La politisation des mosquées : où va-t-on ?
Les mosquées vont-elles se transformer en champs clos des rivalités religieuses. Car il ne se passe pas un jour sans que des heurts n’éclatent entre groupes rivaux à l’intérieur des salles de prières. On l’a vu d’abord à Jendouba, Sfax, Sousse, dans la vénérable mosquée de la Zitouna dont l’imam autoproclamé, un certain Houssine Labidi défie à lui seul l’Etat, et tout récemment à Béja où des militants d’Ennahdha et des salafistes en sont venus aux mains.
Voilà ce qu’il coûte d’avoir introduit la politique dans les lieux de culte. Encouragés par l’impunité, pour ne pas dire la mansuétude dont ils n’ont cessé de bénéficier de la part des autorités, des milliers de salafistes de toutes obédiences ont investi les mosquées, expulsé les imams et même les muezzins pour les remplacer par leurs hommes lesquels n’ont cessé depuis de prêcher un islam agressif et intolérant sans rapport aucun avec l’islam des lumières dont la Zitouna et ses cheikhs ont été les porte-drapeaux à travers les siècles. Certes le ministère des affaires religieuses a fini par élever la voix face à ces dérives, tout en s'efforçant de minorer le phénomèmes. Mais il faut être bien naïf pour croire que quelques gentilles remontrances auraient un effet dissuasif sur des exaltés qui se croient les seuls détenteurs de la vérité. A moins d'un sursaut des autorités et de la société civile, les mosquées risquent de devenir à terme des espaces de non-droit. Un bon signe, parce que révélateur d'une prise de conscience : les imams du pays, premières victimes de ces salafistes se mettent en grève ce mercredi même si la démarche peut choquer. Mais pouvaient-ils agir autrement pour mettre fin à une situation devenue intenable ?