News - 04.08.2025

Édito - Transport en Tunisie: l’urgence, le pari

Édito - Transport en Tunisie: l’urgence, le pari

Alors que l’eau et l’électricité mobilisent l’attention durant l’été, c’est le transport public qui s’impose comme l’urgence de la rentrée. La reprise scolaire et la montée de la mobilité urbaine, qui exigent le déploiement d’un parc de bus additionnel, mettent en lumière les difficultés croissantes des sociétés de transport. Le modèle mis en place ces dernières décennies a atteint ses limites.

Le renfort annoncé de 1 300 bus est un signal positif, mais ne suffira pas à inverser la tendance sans une réforme en profondeur. La cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri, promet une refondation globale du système de transport, «rompant avec des décennies de mauvaise gestion pour bâtir un modèle fiable, efficace et durable.»

Le défi est immense: infrastructures en dégradation, parcs obsolètes, sociétés déficitaires, gouvernance à revoir… À cela s’ajoutent des enjeux cruciaux : désenclaver les régions, adapter l’urbanisme, connecter les réseaux routier, ferroviaire, aérien et maritime.

Des projets avancent: le Réseau ferroviaire rapide à Tunis, les 35 futures rames du métro léger, le renouvellement de 190 km de chemins de fer pour le transport du phosphate de la région de Gafsa vers Gabès et Sfax, le lancement des procédures de l’appel d’offres du port en eaux profondes d’Enfidha. D’autres restent à concrétiser: le métro de Sfax, le TGV, la liaison rapide aéroport-centre-ville, la digitalisation complète du secteur.

Vision, planification, études et investissements devront soutenir la reconstruction annoncée du secteur. Toute la difficulté consiste à répondre simultanément aux urgences du quotidien et à la conduite de ce vaste projet à moyen et long terme. Il s’agira aussi de renforcer, de manière progressive, les différentes parties prenantes du projet en termes d’effectifs, de compétences et de responsabilités. De nouveaux recrutements, des formations et des redéploiements seront cruciaux.

Mais sans ressources, pas de transformation. Les premiers investissements nécessaires pour 2026-2030 se chiffrent déjà en dizaines de milliards de dinars. La solution passera par des financements innovants, des partenariats public-privé et une mobilisation rigoureuse des ressources nationales, dans le respect de la souveraineté.

Aujourd’hui, pour des millions de citoyens, se déplacer relève du parcours du combattant. Assurer leur transport est impératif pour les rétablir dans leur droit fondamental à la mobilité.

Reprendre en main le dossier du transport avec détermination et clairvoyance, c’est engager une réforme majeure, structurante.

Une urgence pour le présent. Un pari stratégique pour l’avenir.

Taoufik Habaieb