Opinions - 29.05.2011

Averti........

  • L’impatience est compréhensible mais attention : aussi peu de démagogie et d’anarchie que possible.
     
  • Ce n’est pas encore la liberté ; ce n’est qu’un pas dans cette direction. Il reste beaucoup d’obstacles à franchir : rénover l’économie, réussir les réformes malgré l’inexpérience politique des nouveaux cadres.
     
  • Il faut du temps et de la solidarité pour mettre fin aux vieilles structures et construire une nouvelle nation.
     
  • Les fautes que vous ferez aujourd’hui compteront beaucoup. Il faut de la sagesse et de la concertation pour éviter les écueils et bâtir l’avenir.
     
  • La démocratie, c’est d’abord le respect des lois. C’est la guerre de chacun contre chacun mais dans le cadre strict de la loi. Les politiciens sont là pour échanger des coups mais ils doivent respecter les règles de droit.
     
  • Si vous réussissez votre révolution, ce sera aussi une réussite pour le monde.

 
Ce sont les principales idées défendues par le leader de la révolution Polonaise Mr Lech Walesa  lors de son dernier passage à Tunis. Ce testament d'un grande figure de la démocratisation en Pologne me revient ces derniers jours à l'occasion du débat sur le report des élections de la future constituante . Débat exacerbé par les partis politiques et ayant comme thème exclusif le volet technique des élections le non dit est autre .....
 
Je voudrais commencer par dire  que l'agenda technique avancée par la commission Jendoubi est tout a fait acceptable quoique compressible( et je le pense) ce qui laisse admettre que  le délai du 24 Juillet ne peut plus être retenu et donc le report est admit de facto et je crois que les partis lésés vont se mettre à l'évidence comme l'a fait le premier ministre depuis Deauville .Mais ce qui est pus important que le report c'est le socle politique de ce report et c'est là que les choses doivent être clarifiées; car on va se retrouver de nouveau et ce malgré nous dans une réédition du débat sur la légitimité du gouvernement et du pouvoir public provisoire .

Le consensus politique a servi de socle pour le gouvernement provisoire de  Caid essebsi , ce consensus devra continuer jusqu'à la réalisation des élections ( la date reste à définir) et c'est la seule et unique voix pour rétablir la confiance, apaiser les tensions et lever les doutes (ils sont nombreux) .

Pour comprendre ce déficit de confiance , largement partagé, il faut remonter au premier jour du gouvernement Caid essebsi et se rappeler de la réaction des membres du "conseil de protection de la révolution" qui défendaient déjà et ce depuis le 3 Mars le report des élections ( le Poct et l'Ugtt étaient respectivement   pour octobre 2011 et  janvier 2012), mais ils réclamaient déjà le contrôle du gouvernement  et on connait la suite par la création de haute instance ....et du bras de fer engagé depuis entre ces protagonistes avec des crises évités et des crises orchestrées pour affaiblir le gouvernement provisoire ( la kasbah 3 , les déclarations de Rajhi , les incidents de Siliana , les manifestations de l'avenue Bourguiba à Tunis.....)
 
Sans aucune surprise, les principaux défendeurs du report sont les mêmes( front du 14 janvier) avec des nouveaux partis dont le seul mobile est de gagner du temps ...et de la popularité.Mais la stratégie des principaux défendeurs est de ne pas dissocier report des élections  et contrôle du gouvernement ce qui veut dire qu'ils demandent clairement de  renégocier la légitimité de l'autorité publique provisoire  mettant en doute celle ci et proposant même de la remplacer !!!!

Et c'est là, une déclaration de rupture du consensus politique entamé début Mars ; pour mettre quoi à la place ? un nouveau gouvernement issu du front du 14 janvier ou un comité de salut public issu de la haute instance .....
Les critiques(légitimes mais amplifiées) qui fusent sur le rendement du gouvernement ,la culture du doute à propos de ses intentions et depuis peu les mouvements sociaux à Rgueb , Jelma et Tataouine , la demande faite sur facebook pour s'attaquer aux délégués et élire des nouveaux , les diffamations etc ......ne peuvent que confirmer qu'il y a une stratégie arrêtée et mise à exécution pour faire tomber le gouvernement Caid essebsi ....La politique étant un rapport de force, vous imaginez aisément la nature du futur gouvernement et son agenda prioritaire qui ne sera pas d'organiser les  élections mais de réunir toute  les conditions  pour garantir le respect de la volonté populaire et la protection de la révolution !! et ceci ne sera possible qu'après l'élimination de tous les symboles de la dictature , la réforme de la justice et des média et la réparation des injustices faites depuis 1956 au peuple Tunisien et tant qu'à faire après une réforme agraire, une révolution culturelle et une arabisation de l'enseignement !!!!!! et pourquoi pas, à la fin organiser des élections si notre gouvernement représente le peuple et défend ses intérêts!!!!!!

 C'est le devoir  de tous les partis politiques,  de la société civile et de tous les citoyens de ne pas laisser passer cette occasion historique de donner à notre pays une vie démocratique et une culture moderniste faute de quoi c'est la démagogie et l'anarchie qui prendront le dessus et s'étaleront dans le temps .....c'est le devoir de la haute instance de doter le pays d'une déclaration de droit, un pacte républicain que les Tunisiens voteront  le même jour que les élections  de la constituante et qui sera signé au préalable  par tous les partis politiques .

Il est de notre devoir de garder le consensus autour de l'autorité publique provisoire et de discuter ensemble de la nouvelle date des élections , le 24 septembre me parait une date idéale et possible ainsi la campagne pourra commencer après la fin de ramadan  et après les vacances et avant la nouvelle année scolaire et c'est surtout un signal fort de souplesse et de pragmatisme  elle laissera le temps à la commission Jendoubi de faire son travail et de compresser certaines procédures et ce de façon programmée donc concertée.

L'avenir de notre démocratie naissante se joue aujourd'hui , l'avenir de notre révolution est encore entre nos mains et l'avenir ne s'improvise pas. Il se prépare pour minimiser les risques de l'incertain de l'improbable et de l'imprévu ; à bon entendeur salut.

Dr Rafik Boujdaria
 

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