Elyes Ghariani - Rappel historique: L’affirmation progressive des BRICS sur la scène internationale (2001–2025)

Phase I – De la fiction économique à la réalité géopolitique (2001–2010)
Le terme « BRIC », forgé en 2001 par Jim O’Neill chez Goldman Sachs, désignait au départ quatre grandes économies émergentes — Brésil, Russie, Inde et Chine — appelées à concurrencer les puissances traditionnelles. Conçue comme une catégorie d’investissement, cette construction purement économique a rapidement pris une dimension politique. En 2006, les ministres des Affaires étrangères des BRIC se réunissent pour la première fois à l’ONU, amorçant un dialogue régulier.
Le sommet fondateur d’Ekaterinbourg en 2009 consacre cette évolution : les BRIC y affirment leur volonté commune de réformer les institutions financières internationales, jugées trop occidentalo-centrées. L’adhésion de l’Afrique du Sud en 2010 élargit la portée du groupe, qui devient alors pleinement une entité politique représentant la voix collective du Sud global.
Phase II – Consolidation institutionnelle et montée en puissance (2011–2023)
La décennie suivante marque l’ancrage institutionnel du groupe. En 2014, les BRICS créent la Nouvelle Banque de Développement (NDB) à Fortaleza, dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars. Cette institution se positionne comme une alternative crédible aux grandes banques multilatérales, en proposant un modèle plus souple, sans conditionnalités politiques, centré sur le financement d’infrastructures et du développement durable.
Depuis son entrée en fonction en 2016, la NDB a approuvé plus de 120 projets pour un montant cumulé de 39 milliards de dollars. Un Fonds de Réserve Commun complète ce dispositif, destiné à protéger les membres face aux chocs financiers. En 2023, le groupe franchit un cap avec une première vague d’élargissement significative, invitant six nouveaux pays à le rejoindre, élargissant ainsi son assise au sein du Sud global.
Phase III – Expansion accélérée et structuration institutionnelle (2024–2025)
L’année 2024 marque une nouvelle étape. L’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis intègrent officiellement le groupe, renforçant son ancrage au Moyen-Orient et en Afrique.
En janvier 2025, l’Indonésie devient le dixième membre à part entière. Parallèlement, un statut de «pays partenaire» est instauré pour neuf États supplémentaires, permettant une adhésion graduelle et structurée.
En deux décennies, les BRICS sont ainsi passés d’un acronyme financier à une entité institutionnalisée capable d’influer sur les grands enjeux économiques, politiques et stratégiques contemporains. Cette trajectoire témoigne d’une ambition claire : offrir une alternative au système international dominé par l’Occident, tout en assurant la cohésion d’un ensemble de plus en plus diversifié.
A suivre
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Elyes Ghariani
Ancien ambassadeur
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