News - 06.03.2020

Amel Bouchamaoui explique la portée de l’accord de libre échange commercial entre la Tunisie et les Etats-Unis et avance des recommandations

Amel Bouchamoui explique la portée de l’accord de libre échange commercial entre la Tunisie et les Etats-Unis et avance des recommandations

Une battante qui n’a jamais lâché prise, Amel Bouchamaoui voit aujourd’hui son « grand projet » commencer à prendre forme. La résolution du Sénat américain enjoignant l’Administration Trump à engager des négociations avec la Tunisie en vue d’un accord de libre échange commercial lui procure une forte satisfaction. Mais, pour elle, tout ne fait que commencer.

Ancienne présidente de la Chambre de Commerce tuniso-américaine (AmCham), Amel Bouchamaoui s’était intensivement investie avec ses co-équipiers pour plaider en faveur de la conclusion de cet accord. Faisant inlassablement la navette entre Tunis et Washington, dans ces fameuses opérations ‘’Knock Doors’’, frappant à toutes les portes et mobilisant tous les amis de la Tunisie, connaît bien les avantages escomptés de cet accord. Aussi, à force d’en étudier le format type mais aussi les différentes versions déjà signées, Mme Bouchamaoui n’ignore en rien la marge de négociation possible, les règles prudentielles à s’assurer et la bonne préparation à entreprendre rapidement.

Plus encore, sa position au top management avec ses frères et soeurs du groupe familial HBG (Hédi Bouchamaoui Group), à la tête de nombre de ses filiales et au sein du conseil d’administration d’autres entreprises, l’autorise à s’inspirer des attentes réelles des opérateurs économiques tunisiens.

Interrogée par Leaders sur la portée de l’accord de libre échange commercial avec les Etats-Unis d’Amérique, le mode opératoire pour sa conclusion et les précautions à prendre, Amel Bouchamaoui a accepté de sortir de sa discrétion habituelle. Interview.

Quel est le périmètre de cet accord ?

C’est, généralement, un accord global qui couvre les secteurs de l’industrie, des services et de l’agriculture. Il traite également des questions diverses liées notamment aux règles d’origine, à la propriété intellectuelle, aux marchés publics, à la transparence, aux télécommunications, aux normes sociales et environnementales, à l’investissement, etc.

Quels bénéfices peut-il apporter ?

Cet accord présente divers avantages dans la mesure où il va propulser les investissements de manière générale mais surtout, pour la Tunisie, l’agriculture et le textile. En effet, dans le secteur agricole par exemple, la Tunisie, depuis plusieurs années, s’est orientée vers le marché américain pour ses exportations comme l’huile d’olives, le thon et autres produits. Ces exportations étaient réglementés par des quotas que la partie tunisienne ne pouvait dépasser. C’est ainsi que la partie tunisienne a dû faire du lobbying pour augmenter ces quotas afin de pouvoir exporter plus d’huile d’olive et du thon...

Cet accord vise généralement la mise à niveau industriel, les réformes et la coopération... Les Etats-Unis d’Amérique ont signé jusque là une panoplie d’accords notamment avec nos voisins directs le Maroc (depuis 2006), l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie, etc. Il s’agit pour nous de prendre en considération le contexte tunisien et essayer de ‘l’intégrer’ dans l’accord cadre car ce dernier offre de grandes opportunités qu’il faudra exploiter au mieux et dont les avantages pour notre pays seront directement proportionnels aux efforts consentis.

Quelles règles prudentielles adopter dans la négociation ?

On devrait œuvrer afin d’obtenir la suppression de pics tarifaires sur certains produits tels que le textile et l'habillement et certains produits agro-alimentaires.

Aussi, il convient de relever quelques défis concernant cet accord auxquels pourraient être confrontés les industriels tunisiens notamment une réglementation américaine très rigoureuse (en conformité avec les exigences du marché), un appareil productif sous- dimensionné par rapport aux gros volumes exigés par le marché américain ainsi que les coûts logistiques...

Tout cela doit être bien étudié et pris en considération dans l’élaboration du cadre conceptuel de cet accord…

Quelles recommandations feriez-vous aux négociateurs tunisiens ?

Lors de la mise en place de l’accord cadre, la partie tunisienne se doit de sauvegarder ou limiter les accès à certains secteurs sensibles pour la Tunisie tels que celui des phosphates, par exemple.

L’octroi de la priorité aux ressortissants tunisiens devrait-être accordé pour certains secteurs tels que la communication, la distribution etc.

En conclusion, l’accord en question doit- être le produit d’une série de réflexions devant viser les secteurs faisant l’objet de cet accord. Il devient impératif d’associer le secteur privé dans de telles négociations afin de pouvoir délimiter les clauses de cet accord.

Il va falloir travailler d’arrache-pied en vue d’obtenir un traitement différencié, voire même privilégié, qui tient compte du contexte tunisien - dans toutes ses formes-  pour un certain nombre de secteurs et de mener à bien les réformes de libéralisation liées à ces secteurs d’une manière réfléchie et progressive (en effet la libéralisation peut s’effectuer suivant un échéancier à convenir par les deux parties tunisienne et américaine).

Dans des expériences comparées, pareil accord prévoit des périodes transitoires après son entrée en vigueur pour mettre en application les mesures de libéralisation desdits secteurs. Et c’est important.

Lire aussi :Le Sénat américain engage l'Administration Trump à négocier un accord de libre échange commercial avec la Tunisie

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