News - 07.09.2011

Hamadi Jebali au Président Mebazaa : Non au référendum, oui à la limitation de la durée de la Constituante...Préparons ensemble dès maintenant l'après 23 octobre

Tout en réaffirmant son opposition à la tenue d’un référendum limitant la durée du mandat de la Constituante, le mouvement Ennahdha  s’est engagé à ce que cette durée  n’excède pas les 12 mois.

Lors d’une audience accordée  mercredi matin par le Président de la République à son secrétaire général, M. Hamdi Jebali, le mouvement s'est déclaré« disposé à convenir, dès à présent, avec les autres parties concernés, partis politiques, partenaires sociaux et autres, dans un consensus à propos des questions fondamentales relatives aux grandes lignes de la future constitution, de la composition du nouveau gouvernement, du programme commun, des mesures prioritaires à prendre dès le lendemain du 23 octobre ».  Il s'est  dit « ouvert à toutes les  initiatives indispensables pour clarifier les horizons et envoyer un message fort d’assurance aux Tunisiens ainsi qu’à la communauté internationale ».

Ennahdha n’a pas caché ses craintes quant aux menaces qui pourraient s’exercer sur le scrutin, «ultime échéance à ne pas rater», son indépendance et sa transparence, réitéré sa volonté à contribuer fortement à sa réussite et appelé au respect des fondements de l’Etat, suite aux derniers incidents survenus récemment.

A l’issue de l’audience, M. Hamadi Jebali a fait la déclaration suivante:

«Je viens d’être reçu par le Président de la République, durant près d’une heure, dans une atmosphère cordiale, de grande sincérité et franchise et un esprit patriotique. J’ai réitéré à cette occasion notre engagement à réussir le scrutin du 23 octobre, ultime échéance que la Tunisie ne devrait en aucun cas louper et n’ai pas manqué d’exposer à ce sujet les craintes qui nous préoccupent notamment pour ce qui est des modalités pratiques de son déroulement. Nous avons en effet nombre de questions à poser à l’ISIE et son président Kamel Jendoubi quant à la logistique d’ensemble prévue, aux logiciels qui seront utilisés et autres aspects, cherchant à obtenir les garanties qui nous rassurent. Sans accuser personne, ni préjuger des bonnes dispositions, il nous importe de nous assurer de la bonne démarche, car nous ne devons en aucun cas rater cette ultime opportunité et décevoir notre peuple, en le privant d’élections libres, indépendantes et transparentes.

Nous faisons une nette distinction entre le processus électoral et le reste de la transition à laquelle aspire le pays. Nous avons été interpellés par ces bulles qui apparaissent ici et là, appelant à la tenue d’un référendum, l’établissement d’un pacte républicain ou la promulgation de décrets-lois.

J’ai clairement affirmé au Président de la République que nous sommes opposés à toutes ces formes et que le mouvement Ennahdha n’accepte pas l’organisation d’un référendum limitant la durée du mandat de l’assemblée nationale constituante, et  lui ai précisé que nous nous engageons cependant à ce que cette durée n’excèdera pas 12 mois. Nous sommes également opposés à la prorogation du mandat du gouvernement actuel, restructuré, ce qui constitue à nos yeux un danger. La question essentielle pour nous n’est pas de constituer un gouvernement, mais de débattre et convenir dès-à-présent, avec les autres partis politiques, parties sociales et autres parties concernées, sans tabous,  de toutes les questions de fond concernant tant la future constitution, que la formation d’un gouvernement d'union nationale, le programme d’action , les mesures économiques, financières et sociales urgentes à mettre en œuvre, dès le lendemain du scrutin et toutes les priorités. Il importe en effet, d’éviter tout flottement et d’envoyer, dès maintenant, un signal fort d’assurance, d’abord à notre peuple dans son ensemble, mais aussi à la communauté internationale.

Nous avons eu l’impression que certains parmi les acteurs politiques se lançaient dans une course effrénée aux sièges et au pouvoir, n’y voyant qu’un gâteau à partager, oublier que les dividendes de la révolution ne devaient revenir qu’au peuple tunisien. C’est pourquoi, nous estimons que nous devons nous atteler, avec toutes les bonnes volontés, partis, société civiles et cadres du pays, sans exclusion, à ce grand chantier qui nous attend tous.
A cet effet, j’ai proposé au Président de la république à initier, avec le gouvernement, cette démarche, en associant les figures nationales reconnues qu’il juge de grande sagesse, pour réunir les partenaires principaux, constituer des groupes de travail devant élaborer des propositions utiles sur les questions clefs à convenir avant le 23 octobre. Il s’agit notamment des grandes lignes de la nouvelle constitution, des lois prioritaires, des personnalités pouvant constituer le nouveau gouvernement, du programme commun, des mesures économiques et sociales prioritaires et des actions urgentes. Tout cela clarifiera la vision, rassurera les Tunisiens et balisera la voie de l’après 23 octobre, en plus de son impact à l’international, auprès de nos partenaires et des investisseurs.

Evoquant avec le Président de la République, la situation dans le pays, je n’ai pas manqué de lui exprimer nos appréhensions quant à la situation sécuritaire et aux risques de rébellion, marquant notre attachement aux fondements de l’Etat que personne ne saurait menacer. Ce sont-là des luttes internes et des règlements de compte qui ne doivent guère nous piéger. Nous estimons cependant que les solutions, pour éradiquer les causes profondes, ne sauraient se limiter à des traitements sécuritaires.

Nous avons cependant relevé qu’un lien est établi entre l’exposé de cette situation et l’évocation de l’idée d’un référendum, avec la mention de 47 partis qui en auraient pris l’initiative.  Ce nombre ne constitue pas à nos yeux un critère objectif de poids et, d’ailleurs par la suite, le poids électoral n’est pas l’unique critère déterminant, le plus important pour nous, c’est le consensus à réunir. La Tunisie a grand besoin, plus que jamais durant cette phase,  de favoriser entente et consensus et notre mouvement y oeuvrera car il y va de l’avenir de notre pays et de la réussite de notre révolution.»