Salsabil Klibi - Chawki Gaddes: le cœur sur la main, pour les amis, pour la patrie
Chawki, jamais je n’aurais cru qu’un jour je serais amenée à écrire ces mots pour honorer ta mémoire.
Une amitié de plus de trente-cinq ans me lie à Chawki Gaddes. Autant dire une vie. Ce n’est pas un ami que j’ai perdu, c’est un frère !
Je le connaissais déjà du temps où nous étions étudiants même s’il me devançait de deux promotions. Grand, fin comme un fleuret, le pas alerte, il ne se départait jamais de son sourire bienveillant.
Mais notre amitié s’est construite lorsque j’ai été nommée à la faculté des Sciences juridiques de Tunis où il enseignait déjà. Elle s’est consolidée lorsque j’ai rejoint l’équipe de l’Association tunisienne de droit constitutionnel.
C’est à partir de là que j’ai découvert en Chawki Gaddes l’homme fidèle non seulement à ses amitiés mais aussi à ses engagements et à ses valeurs.
Chawki Gaddes avait été, en effet, une cheville ouvrière de l’Atdc, dont il a été le secrétaire général avant d’en devenir le vice-président. Il a donné à l’Atdc de son temps, de son énergie et même de ses deniers, sans jamais compter, sans jamais faillir.
Chawki Gaddes a toujours eu de grands projets pour l’Atdc, et c’est grâce à ses talents, à son sens pratique et à son dévouement qu’elle a pu organiser, malgré le manque de moyens financiers, de manière régulière, des événements d’envergure, notamment après 2011, pour acter et ponctuer les moments les plus importants de la transition vers la démocratie.
Chawki Gaddes, avant même l’élection de l’Assemblée nationale constituante, a sillonné le pays du Nord au Sud et d’Est en Ouest pour rendre accessible au grand public une question aussi technique que rébarbative, mais ô combien importante, que les modes de scrutin, dont il était un fin spécialiste.
Chawki Gaddes, méthodique et perfectionniste, exigeant avec lui-même avant de l’être avec les autres, œuvrait minutieusement à l’organisation des grandes rencontres de l’Atdc. Il a tenu à conserver la mémoire de l’association en la dotant lui-même d’une chaîne YouTube qu’il nourrissait régulièrement des vidéos des conférences et colloques qu’elle tenait.
Chawki Gaddes avait aussi de grands projets pour le pays, pour son pays qu’il aimait par-dessus tout et qu’il a toujours servi avec le plus grand dévouement. Chawki Gaddes s’est fait la promesse d’introduire la culture de la « protection des données personnelles » chez ses concitoyens et concitoyennes et il a tenu sa promesse ! Je ne peux en ces quelques lignes décrire le travail de titan qu’il a accompli au sein de l’Instance nationale de protection des données personnelles.
Chawki était un grand optimiste, il a toujours, même dans les moments les plus obscurs, répété que notre pays s’en sortira un jour, que l’Atdc devait continuer son travail, qu’il y aura inéluctablement ce sursaut qui nous ramènera sur le chemin d’une vie digne, dans un pays démocratique.
Chawki, l’Atdc, où tu seras toujours présent, ira de l’avant en se nourrissant de ton fidèle engagement et de ton énergie inextinguible.
Adieu mon ami. Adieu mon frère.
Salsabil Klibi
Présidente de l’Association tunisienne de droit constitutionnel
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