Drogue: est-ce la cote d'alerte?
Combien sont-ils en Tunisie ? Dix mille toxicomanes, cent mille, plus ? Le phénomène est-in en hausse vertigineuse, comme l’affirment certains ou en augmentation linéaire à petits pas ? Du coup, faut-il s’en alarmer ou juste s’en inquiéter?
Comment le savoir au juste, lorsque les sources ne sont pas concordantes et en l’absence d’un observatoire national spécialisé. Mais des indicateurs peuvent nous en fournir de premiers éléments, même s’ils ne couvrent pas toute la réalité. D’abord, le nombre de prévenus arrêtés et déférés devant la Justice : 1 319 affaires en 2011, totalisant 2 643 prévenus dont 1 710 consommateurs.
Mais aussi les quantités de drogue et de psychotropes saisies en 2011: 485,03 kg de résine de cannabis, 80g de cocaïne et 413 g d’héroïne. Les spécialistes affirment que 80% des quantités saisies étaient en transit vers d’autres pays. Quant aux comprimés de psychotropes et quantités de substances addictives saisies, elles s’élèvent à 8 575 unités. Aussi, 44 vols déclarés portant sur 58 093 comprimés dont 34 468 comprimés de Parkisol.
Les ratios internationaux publiés dans le dernier rapport de l’ONU mentionnent que 5% de la population adulte mondiale a consommé une drogue illicite au moins une fois en 2010. En rapportant ce taux aux 7,5 millions de Tunisiens adultes, cela aurait fait 375 000 personnes,
ce qui est très loin du compte, affirment les spécialistes qui situent le nombre des toxicomanes entre 10 000 et
11 000. Même si d’autres sources avancent une estimation de 70 000 personnes et plus, sans pouvoir le confirmer. Mais, un seul toxicomane, c’est déjà de trop.
Quel est en fait l’état des lieux ? Comment s’organise la lutte contre le trafic de drogue, la prise en charge des toxicomanes et la prévention ? Quel rôle jouent le ministère de la Santé et les autres départements concernés, notamment ceux de l’Education, de la Jeunesse et des Sports, des Affaires sociales et de l’Intérieur ? Où en sont les associations spécialisées et l’ensemble de la société civile ? Que dit la loi et faut-il la réviser ? La dépénalisation de certaines « drogues douces » est-elle envisageable ? Autant de questions posées dans ce dossier spécial. Enquête auprès des ministères, reportage à la Brigade antistupéfiants, interviews de médecins spécialistes et dirigeants d’ONG et analyses par des spécialistes tunisiens de grande renommée : le débat est lancé.
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