Opinions - 06.03.2011

«Rentrez servir votre pays»

Dès l’Indépendance, l’éducation a été une priorité de nos gouvernements et a contribué au développement de notre pays. L’éducation s’est appuyée sur nos universités qui se sont développées petit à petit dans l’ensemble du pays et en parallèle, certains de nos meilleurs élèves ont bénéficié et bénéficient toujours d’un système éducatif privilégié leur ouvrant des perspectives vers les  meilleurs établissements d’enseignement supérieur dans le monde.

 

Ainsi, chaque année depuis les années 60, notre pays envoie certains de ses meilleurs bacheliers pour faire leurs études dans les grandes écoles françaises ou dans les universités américaines. Ce système, informel au départ puis mis en place sous le nom de filière A de l’Enit, a permis à des centaines de Tunisiens, de toutes origines sociales et géographiques et sans distinction autre que leur aptitude au travail, leur talent et leur désir de réussite, d’accéder aux écoles scientifiques les plus prestigieuses. La plupart  ont bénéficié de bourses.

 

Notre pays a donné à ces jeunes des perspectives mais aussi des devoirs à remplir vis-à-vis de leur pays.  Ils sont nombreux à avoir déjà  payé en retour en contribuant de manière décisive  à l’édification de la Tunisie moderne aux côtés de leurs camarades formés en Tunisie, ils sont les bâtisseurs de nos ports, aéroports, routes, centrales électriques, etc.

 

Lorsque leur nombre et leur dispersion géographique se sont élargis, ils se sont organisés en association pour rester en contact entre eux afin de mieux servir leur pays. Une de leurs missions — à laquelle ils se sont dévoués en toute humilité — est de parrainer les débutants parmi eux afin que les services rendus à leur pays soient plus performants, une autre est d’utiliser au mieux leur connaissance de la Tunisie et des pays où ils ont séjourné pour leur formation afin d’établir des passerelles entre la Tunisie et le monde. Le dévouement des membres de  l’Atuge aux missions définies par sa vocation associative est la preuve vivante de la reconnaissance par ses membres de leur responsabilité en retour de  la confiance que la Tunisie a investie en eux et des opportunités qu’elle leur aura tendues de la servir pour le bien de son peuple. Oui, la Tunisie peut compter sur les enfants qu’elle a formés ; oui, les Tunisiens à l’étranger sont des patriotes comme leurs frères et sœurs dans le pays. Dans le monde d’aujourd’hui, pour ceux qui veulent servir leur pays de l’étranger, les frontières ne sont pas un obstacle.

Depuis les années 70, des ministres issus des grandes écoles françaises ont participé à divers gouvernements : Lassaâd Ben Osman, Mekki Zidi, Brahim Khouaja…, pour n’en citer que quelques-uns. Qu’y a-t-il donc de nouveau aujourd’hui ? Ce qu’il y a de nouveau, c’est que l’on a fait appel à ceux qui avaient 20 ans à la fin des années 80 et qui ont participé à la création de l’Atuge, à ceux qui  en font partie ou qui sont apparentés à l’Atuge parce que celle-ci a la vocation, depuis les années 90, de réunir tous les Tunisiens des grandes écoles françaises.

 

L’association a toujours veillé à rester apolitique, pour réunir le plus grand nombre avec comme impératif de servir le pays.

 

Avoir fait les grandes écoles françaises ne donne aucun droit, bien au contraire, cela implique des devoirs, et plus particulièrement pour ceux qui —nombreux— ont bénéficié d’une bourse nationale. Comme Si Mokhtar Latiri n’a cessé de le leur rappeler : «Travaillez, complétez votre formation et lorsque vous vous sentirez prêts, rentrez servir votre pays» (réunion de l’Atuge à Paris, juin 2006).

 

Ce moment est venu, notre pays est en droit de solliciter ceux d’entre eux dont les compétences doivent être mises au service de la Tunisie et des Tunisiens.

 

Kawthar et Azza Latiri