News - 06.11.2025

Hafida Ben Rejeb Latta: Une fille de Kairouan

Hafida Ben Rejeb Latta: Une fille de Kairouan

Du caractère, du courage et de la joie de vivre : Hafida Ben Rejeb Latta en est bien dotée. Pugnace, depuis son enfance dans la médina de Kairouan, elle a su forger son propre destin. Pas facile pour elle de s’affranchir de conditions familiales difficiles, de s’émanciper parmi les premières jeunes filles au lendemain de l’indépendance, d’étudier à l’ENA à Tunis, de devenir une proche collaboratrice de Chedli Klibi, ou d’épouser l’amour de sa vie, le responsable du British Council, l’Ecossais David. Elle savait qu’elle devait partir avec lui, vivre dans des contrées lointaines et poser parfois ses valises à Londres…Sans jamais oublier d’où elle vient. 

Hafida le raconte merveilleusement dans son livre Une fille de Kairouan, qui vient de paraître aux Editions Leaders. Il est préfacé par Anissa Barrak, ancienne haut fonctionnaire à la Ligue des Etats arabes et à l’Organisation internationale de la Francophonie à Paris, directrice du Bureau régional de la Francophonie en Asie-Pacifique, basé au Vietnam. La postface est signée par le Pr Khaled Saddem.

Hafida Ben Rejeb Latta


Née à Kairouan en avril 1944.
Son éducation primaire était partagée entre les Sœurs Blanches, l’école coranique, de nouveau les Sœurs Blanches et puis l’école franco-arabe. Quand le lycée de Kairouan a ouvert ses portes pour la première fois, elle était parmi le premier groupe d’élèves à le fréquenter. Elle fut aussi parmi le premier groupe d’étudiants du programme intensif de développement national de l’ENA en 1963. Après l’obtention de son diplôme à l’ENA, elle travailla comme secrétaire du ministre des Affaires culturelles et de l’Information, feu Chedli Klibi, jusqu’à son mariage en septembre 1967 avec David Latta, l’adjoint chargé des affaires culturelles de l’ambassade britannique.

Hafida a collecté des fonds pour construire une école pour les enfants palestiniens dans le Camp Baka à Amman et le collège d’ergothérapie, à Amman également.

Elle est présidente de l’association du jumelage Xivertcalquier, membre de l’association des hôpitaux de Cambridge et membre de l’association de la mairie de Royston.

La vie dans les maisons traditionnelles derrière les remparts de la capitale des Aghlabides recèle tant de secrets de famille, de surprises, d’heureux évènements et parfois d’acharnement du mauvais sort. La famille de Hafida n’y échappera pas. Le décès du grand-père, le poète avant-gardiste Salah Souissi, la plongera dans la privation. La grand-mère s’échinera alors avec ses filles à travailler la laine et la tisser en tapis à vendre. Le quotidien sera dur. Heureusement qu’il y a des mariages. Mais, parfois, de mauvaises surprises pointent à l’horizon. Avec beaucoup de talent, Hafida introduit le lecteur dans cette intimité, plante un décor précis, dresse des portraits ciselés, et restitue des émotions vives, sur un ton haletant.

Cette séquence est absolument remarquable. Tout comme celle où elle décrit sa vie de jeune étudiante, puis de fonctionnaire à Tunis, au début des années 1960. L’euphorie de l’indépendance et de l’émancipation, la société cosmopolite, les sorties entre amis, les soirées dansantes, et cette joie de vivre d’une époque insouciante que l’autrice décrit en s’en délectant. Assistante du ministre de l’Information le jour, invitée à des réceptions prisée le soir, Hafida sera comme un électron libre, heureuse dans sa pleine jeunesse. Son bonheur s’accomplira lorsqu’elle connaîtra David, comme elle le raconte affectueusement. Coulant de source, et rebondissant au gré des affectations d’un pays à un autre, ce roman de vie est attachant. Toujours active, sachant s’intégrer dans chaque communauté où elle débarque, Hafida déborde d’énergie. Son livre est inspirant.

Une fille de Kairouan
de Hafida Ben Rejeb Latta
Editions Leaders, 2025, 400 pages, 60 DT
En librairies et sur www.leadersbooks.com.tn

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