News - 15.04.2012

En conseil National d'Ettakatol, Ben Jaafar a-t-il pu relancer ses troupes ?

Catharsis pour Ettakatol, lors de son conseil national tenu ce weekend à Yasmine Hammamet ? Pour les 200 participants venus de toutes les régions, ces assises, les premières du genre depuis le élections du 23 octobre, étaient importantes. Remise à plat de la stratégie jusque-là adoptée, de la démarche accomplie, des alliances scellées, de l’action des représentants du parti au sein du gouvernement et de ses élus à l’Assemblée nationale constituante, restructuration et programme de relance : tout était mis sur le tapis. En 36 heures d’intenses débats, parfois passionnés, excessifs, il fallait tout déballer, tout solder, et aboutir à un consensus quant à l’essentiel : la consolidation d’Ettakatol.
 
Les élections du nouveau bureau politique dont le nombre des membres était porté de 12 à 37, devaient incarner cette régénération mais aussi cette ouverture sur les jeunes et les régions, brisant l’image d’un parti sclérosé, arcbouté sur ses fondateurs jaloux de leurs nouvelles prérogatives, attachés aux honneurs de leurs nouvelles charges. L’ascension au sein de cette instance de Lobna Jeribi, Khayam Turki, Elyes Fakhfakh, Semia Tnani et autres Sami Razgallah ouvre la voie aux jeunes, tout comme celle de Mohamed Bennour et Abdelhay Chouikha qui consacre les ainés.
 
"Dès l’ouverture des travaux, samedi après-midi, en chef du parti, Dr Mustapha Ben Jaafar a dressé un bilan sans fard, posant sur la table, sans tabou, toutes les questions, rapporte à Leaders un participant. La conduite de la campagne électorale, la coalition sous la Troïka, l’entrée au gouvernement, les désignations, les positions prises au sein de l’ANC, l’intensité de l’engagement dans la conduite tripartite des affaires de l’Etat et autres: la porte était alors ouvertes pour qu’en commissions et tables rondes, les débats se lancent pour se poursuivre jusqu’à tard dans la soirée. Critiques acerbes, dénonciations de fausses manœuvres, déploration de démissions, remise en cause de certains dirigeants et autres  récriminations étaient inévitables dans pareil exercice. Il fallait bien déconstruire pour reconstruire. Dimanche matin, les synthèses présentées en plénières, restituaient une large palette d’opinions, mais une nette détermination quant à la voie d’avenir pour Ettakatol. 
 
Comment participer au gouvernement et conserver toute sa liberté de manœuvre au sein de l’ANC ? Quel rôle jouer en tant que balancier solidement positionné au centre, en l’affirmant d’une manière plus claire et plus différenciée par les Tunisiens ? Comment mieux se préparer aux prochaines échéances, en intégrant harmonieusement anciens et nouveaux, capitale et régions ? Les questions érigées en véritables enjeux ne manquent pas. Ettakatol est certes fier de constater que son véritable poids sur l’échiquier politique dépasse actuellement celui du nombre de sièges qu’il occupe au Bardo, mais doit faire encore plus et mieux, surtout s’il aspire à constituer une grande force du centre.
 
Dimanche après-midi, les esprits sont beaucoup plus sereins. Dr Ben Jaafar, auréolé certes de son statut de président de l’ANC et en tant que l’un des trois principaux dirigeants de la Troïka, est investi de la confiance des siens qui voient en lui le Chef du parti, son leader, tant pour sa légitimité militante, qu'aussi et surtout l’avenir. Les dissensions internes sont-elles pour autant transendées ? Les démissions, notamment celle de Salah Chouaieb, élément clef d’Ettatakatol au Sahel, bien que regrettées, oubliées ? L’air de Yasmine Hammamet donnera-t-il réellement un nouvel élan aux troupes pour transformer le parti en grande formation centrale et acteur significatif du débat politique actuel et des prochaines élections électorales ? L’ardeur et l’enthousiasme des membres du Conseil National, à leur départ dimanche soir, semble l’indiquer. Mais, c’est à l’action qu’il va falloir le juger.