Opinions - 06.12.2012

Le Changement du système Politique : Rêve et Réalité

La liberté est un droit pour tous.  Nous sommes tous nés libres et chacun avec un potentiel, une mission.
Originaire d’un pays, dont les racines du mal commencent dès les premières heures qui ont suivi son indépendance, je peux me permettre de partager à travers cet article que la Liberté a une voix, elle a une puissance et, personne ne peut éteindre sa flamme. Elle transforme les systèmes et suscite le changement.

En effet, l’histoire du Congo Brazzaville peut servir d’exemple pour éclairer les Forces démocratiques qui luttent pour la liberté et l’instauration d’un nouvel  ordre institutionnel démocratique et républicain.
Le Congo traverse à nos jours, une crise grave. Cette crise est d’abord politique, parce que les acquis de la, révolution n’ont pas été conservés. Elle est aussi morale, parce qu’il n’y a pas à la tête de la Nation congolaise, un homme d’Etat. Un homme d’Etat est celui qui garantit la liberté de son peuple. Il est le berger qui conduit son peuple. Il respecte les droits de l’homme et pense à l’avenir des générations futures. Mais, un homme politique placé à la tête d’une Nation pense au pouvoir, comment conserver le pouvoir. Il utilise tous les moyens pour se maintenir au pouvoir.

Les dirigeants congolais, devraient considérer l’État comme une représentation de la communauté nationale, des citoyens qui forment un peuple (Peuple Congolais), un ensemble de populations (les tribus et ethnies congolaises) vivant sur un même territoire, détenteur d’un pouvoir souverain qu’il exprime par un vote (élections libres et transparentes). Or, le Congo, en tant qu’Etat, n’est toujours pas encore une représentation forte, dynamique dans la mentalité collective, dans l’unité nationale. La mentalité politique congolaise est faite pour ruiner le pays, anéantir la Nation, affaiblir l’État, humilier la République.

A la faveur de la lutte politique et sociale, en raison des contradictions sociales, le peuple s’était retrouvé une fois encore, face à lui-même pour s’interroger, réfléchir et décider de la voie à suivre.

C’est en tenant compte de l’état de dégradation très avancé de la situation sociopolitique du pays et sous la pression du peuple qu’a été décidée la convocation de la Conférence Nationale Souveraine. Cette victoire fut le résultat d’un long combat mené par les forces vives du pays, avec pour objectif l’instauration d’un nouvel ordre démocratique. La Conférence Nationale Souveraine fut un grand moment dans l’histoire du Congo Brazzaville. Le Congo aspirait à devenir un pays d’Etat de droit, qui garantirait les libertés individuelles et collectives. La voie d’accès au pouvoir est désormais celle des élections et non celle des armes. De manière unanime, les violences politiques, les guerres civiles, les assassinats, les crimes économiques ont été condamnés et pardonnés.

Cependant, la Conférence Nationale fut un chantier inachevé, une occasion ratée. Pendant les Assises de cette instance, tout a été dit, sauf l’essentiel :
La place de chaque Congolais dans le Congo n’a pas été définie comme valeur  essentielle;
La Conférence Nationale Souveraine n’a pas non plus tracé la voie d’espérance pour  bâtir une culture démocratique dans un État de droit ;
Elle n’a pas coupé le cordon ombilical avec les racines du mal : la création des partis politiques sur la base des groupements ethniques ou régionaux. Ce même schéma fut celui qui avait conduit le Congo dans une guerre civile dès les premières heures qui suivirent l’Indépendance.
Les cinq mois de travail et les trois cents Actes et Décisions n’ont servi à rien. Ils ont largement évoqué la Démocratie sans vouloir  créer les conditions pour bâtir un vrai édifice de la vie politique congolaise : restaurer un ordre institutionnel démocratique et républicain.

Au sortir de cette Conférence Nationale Souveraine, et  après une période d’un an (1991-1992)  La Conférence Nationale Souveraine met fin au système Monopartiste et ouvre la voie au système Démocratique.
Des élections démocratiques furent organisées. Un Président de la République est élu au suffrage universel direct avec 61,32% des voix. Le Professeur  Pascal LISSOUBA, élu président de la République, va commencer son mandat présidentiel avec beaucoup d’handicaps malgré son expérience d’ancien Premier Ministre. En cinq ans d’exercice de son mandat présidentiel, le Président Pascal LISSOUBA, a eu cinq Premiers ministres et n’aura exercé son mandant de cinq ans que pendant deux ans seulement dans la paix.

• De 1992-à 1994, c’est la première guerre civile contre les Ninjas de Bernard KOLELAS du fait des alliances  politiques;
• 1995 -1996 : période de paix sociale relative ;
• 1997 : seconde  guerre contre la milice de Denis SASSOU.

Le 15 octobre 1997, le Président Pascal LISSOUBA quitte le Palais présidentiel sous les éclats des obus. La Démocratie est ainsi mise entre parenthèses. C’est de nouveau le retour du système brutal, policier , répressif et tyrannique dans le pays qui règne jusqu’à ce jour.

Fort de cette expérience douloureuse, il convient ici d’attirer l’attention de la classe politique des Forces du changement : Ne jouez pas avec le feu. Pour qu’un changement devienne un acquis, pour qu’un devienne réalité, il faut considérer
cinq clés :

1 - Mettre en place une société de justice pour tous afin de garantir les droits individuels et collectifs et l’égalité entre citoyens dans l’unité de la République
2 - Préserver l’unité nationale. L’unité constituera le fondement sur lequel reposera le développement du pays et la préservation des acquis.
3-Intégrer toutes les compétences de la nation dans un esprit de pardon et de réconciliation. La vengeance et l’exclusion appellent la violence. Ce serait mal faire.
4 - La liberté pour quitter l’ère du pouvoir policier qui fragilise le droit. Tous les droits de l’homme ;
5 - Enfin, respecter les alliances politiques pour garantir la stabilité des institutions et le développement du pays.

Au regard de ce qui précède, je peux, si cela est possible, conseiller à toutes les Forces du Changement, de tirer  les leçons de la douloureuse expérience  congolaise afin d’inscrire dans la durée, les acquis de la Révolution tunisienne.  La Conférence Nationale Souveraine a été un moment de rêve pour le peuple congolais qui voyait en elle l’avènement de son émancipation économique et sociale. Mais, certes, aveuglé par l’euphorie démocratique, les Forces démocratiques  avait sous-estimé le rôle et l’importance des libertés politiques dans un processus du changement.

L’instauration et l’approfondissement de la démocratie constituent des défis majeurs que doit relever aujourd’hui la Tunisie dans cette phase de la Transition démocratique.

Romain Bedel SOUSSA
Ancien Conseiller à la Présidence de la République du Congo,
sous le Régime du Professeur Pascal LISSOUBA,
Président démocratiquement élu du Congo

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