Décès de Mrad Ben Mahmoud : Un photographe de grand talent nous quitte

Il avait le don de capter l’émotion fugace, l’image rare d'un paysage en mouvement, et la nature dans son immense beauté. Mrad Ben Mahmoud, photographe talentueux vient de nous quitter. Longtemps, il avait écrit avec son appareil photo des pans entiers de l’histoire contemporaine de la Tunisie, de ses monuments, de ses paysages, de sa vie au quotidien. Fils de Noureddine Ben Mahmoud, un journaliste d’exception, frère de Wassim, l’architecte très doué, et frère de Atf, médecin-dentiste de grande réputation, il était issu d’une famille portée sur l’art, la culture, et le mérite.
Il ira à Paris, à l’École Louis Lumière à Paris, et fera ses premiers pas au Muséum d’histoire naturelle et se fondait dans cet univers magnifique. Mrad Ben Mahmoud avait acquis l’art de pavoiser les lumières, de mettre en valeur le moindre détail, de traquer l’essentiel. Paris avait été pour lui son vaste royaume d’inspiration. Puis, de retour à Tunis, il intègrera des équipes plurielles qui animaient une vie culturelle et artistique des plus attractives : cinéma, théâtre, édition, communication, promotion du tourisme et photo d’art. Mrad s’y accomplira. Ses photos seront légendaires.
Son livre-album intitulé « Objectif Tunisie », publié en 2108 en offre une magnifique illustration.
Allah Yerhamou
Il a toujours eu sa Tunisie en grande passion. Derrière l’objectif de son appareil photo, Mrad Ben Mahmoud traque sans cesse les moments exceptionnels, les expressions insolites et l’architecture imposante qui marque le temps. Dans son album ‘’Objectif Tunisie’’, il joue des ombres et lumières, signes et signaux, couleurs et noir et blanc pour nous faire parcourir le pays. Son regard sélectif se pose là où d’autres risquent de ne rien percevoir. Mrad Ben Mahmoud saisit alors à vif ce qui nous interpelle, nous surprend, par sa beauté, sa spontanéité, sa simplicité.
Chenini, Nefta, Chott El Djérid, Testour, Kélibia, Sfax, Tunis, Bizerte, Djerba et autres lieux : les images surgissent de partout au gré des pérégrinations, du coup de charme, du coup de magie. De ses années parisiennes à l’Ecole Louis-Lumière et de son passage au Muséum d’histoire naturelle, il avait contracté les ingrédients de son talent. Puis de retour en Tunisie, tout au long de ses nombreux reportages photo pour le tourisme et des éditeurs, il a exercé tout son art.
«Chez Mrad Ben Mahmoud, écrit en préface Jean-Pierre Krief, il y a un secret majeur qui englobe tous les autres, comme une sorte de mystère supérieur dont le souffle circulerait sans cesse d’une image à la suivante, non pour brouiller le sens singulier de chacune d’elles mais pour en amplifier l’effet d’ensemble. Cela se nomme l’invention d’un langage.
En vérité, l’art de Mrad est de savoir s’adresser aux facultés les plus essentielles qui animent l’âme humaine : la curiosité et le désir d’aimer. Distinguer le bon grain de l’ivraie. Aimer intensément, profondément ce qui nous entoure et dont nous sommes faits.
L’œuvre de Mrad Ben Mahmoud est dotée d’une vertu paradoxale : elle fonctionne à double sens. Il y a ce que les images nous décrivent, mais il y a aussi ce miroir inversé qu’elles nous tendent, où se découvre le reflet de notre propre paysage intérieur. Un paysage niché aux confins de nous-mêmes et auquel – magnifique leçon ! - il importe de ne jamais renoncer. Un paysage intime voué secrètement à la beauté…»
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