Tunisair : de panne en panne, on va finir par ne plus s'en faire !
Simple coïncidence ou fréquence de plus en plus élevée ? A l’atterrissage du vol de Tunisair (TU 725) à l’aéroport de Tunis-Carthage en provenance de Paris, ce mercredi 8 août, à 13H, la voix de l’hôtesse, suivie de celle du chef de cabine, Sami Aouadi est aussi compatissante que reconnaissante. « En dépit de ce retard et des désagréments causés dont nous nous excusons auprès de vous, nous espérons que vous avez passé un bon vol. Nous vous remercions de votre compréhension, mais aussi de votre soutien ». Tout est dit. Prévu à 8H, le décollage n’a pu se faire que trois heures et demi après, vers 11h30, « en raison de vérifications techniques », apprennent à leur dépens les 146 passagers, essentiellement des touristes français et des familles tunisiennes de retour avec leurs enfants pour l’Aïd.
Des problèmes techniques, c’est compréhensible, même s’ils deviennent de plus en plus nombreux. Pas plus tard que la veille, mardi 7 août, les passagers du vol Tunisair à destination de Paris (TU 718), étaient restés figés dans la cabine, une heure durant, en attente du décollage, pour les mêmes motifs. Mais, au moins, ils en avaient été tenus informés, tous les quarts d’heure. Ce matin, à Orly Sud, la manière n’y était pas du tout.
La version des passagers est amère. Tenus de se présenter à 6h30, certains, venant de loin, comme cette jeune maman avec 3 bambins, était debout ainsi que ses enfants depuis 4h du matin, raconte-t-elle. Les formalités d’enregistrement et de frontières, accomplies, il fallait se diriger vers la porte A01 pour l’embarquement. Première surprise, à cette porte, point de salle d’attente, en raison de travaux de réfection. Il fallait donc faire la queue debout, dès 7H du matin, le décollage étant à 8H. Avec une rare insolence, comme on s’en rendra compte, un écran télé confirme que le départ sera à l’heure.
L’embarquement ne commence pas au grand dam de l’hôtesse des Aéroports de Paris qui ne savait plus où se mettre, cherchant elle-même à obtenir des précisions. Quant aux agents d’escale de Tunis, ils sont aux abonnés absents. Vers 8H, une première annonce d’un retard, pour les motifs déjà invoqués, sans prendre la peine de s’en excuser, et avec la promesse de donner d’autres précisions à 8H30. Entre temps, l’écran continue toujours d' afficher « départ à l’heure ». Quant au premier agent de Tunisair à se montrer, il ne le fera qu’à 8H15, balbutiant : « Ah bon, on ne s’est pas excusé ! Ah bon on n’a pas rectifié sur l’écran ! Ah bon… Moi, j’étais avec l’équipage dans l’avion ! Ah bon, ce n’est de notre faute s’il n’y a pas de salle d’attente à cette porte, allez vous asseoir dans une autre salle !». Le calvaire des passagers se poursuivra jusqu’à 11 heures et heureusement que le vol finira par décoller à 11H30. A bord, le chef de cabine, Sami Aouadi, redoublera d’amabilités pour consoler les passagers, fortement déçus, sans parler des fortement mécontents.
La version obtenue auprès d’une source locale de Tunisair à Orly est édifiante. « En atterrissant mardi soir à bord du même appareil à Paris, un problème technique a été identifié et l’Agent d’Air France en charge de l’assistance l’a signalé à l’équipage tout en le notifiant à ses collègues qui le relayeront tôt le matin. On savait d’avance qu’il y avait problème et que le vol ne sera pas à l’heure. D’ailleurs, l’équipage aurait pu rester à l’hôtel, mais a préféré, quand même se rendre à Orly. Commencera lors un conflit d’interprétation de la panne. A Tunis, les spécialistes de Tunisair ont des doutes sur le diagnostic de leurs collègues français et réclament qu’on leur envoie les éléments techniques pour examen. Evidemment, cela prendra du temps. Finalement, ce sont les techniciens de Tunisair qui ont eu raison (la compagnie nationale compte sans aucun doute d’excellentes compétences et capitalise une expertise incontestée) et le vol a pu décoller… après trois heures et demi de retard et tous les désagréments causés.
« Nous ferons de notre mieux, réitèrera un membre de l’équipage. Avec la forte sollicitation de nos appareils en ces temps d’Aïd, de vacances et de rentrée, il faut s’attendre à d’incontournables retards pour des vérifications techniques, et il va falloir s’y faire. Merci de votre soutien. » Sans le dire clairement, il ne cache pas que le pavillon tunisien est bien fragilisé par nombre d’incidents de divers natures et en appelle donc au sens du devoir national pour continuer à voyager sur Tunisair. Lui au moins, il sait parler aux passagers et faire vibrer leur fibre sensible.