News - 16.09.2012

Une rentrée sous haute tension : ce qui est à craindre

La Tunisie retient son souffle, en cette grande rentrée, scolaire et universitaire, mais aussi politique, économique et sociale qui commence lundi, de peur de tourner le dos à son avenir. Les appréhensions sont nombreuses, alors que les raisons d’espérer sont minimes. Les graves incidents du vendredi à l’ambassade des Etats-Unis, soldés par 4 décès, près de 50 blessés et la décision du Département d’Etat de faire évacuer son personnel non essentiel, à commencer par 128 personnes parties dimanche, ont marqué un point d’orgue quant à la détérioration de l’état de la sécurité et la montée de la violence. 

 
Malgré les assurances réitérées de la troïka au pouvoir, tous s’interrogent, en Tunisie, comme à l’extérieur, sur la capacité de l’Etat à maîtriser la situation et à faire face efficacement aux attaques qui risquent de saper ses fondements. Les fronts sont multiples. Nous en citerons quelques uns à titre indicatif :
  • L’extrémisme religieux de plus en plus violent qui remet totalement en cause l’autorité de l’Etat,
  • L’errance politique, tous partis confondus, en l’absence de toute visibilité quant à la feuille de route devant conduire à la finalisation de la Constitution et l’organisation des élections,
  • La surenchère sociale, avec des revendications salariales poussées et souvent accompagnées par une demande à peine voilée de cogestion, mettant à rude épreuve l’entreprise, sa pérennité et sa compétitivité,
  • L’affaiblissement de l’administration de plus en plus plombée et dépossédée de son rôle-moteur dans la conduite de la mise en œuvre du programme du gouvernement et le maintien des services publics,
  • Le non-engagement des réformes profondes incontournables et l’enlisement des finances publiques dans des gouffres d'une profondeur abyssale comme le commerce extérieur et des régimes de retraites ainsi que la surcharge de la caisse générale de compensation.
Ni les questions sociales qui avaient été l'élément déclencheur de la révolution, ni la relance de l’activité économique ne sont prises en charge avec l’urgence et l’efficience requise ce qui ne fait qu’attiser les tensions et aggraver la situation générale dans le pays. Pendant ce temps, les politiques continuent à palabrer : pour se perpétuer au pouvoir pour ceux qui le détiennent, et s’y hisser, pour tous les autres, dans une véritable campagne électorale prématurée qui risque de se prolonger jusqu’à une année encore.
 
Le pays pourra-t-il supporter toutes ces tensions. Le prix à payer en sacrifices que tous devront finalement consentir risque d’être lourd. Seul un véritable sursaut national, consensuel, s’impose. Les hommes politiques sauront-ils se convertir en hommes d’Etat ? Les premiers lorgnent les prochaines élections, les seconds, surtout les prochaines générations.