Khouloud Gharbi : Elle portait déjà Shems en elle
Elle avait longtemps hésité entre journalisme et droit, avant d’opter  finalement pour ce dernier. Un peu sur les traces de son père, Me  Mabrouk, avocat de renom, doublé d’un militant actif et indépendant de  la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Mais, Khouloud savait  d’avance qu’il ne s’agit pas pour elle de porter la robe et prendre la  succession du cabinet de son père, se voyant plutôt chercheure et  enseignante universitaire. Cette ambition, si elle n’est pas aujourd’hui  complètement réalisée, ne semble pas tarder à l’être bien qu’elle soit,  finalement, enrichie d’autres parcours qui ne la passionnent pas moins.
  
  Au lycée de Montfleury déjà, puis au Campus, Khouloud succombera à  l’engouement pour la lecture et les activités culturelles, s’imprégnant  particulièrement des grandes œuvres du cinéma. Elle réussira son mastère  en criminologie, poursuivant en parallèle des études de cinéma auprès  de Nouri Bouzid à l’EDHAC, tout en multipliant les voyages à l’étranger  pour participer à des universités d’été. L’année 2010 sera capitale pour  elle. Jeune épouse de Mehdi Gharbi (le frère d’Elyès et de Sami, tous  fils de feu Si Hassouna, l’un des pionniers de la publicité en Tunisie),  elle baignait déjà dans l’univers de la communication, lorsqu’elle  apprend l’ouverture du casting pour une nouvelle station radio dont le  nom n’était pas encore révélé. Khouloud était enceinte et avait convenu  avec son époux, sachant qu’elle allait avoir une fille, de la prénommer  Shems. Le casting sera concluant et elle sera lâchée en direct dès le  démarrage de la radio, avec une émission quotidienne «Beynetna». «Je ne  réalise pas encore toute la confiance qu’Amel Smaoui et Imad Ketata ont  placée en moi, dit-elle. Ma première décision fut de foncer de toutes  mes énergies et, ma deuxième, de ne pas changer le prénom de ma fille,  maintenant que la radio s’appelle Shems».
  
  Chaque jour de 14h à 15h30, Khouloud sera le mur des lamentations, le  confessionnal, l’ami intime à qui on raconte tout à la recherche de  réconfort, dans une grande psychothérapie médiatique. Il faut dire que  la radio s’y prête bien. L’émission cartonne. Début janvier 2011, la  grossesse de Khouloud arrive à terme, ce qui l’oblige, sur l’insistance  de son médecin, à garder la maison. 
  
  Elle sentait l’indignation monter depuis l’immolation de Bouazizi et la  révolution gronder. Frustrée de ne pas pouvoir être à l’antenne, elle  est collée, de chez elle, au téléphone et à la radio. Sa frustration  sera encore plus grande, le 14 janvier, tant elle aurait aimé être parmi  les siens dans les studios de Shems. D’ailleurs, très rapidement, dès  qu’elle donnera naissance à sa fille et passera les premiers jours de  rétablissement, elle reprendra l’antenne pour participer à la grande  reconversion de la station. «On se cherchait tous, mais on savait qu’on a  désormais une opportunité exceptionnelle pour faire de la vraie radio  et jouer pleinement notre rôle dans ces moments forts, dit-elle. «Du  coup, «Beynet’na», devient «Ma Beynet’nech ». On a gardé l’ambiance  intimiste, mais fait évoluer totalement le style ». 
  
  Puis, vint alors Studio Shems, cette grande aventure, chaque jour  renouvelée. Face à ses invités, Khouloud s’affirme de plus en plus,  prend de la bouteille, maîtrise mieux les ficelles du métier. Sous de  faux airs de méconnaissance des arcanes de la politique, jouant parfois  la candide, elle pose des questions, quitte à les reprendre sous  d’autres angles, en 360°, pour s’assurer que le message est bien compris  par ses auditeurs. Son ambition aujourd’hui est d’aboutir à de nouveaux  concepts encore plus attractifs, mais aussi de préparer sa thèse de  doctorat.
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