69e anniversaire de l'Armée nationale: El Mehdeth, une nouvelle saga en plein désert

L’Armée nationale qui célèbre ce 24 juin le 69e anniversaire de sa création, en 1956, s’illustre sur de multiples fronts. Après avoir relevé le défi de faire fleurir le désert à Rjim Mâatoug (2 500 hectares), constituant une fierté nationale, elle se déploie, 95 km plus loin, à El Mehdeth, avec pour objectif 1 000 hectares. Capitalisant sur cette réussite, l’Office de développement de Rjim Mâatoug change de dénomination pour devenir Office de Rjim Mâatoug pour le développement du sud et du Sahara. Son périmètre territorial est très étendu, et ses attributions sont très larges. Elles couvrent, en effet, outre le développement des industries appropriées, la promotion du tourisme saharien et de la thérapie par les eaux naturelles, la préservation de la biodiversité et la protection des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
L’Office, placé sous la tutelle du ministère de la Défense nationale, devient ainsi un opérateur central, multidimensionnel et stratégique dans l’ensemble de cette vaste zone. C’est là un signe de confiance dans ses capacités et un garant de succès dans l’accomplissement de ses missions.
Récit d’une saga annoncée à El Mehdeth où les premiers palmiers s’élèvent porteurs de grandes promesses
Un immense espoir commence à prendre forme en plein milieu du désert tunisien. L’Armée nationale est à pied d’œuvre. Nous sommes à El Mehdeth, au fin fond du sud-est, à 25 km d’El Faouar. Kébili, le chef-lieu du gouvernorat, est à 60 km d’El Faouar, soit 95 km au total. Le défi à relever est d’y créer une grande oasis sur 1 000 hectares et d’y installer un millier de familles (soit près de 5 000 personnes). Chaque famille aura son propre logement (de 78 m2) et son propre lot de palmiers dattiers d’un hectare de superficie totale déjà planté.
Dès l’abord du site, les premiers signaux sont magnifiques. Des palmiers poussent, des cultures sous serre livrent leurs premières récoltes de tomates, alors que des pommes de terre sont cueillies.
Routes, aménagement, infrastructure de base, forage de puits d’eau, électricité, champs d’énergie solaire, école, dispensaire, bureau de poste, maison des jeunes, mosquée et autres : tout se réalise. L’engouement des candidats à sélectionner est fort. Des milliers de demandes affluent, attendant d’être examinées par une commission régionale présidée par le gouverneur de Kébili.
L’Office de Rjim Mâatoug pour le développement du sud et du Sahara se déploie à grande vitesse. Le modèle développé par l’Armée nationale, depuis la fin des années 1980 à Rjim Mâatoug, a déjà fait ses preuves. Cette oasis, qui s’étend sur 2 500 ha, fait vivre près de 8 000 personnes, produit pas moins de 24 000 tonnes de dattes, ainsi que des fruits et légumes, tous d’une grande saveur.
Une démarche méthodique soutenue
«Le succès de cette expérience pionnière, a déclaré le ministre de la Défense nationale, Khaled Sehili, a motivé le lancement d’un projet similaire dans la région d’El Mehdeth». En effet, à la lumière des enseignements tirés, ce projet pilote sera renforcé et décliné. A commencer par El Mehdeth, où il sera réalisé en trois étapes successives. La première, devant être achevée en 2026-2027, porte sur 400 hectares. Les deux suivantes sur 320 hectares chacune, à un rythme plus accéléré.
Aménagement hydraulique et infrastructure (puits, réseaux d’irrigation, routes, électricité, etc.), protection des installations, plantation des lots, création d’une station d’appui et préparation à l’accueil des premières familles : les travaux sont incessants. «Les premières étapes ont déjà été entamées, souligne le ministre, avec le forage de puits, l’aménagement des parcelles agricoles, les premières plantations, ainsi que la construction du village résidentiel et des infrastructures sociales, éducatives et sanitaires.»Dès le départ, indique le directeur général de l’Office, le colonel-major Fayez Ben Rejeb, il fallait procéder aux études hydrogéologiques qui ont démontré un potentiel significatif d’eau souterraine d’un débit de 1 000 litres/heure. La profondeur des puits à forer est de 250 à 300 m. Les études pédologiques ont déterminé le choix des emplacements les plus aptes aux plantations. Complétés par les études socioéconomiques de faisabilité ainsi que celles d’exécution, les travaux ont pu démarrer. Premiers jalons importants, la construction d’une route de 45 km, reliant El Faouar à El Mehdeth, et tout au long d’un réseau de pylônes électriques.
La première étape de 400 hectares a été conçue en 5 unités de 80 hectares chacune. D’ores et déjà, deux premières unités ont été réalisées, deux puits forés et de jeunes palmiers plantés. Les premiers logements sont construits, tout comme les équipements socio-éducatifs. Dans cet effort, une étroite collaboration est engagée avec les départements ministériels, les institutions de recherches agricoles et les groupements interprofessionnels. L’appui des autorités régionales est significatif.Marque d’attention, le président de la République, Kaïs Saïed, a choisi de célébrer la fête de l’arbre à El Mehdeth, où il s’était rendu le 12 novembre 2023 pour planter un palmier dattier et féliciter l’Armée pour son action.
Une mission de large envergure
Les objectifs sont ambitieux. Il s’agit de désenclaver la région, d’y créer un pôle de vie et de production agricole, avec les nouveaux emplois indispensables, d’alléger la pression sur les autres oasis, de lutter contre la désertification et de contribuer à un développement durable. Outre le logement et le lot de terrain agricole planté, chaque bénéficiaire obtiendra durant les sept premières années du projet une indemnité mensuelle de soutien. Tous seront encouragés à se constituer dans des groupements de développement agricole pour accéder à des activités de formation et d’appui.Le projet d’El Mehdeth s’insère en fait dans une vision plus large. «Par leurs impacts économiques, sociaux et environnementaux, les projets de Rjim Mâatoug et d’El Mehdeth, souligne le ministre de la Défense nationale, constituent une base solide pour élargir les missions de l’Office. Elles portent désormais, en outre, sur les domaines de l’agriculture oasienne, des énergies renouvelables, de l’industrie locale, du tourisme alternatif, de la création de zones de libre-échange frontalières, de l’industrie pharmaceutique et du tourisme saharien. »
«Ces projets, mentionne le ministre, s’inscrivent dans une démarche volontariste visant à assurer un développement régional équitable, à réduire les disparités entre les régions et à intégrer les zones intérieures dans le tissu économique national, dans le cadre d’une stratégie fondée sur l’autosuffisance et la sécurité alimentaire et énergétique.»
Le dispositif qui manquait
La Tunisie a grandement besoin d’un dispositif intégré pour appréhender les différentes questions relatives au sud et au Sahara. L’Office de développement du Sud (créé en 1984) a montré ses limites, comme l’a mentionné le chef de l’Etat le 25 mars 2024, annonçant sa décision de créer un nouvel office. Les différentes expériences sectorielles tentées ont, en effet, démontré la nécessité de regrouper au sein d’un même commandement différentes missions essentielles. Tout en favorisant l’action de chaque partenaire concerné et tout en lui apportant l’appui nécessaire, il s’agit de désigner un opérateur central, d’action, de coordination et de soutien. Tel a été conçu l’Office de Rjim Mâatoug pour le développement du sud et du Sahara dans sa nouvelle configuration. Outre ses attributions initiales, de nouvelles missions lui sont assignées par le décret n° 2025-247 du 8 mai 2025. Il s’agit de:
- La contribution à la réalisation des projets de développement et de mise en valeur au sud et au Sahara, en collaboration et en coopération avec les services extérieurs des ministères et avec les collectivités locales, les entreprises et les établissements publics concernés, et ce, notamment dans les secteurs suivants:
• La promotion des sources hydriques, des oasis, des cultures, du couvert végétal saharien et de l’élevage.
• La promotion des énergies alternatives et renouvelables.
• Le développement des industries basées sur les substances locales, notamment l’industrie du verre, du gypse et des produits et industries pharmaceutiques.
• La promotion du tourisme saharien et de la thérapie par les eaux naturelles.
• Le développement des activités commerciales des produits locaux,
• La préservation de la biodiversité et la protection des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction.
De nouvelles missions, de nouveaux défis, l’Armée nationale comme à l'accoutumée ne ménagera aucun effort.