Ezedine Hadj-Mabrouk: La fin des classes sociales

Les classes sociales telles qu’on les connait et telles que définies par K. Marks (Prolétariat/Classe ouvrière et Bourgeoisie/capitalistes) ou stratifiées par les sociologues tels Max Weber, Pierre Bourdieu, Emile Durkheim et même par Ibn Khaldoun qui considère que l’homme est fondamentalement un «homo-économicus» et que la cité est un phénomène économique, qui se manifeste dans le rapport dialectique entre la production et la consommation, concrétisé par l’échange. Ces classes sociales prendront fin en gros à partir de 2050, si pas avant!
L’avancé technologique qui a déjà démarré et dont ses robots et son intelligence artificielle (IA), son Internet of things (IoT) et ses drones commencent à faire partie du paysage socio-économique du monde va créer au plus tard d’ici 2100 une autre classe ouvrière formée principalement de cette technologie et ce pratiquement dans tous les domaines, industriel, agricole, commercial, financier, éducatif, artistique et pourquoi pas même sportif. Oui, on pourrait assister à des matches de football ou de tennis, etc. joués et arbitrés que par des robots!La marche vers la robotisation, l’intelligence artificielle (IA) et l’Internet of things (IoT) est déjà entamée et est irréversible. L’être humain est une créature obstinée. Comme dit George Bernard Show «l’homme raisonnable s’adapte au monde; l’homme déraisonnable s’obstine à essayer d’adapter le monde à lui-même. Tout progrès dépend donc de l’homme déraisonnable ». Et cet homme déraisonnable risque de payer par sa propre marginalisation et par sa propre vie la facture de son obstination.
La marche obstinée vers la robotisation et l’intelligence artificielle (IA) va connaitre principalement deux phases voire même trois avec la fin possible de l’être humain lui-même.
La première phase fera des robots/IA la nouvelle classe ouvrière ou plutôt la nouvelle classe d’esclave que je préfère appeler les nouveaux mamelouks. L’être humain garde pendant cette première phase le contrôle et la gestion des robots/IA. Mais l’IA prendra lentement voire même rapidement le dessus en marginalisant petit à petit l’être humain par sa prise en charge de la direction, de la gestion et du contrôle des robots et de la vie socio-économique de l’homme.
Avec la fin de la classe ouvrière classique vient automatiquement la fin des luttes de classes, des syndicats et des institutions sociales voire même des partis et institutions politiques et autres. Vient aussi la fin d’une multitude de métiers pas seulement parmi les cols bleus mais aussi parmi les cols blancs dont par exemple le métier de médecin. D’après le Pr. Jean-Emmanuel Bibault, on découvre dans des tests récents que l’IA est plus performante toute seule dans les diagnostics que le médecin tout seul ou même le médecin assisté par l’IA! Ceci indique la fin possible du métier de médecin dans les décennies à venir! Il est clair que les métiers futurs de la santé vont se reposer principalement sur l’IA, les robots les loTs et non sur l’être humain.
La Chine, par exemple, vient déjà d’adopter le concept de «dark factories» (usines noires ou sombres). Complètement automatisées, les usines sont opérées dans le noir sans arrêt (24 heures sur 24 heures) et sans êtres humains (oui sans êtres humains). Les machines et les robots n’ont besoin ni de visibilité (de lumière) ni d’êtres humains pour fonctionner. On gagne ainsi sur tous les fronts: en économie d’énergie, en main d’œuvre et en précision, rapidité, qualité et en efficacité et en coût de revient.
Vers 2100 au plus tard, on entrera en plein pied dans la deuxième phase où l’IA et les robots contrôlent l’être humain et toute la vie socio-économique de l’homme. C’est la phase du mamelouk qui prend le pouvoir en rendant l’humain entièrement esclave de la technologie (IA/robots/loT/drones). C’est la phase de la loisirisation et de la végétalisation de l’être humain. N’ayant plus rien à faire et plus rien à contrôler, l’être humain va tourner son attention et son intérêt vers plus de spiritualité (toujours un refuge de détresse) avec notamment l’émergence d’une multitude de sectes religieuses dogmatiques, fanatiques et lugubres et vers les activités de loisir (d’où le mot loisirisation) qui seront contrôlées aussi par la technologie (IA/Robots). La loisirisation (y compris l’art et la musique) s’accompagnera graduellement par la végétalisation et éventuellement par l’autodestruction de l’humain.
Une troisième phase est donc possible mais que j’hésite de prévoir est celle où les nouveaux maitres du monde (IA/Robots) décident qu’ils n’en ont que faire avec la race humaine (considérée désormais comme trop bête et trop encombrante) en encourageant son autodestruction notamment par le fanatisme religieux et l’ennui ou en provoquant sa destruction. Ce serait la fin de l’être humain et le début d’un autre monde gouverné uniquement par la technologie (IA/Robots/) qui paradoxalement a été pensée et initiée par l’être humain dans sa quête obstinée de l’automatisation.
Ezedine Hadj-Mabrouk