leur avoir opposé que «la Bible n’est pas un acte de propriété.»
En 1967, le grand sociologue arabisant Jacques Berque écrivant sous le titre «Pour une solution du problème palestinien» allait dans le même sens que Rabin. Qualifiant la Palestine de «terre vénérable», il démontait déjà les arguments des colons quand il fait remarquer : «La Palestine était, depuis des siècles, de souveraineté musulmane et de population arabe en énorme majorité, quand, à la fin du XIXème siècle, elle devint un objectif territorial du sionisme….Je sais bien qu’il s’agissait d’une terre promise. Dieu se présumait derrière la récupération. Mais la théologie, la nostalgie de respectables souvenirs pouvaient certes fonder le sentiment ou le symbole, inspirer un retour aux sources, non pas constituer un argument temporel. Car s’il fallait révoquer un établissement millénaire au nom du droit antérieur, aucune assiette nationale ne tiendrait dans le monde.» Le professeur Berque évoque ensuite «les hideurs de Buchenwald» et ajoute: «Les Arabes n’avaient pas mis la main aux massacres de Hitler, non plus qu’à ceux de Titus*! Cet afflux que les [Arabes] avaient à subir….comment n’y auraient-ils pas vu, au moment même où ils ébranlaient les empires français et anglais, une autre forme de colonisation ?...C’était aux yeux des Arabes, un colonialisme absolu.» (Le Monde, 2 juin 1967).
Ce chancre de colonisateurs est encore vivant car Israël offre à ces nouveaux venus des logements bons marchés et une foule d’aménagements socio-financiers alléchants afin que la balance démographique soit en faveur de la population juive. Ils prêtent aujourd’hui main forte à l’armée d’occupation israélienne – qui souvent les protège lors de leurs équipées haineuses. Ils servent en outre la politique du Premier Ministre sioniste Bennett (Lire Haaretz, 29 septembre 2021) dans la mesure où ils œuvrent – à leur manière - à l’expulsion des Palestiniens de la terre de leurs ancêtres. Le gouvernement israélien n’est pas en reste, il prive de son côté certaines communautés palestiniennes d’eau, d’électricité et leur refuse des permis de construire poussant la barbarie jusqu’à détruire les panneaux solaires offerts aux bédouins par l’Union Européenne. Dans le silence des puissances du Vieux Continent.
L’éditorial suivant du quotidien israélien Haaretz (4 octobre 2021) met les points sur les i s’agissant des crimes des colons:
Israël doit s’occuper de ses terroristes juifs
«Il n'y a rien à propos duquel les Israéliens sont plus dans le déni que les crimes nationalistes commis par des Juifs, en particulier le terrorisme juif. Dans l'esprit des Israéliens, les terroristes sont toujours des Arabes, l'extrémisme religieux est toujours islamique et le racisme et la violence sont toujours les péchés commis par d’autres. Les Israéliens sont toujours les victimes - victimes de la terreur, victimes de la haine, victimes de l'antisémitisme.
Lorsque la réalité contredit l'opinion que les Israéliens se font d'eux-mêmes, la réponse du public est toujours la même : "C'était une exception à la règle". Lorsque les Israéliens agressent les Palestiniens, tuent, brûlent, tirent, persécutent, pillent, détruisent, volent, abusent et jettent des pierres, il s'agit toujours d'un incident unique qui n'est même pas enregistré dans les statistiques, et encore moins comme un phénomène très répandu. Ils sont toujours considérés comme des "mauvaises herbes".
Même aujourd'hui, alors qu’un petit garçon palestinien de 3 ans est hospitalisé pour traumatisme crânien… dont les auteurs sont des dizaines de colons masqués qui ont jeté des pierres aussi bien sur cet enfant que sur sa famille et d'autres habitants de son village, tout en vandalisant et en détruisant tout sur leur passage, dans une attaque qui ne peut être décrite que comme un pogrom. Mais, même aujourd'hui, placés devant de tels faits, les Israéliens ne se considèrent pas comme violents. Presque tous diront que cet incident….est non représentatif. La voyoucratie, la terreur, la violence et le nationalisme meurtrier sont toujours palestiniens. Dans ces conditions, le récent rapport de de notre journal sur l'augmentation des crimes nationalistes commis par des Israéliens contre des Palestiniens en Cisjordanie au cours des deux dernières années oblige les Israéliens à reconsidérer l'image qu'ils ont d'eux-mêmes. Lors d'une réunion à huis clos, les services de sécurité ont mis en garde les hauts fonctionnaires et les hommes politiques contre la montée des crimes nationalistes juifs. En 2019, 363 crimes de ce type ont été documentés en Cisjordanie. L'année dernière, ce nombre est passé à 507. Et au premier semestre 2021, il y en a déjà eu 416 - soit plus que le nombre de crimes nationalistes juifs pour toute l'année 2019 comme l’a rapporté Yaniv Kubovich. (Haaretz dimanche 3 octobre 2021).
La montée de la violence découle du fait que les contrevenants à la loi en Cisjordanie ont le sentiment que personne dans le système politique ne veut pas les affronter, car le faire pourrait entraîner un prix politique**. Mais Israël, en tant qu'occupant, est obligé de protéger les Palestiniens contre les colons plutôt que de protéger les colons lorsqu'ils attaquent les Palestiniens. La première étape pour faire face au crime nationaliste juif est de reconnaître son existence. Tout comme il existe des voleurs et des assassins juifs, il existe également des nationalistes juifs imprégnés de haine qui sont prêts à ignorer la loi. Il existe de dangereux extrémistes religieux juifs, des pogromistes juifs et aussi des terroristes juifs. Quant à la manière de les traiter, les autorités israéliennes n'ont sans doute pas de leçon à recevoir à ce sujet. »
Mohamed Larbi Bouguerra
* Empereur romain qui conquit Jérusalem en 70. Il détruisit la ville ainsi que le Second Temple, rapportant la Ménorah à Rome.
** Par exemple, faire chuter l’actuelle coalition gouvernementale
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