Le moment Palestine à l'ONU, le plan Trump et le début des négociations à Sharm el Sheikh

C’est un moment charnière dans l’histoire du Moyen-Orient. La Palestine a obtenu en septembre dernier une reconnaissance internationale sans précédent, bouleversant l’équilibre diplomatique en sa faveur et redonnant espoir à son peuple meurtri.
Pas moins de 157 Etats membres de l’ONU ont officiellement reconnu l’Etat palestinien. Parmi eux des poids lourds de la scène internationale : 3 pays membres du G7, 4 pays sur les 5 membres permanents du Conseil de sécurité, la majorité des pays de l’Union européenne, mais aussi des alliés historiques des Etats-Unis d’Amérique, et des nations influentes de divers continents. Cette vague de reconnaissances marque un basculement diplomatique inédit, fruit de pression de l’opinion publique, des partis politiques, de la société civile et des médias. Un blâme très fort à Natenyahou, un isolement de plus en plus clair de l'entité sioniste et de nouvelles voies pour l'instauration de la paix. Comment transformer ce succès diplomatique en véritable cesses-le-feu d'abord, et un règlement équitable de la cause palestinienne?
Les négociations qui commencent à Sharm Escheikh (Egypte) seront rudes, longues, et guère faciles. Les Palestiniens doivent suavegarder leur droit à l'autodermination, principe le plus précieux.
Récit d'une semaine new-yorkaise charanière.
Au-delà du symbole, la reconnaissance renforce les critères de l’«effectivité étatique » selon la Convention de Montevideo de 1933 : territoire, population, gouvernement et reconnaissance internationale. Elle ouvre à la Palestine un accès élargi aux institutions comme l’Unesco ou la CPI, lui permettant d’exercer des droits souverains et de porter des contentieux. Sur le plan politique, c’est la sortie de l’isolement et une mise sur un pied d’égalité symbolique avec Israël.
C’est aussi une avancée juridique et diplomatique. La reconnaissance place la Palestine au cœur du droit international : elle légitime son droit à l’autodétermination et intensifie la pression sur Israël pour revenir à la table des négociations.
L’acte de reconnaissance dépasse le cadre bilatéral : il marque la volonté de la communauté internationale de traiter la Palestine comme un acteur politique légitime, et non comme une simple entité administrative sous tutelle.»
Un grand pas, mais quelle suite ?
La mise en œuvre de cette reconnaissance de l’Etat palestinien prendra pour commencer plusieurs formes: élévation du statut des représentations palestiniennes en ambassades, reconnaissance des passeports, projets de coopération et autres. Mais, le chemin reste encore long. Dans l’immédiat, l’Arabie saoudite, la France et les Emirats arabes unis annoncent des aides financières importantes, pour soutenir l’Autorité palestinienne et les populations à Gaza et dans les territoires. Ils agissent avec l’Egypte et d’autres pays afin d’augmenter le volume des aides alimentaires et humanitaires devant accéder à Gaza. Diverses autres initiatives de secours sont prises. En attendant un accord de paix.
Ce n’est pas seulement un Etat qui est reconnu, c’est tout le peuple palestinien qui est restauré dans son droit à son existence même», souligne Elias Sanbar, essayiste et ancien représentant permanent de la Palestine auprès de l’Unesco.
La France et l’Arabie saoudite y ont joué un rôle déterminant, déployant leur diplomatie tous azimuts. L’idée d’une «conférence internationale de haut niveau des Nations unies sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États» sont lancées au début de l’année par le président Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane. Leur initiative a conduit fin juillet à «l’Appel de New York», adopté le 12 septembre 2025 pat 142 Etats membres de l’ONU, ouvrant la voie à la conférence internationale projetée. Malgré les pressions américaines, l’évènement s’est tenu à partir du 22 septembre 2025 à l’occasion du segment de haut niveau des travaux de l’Assemblée générale des Nations unies, marquant une rupture diplomatique majeure.
La veille, dimanche 21 septembre, pour marquer leur indépendance, le Royaume-Uni et le Canada proclameront leur reconnaissance de l’Etat palestinien, rejoignant ainsi l’Espagne et l’Irlande ainsi qu’une centaine d’autres pays. Le lendemain, le président Macron «ouvrira le bal». En vingt minutes du haut de la tribune marbrée vert, il réitèrera 32 fois que «le temps est venu».
La Belgique, l’Australie, le Portugal, Malte, le Luxembourg, Monaco, Andorre et San Marin s’inscrivent dans le même sens.
Le ton des déclarations faites par des chefs d’Etat et de gouvernement, bien que mesuré à l’aune diplomatique, ne manque pas de rappeler les souffrances endurées par le peuple palestinien. La reconnaissance est conditionnée par une série d’exigences, notamment l’acceptation par l’Autorité palestinienne du plan de paix, la démilitarisation du Hamas et des autres factions, la libération des otages et la remise des dépouilles des otages décédés et autres. Mais, les orateurs ont été unanimes pour dénoncer les exactions israéliennes, instaurer un cessez-le-feu et exiger l’accès des aides alimentaires et humanitaires à Gaza.
Mardi 23 septembre 2025, le président américain Donald Trump invitera des dirigeants de pays arabes et islamiques à une réunion qu’il qualifiera de « la plus importante ». Pendant une heure, il évoquera avec eux le plan de paix qu’il se propose d’annoncer le lendemain, mercredi 24 septembre à l’ONU. Il mentionne 21 points sans pour autant en expliciter les contours. Son discours suscitera des réactions mitigées.Vendredi 26 septembre, c’est au tour du Premier ministre israélien de prendre la parole. Dès qu’il est monté sur le podium, la plupart des délégués des pays membres ont bruyamment quitté la salle, certains ne se privant pas de le huer et de le siffler. Un geste sans précédent, perçu comme «une gifle très forte sous le regard du monde entier».
«La semaine palestinienne à l’ONU», commencée lundi par une série de reconnaissances et de soutiens, se clôturera sur cette scène de totale indignation face à la barbarie incarnée. Une grande bataille gagnée pour qu’un terme soit mis au calvaire de tout un peuple sous génocide.
Sans en dévoiler tous les détails, le plan du président Trump, en 21 points, visant à mettre fin au conflit à Gaza, repose sur les principaux éléments suivants. Il reste cependant préliminaire, n’ayant pas obtenu l’accord des parties concernées.
• Cessez-le-feu immédiat: un arrêt des hostilités dans les 48 heures suivant l’acceptation du plan.
• Libération des otages: retour des 20 otages vivants et des restes de plus de deux douzaines d’autres captifs au cours des deux premiers jours.
• Démantèlement des capacités offensives du Hamas: des mesures pour neutraliser les armes et infrastructures militaires du Hamas.
• Amnistie ou passage sécurisé pour les membres du Hamas: offrir des options pour les membres du Hamas souhaitant se retirer de la lutte.
• Gouvernance intérimaire de Gaza: mise en place d’une administration dirigée par des Palestiniens qualifiés et des experts internationaux, supervisée par un nouveau corps international.
• Transition vers l’Autorité palestinienne: planification d’une transition vers une gouvernance sous l’Autorité palestinienne après des réformes.
• Force de stabilisation internationale: déploiement d’une force de sécurité internationale pour superviser Gaza, avec un retrait progressif des forces israéliennes, ne maintenant qu’une présence limitée en périphérie.
• Aide humanitaire et reconstruction: fourniture immédiate d’aide humanitaire et début de la reconstruction des infrastructures sous supervision des Nations unies et d’organisations internationales.
• Non-déplacement forcé des Gazaouis: assurance qu’il n’y aura pas de déplacements forcés de la population de Gaza.
• Reconnaissance d’un futur État palestinien: reconnaissance d’un chemin vers la création d’un État palestinien, sous réserve de la mise en œuvre de réformes politiques et de développement.
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