Deux poèmes de Hédi Bouraoui

La Vie…
La vie est tel ce ciel
Clair et brouillé…
Des nuages teintés de
Soleil qui disparaît
D’autres sombres annoncent
L’orage en un tournant de coin
Puis au loin… pipe une lumière
Indiquant peut-être un chemin
Vers l’infini de l’inconnu !
Le “non” à voiles toutes
Non, je ne tiens pas à saborder
Le Nif (la fierté) de mes ancêtres
Même dans l’art de tourner de l’œil
Non, je ne veux pas balancer
Ma langue française
Par-dessus bord de son navire croulant
Non, je ne peux pas virer de bord
De ma Canaduitude chérie
Même pour le prix d’un poisson d’or
Non, je ne tiens pas à bourqua-vêtir
Ma foi en laïcité ardue
Juste pour plaire aux Bondieusards têtus !
Non, je ne veux pas tourner la veste
Aux vérités célestes
De tout mortel au bord de la mort
Non, je ne peux pas larguer
Les sédiments de mes parcours
Dan un monde éclaté sans contour !
Non, je ne tiens pas à fourvoyer
Mon identité millefeuille
Dans la tanière d’un seul label
Non, je ne veux pas brader
L’apport de mes tableaux de bord
Même pour les diamants de la reine d’Angleterre !
Non, je ne veux pas vendre mon âme
Au Diable Vauvert
Même pour un continent de Camembert
Non, je ne lézarderai jamais
Mes « Non » en toutes leurs couleurs
Puisqu’ils me corrigent quelques travers !
Je laisserai voguer mes « Non »
À voiles toutes
Pour me frayer les routes de la candeur
Et si jamais ils en doutent
Je les prendrai à bras le corps
Pour étouffer torts et déroutes !