News - 30.10.2011

Quel gouvernement d'union nationale ? La semaine de toutes les consultations

Weekend laborieux pour les dirigeants des partis élus à la Constituante, mais aussi les autres. En dépit des pluies diluviennes, les tractations se sont poursuivies chez les premiers quant à leur position à l’égard de la formation d’un gouvernement d’union nationale, autour d’Ennahdha et, pour les seconds, les réunions de bilan et d’évaluation de l’échec, ont été intenses. Les regards se tournent cependant vers l’épuisement des recours en annulation des résultats électoraux, afin de permettre au Président de la République, de convoquer, sans doute vers la mi-novembre courant, la nouvelle Assemblée à se réunir. Celle-ci aura notamment à élire son président, adopter son règlement intérieur et désigner le Président de la République transitoire qui aura à choisir le futur Premier ministre.
 
Dès mercredi dernier, Ennahdha avait engagé officiellement les contacts pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Premier parti sollicité, selon Hamadi Jebali, Ettakatol, dont le fondateur, Mustapha Ben Jaafar a eu de longs entretiens avec les premiers dirigeants d’Ennahdha. Le CPR, présidé par Moncef Marzouki aussi. Afek Tounes serait également consulté, tout comme d’autres formations politiques, apprend-on. Les grandes organisations nationales, notamment l’UGTT et l’Utica, sont également approchées.
 
Faut-il participer au gouvernement ou non?
 
Chez les partis concernés, deux grandes questions se posent : faut-il participer ou non au futur gouvernement et, si oui sur la base de quel programme politique commun à mettre en œuvre ? La question du nombre de représentants et les portefeuilles à occuper semblent, selon les dires de certaines formations, venir en second plan. C’est à dire, faire l’objet de négociations serrées, tout comme pour ce qui concerne la présidence de l’Assemblée et celle de la République.
 
Si pour les partis qui ont conquis, derrière Ennahdha, le plus grand nombre de sièges (Ettakatol et le CPR), la participation est quasi-acquise, ne dépendant plus que des aspects purement stratégiques et numériques, les autres formations concernées sont en grande interrogation. Deux points de vue s’affrontent, non seulement au niveau des directions, mais traversant aussi les bases. Le premier affiche clairement l’idée de « laisser le grand vainqueur gouverner seul et assumer pleinement sa responsabilité», quitte à ne pas pouvoir gérer convenablement le pays et résoudre les problèmes aigus qui se posent.  "Une responsabilisation totale qui entend mettre Ennahdha au pied du mur", estiment certains. «Participer a gouvernement, confie l’un des partisans de cette position à Leaders, c’est s’allier avec le parti Ennahdha et le cautionner, lui qui veut nous impliquer dans l’action, en nous faisant  assumer la responsabilité, en cas d’échec, et tirer seul les dividendes, en cas de réussite».
 
Le second point de vue se veut «plus positif et plus constructif, conscient des enjeux nationaux » comme nous l’explique l’un de ses défenseurs. « La situation dans le pays, notamment économique et sociale, est tellement difficile et urgente qu’elle exige la mobilisation de toutes les forces politiques représentatives, au sein d’un gouvernement d’union nationale le plus large possible, non seulement pour expédier les affaires courantes, mais surtout afin de prendre les mesures nécessaires, procéder à l’état des lieux et engager les réformes qui ne sauraient tarder, bref mettre fin au provisoire».
 
Quelle durée?
 
En filigrane se profile la double question du mandat de la Constituante et de sa durée ainsi que de celle du gouvernement. Même si, à l’origine, la nouvelle assemblée a été élue pour élaborer le projet de la nouvelle Constitution, il est désormais clair qu’elle aura également à légiférer et à contrôler l’exécutif. Quant à la durée, l’entente signée en septembre dernier, à l’initiative d’Yadh Ben Achour, par 11 des 12 partis représentés au sein de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, limitant le mandat à une année seulement, commence à être remise en débat. Officiellement, Ennahdha entend s’y conformer, comme l’a réitéré son leader Cheikh Rached Ghannouchi, même si l’un de ses autres dirigeants, Samir Dilou, estime publiquement « qu’une année risque d’être très courte ». 
 
Quant au CPR, réfractaire en dernière minute de la signature de l’entente, il continue à militer en faveur d’une durée plus longue, des 3 ans au moins, rejoignant ainsi la proposition formulée depuis avril dernier par Mansour Moalla. Dans de multiples tribunes publiées sur Leaders, l’ancien ministre a mis en garde contre la succession du transitoire et du provisoire, soulignant l’impératif de stabilisation du gouvernement et la nécessité de lui accorder un délai convenable pouvant aller jusqu’à 4 ans s’il le faut.
 
La semaine qui commence sera sans doute porteuse d’intenses consultations et de développements significatifs à ce sujet.