News - 22.05.2025

Foued Mebazaa: Adieu Monsieur le Président الله يرحمـــــك !

Mondher Rezgui: Adieu Monsieur le Président الله يرحمـــــك !

Par Mondher Rezgui - A peine avait-il pris ses fonctions de président de la République par intérim que Foued Mebazaa appela à ses côtés Mondher Rezgui, pour lui confier la direction du cabinet présidentiel. Il avait apprécié ses qualités alors qu’il était chercheur puis directeur du Centre de recherches et d’études parlementaires à la Chambre des députés, et l’a choisi pour assumer cette délicate fonction clé au cœur du nouveau pouvoir, sachant qu’il pouvait compter sur son expertise et son intégrité.
De janvier à décembre 2011, Mondher Rezgui sera un témoin privilégié, mais aussi un acteur central au Palais de Carthage, coiffant l’ensemble des services de la Présidence de la République (administration, sécurité, protocole, communication, etc.). Il assurera en outre le suivi de la mise en œuvre de toutes les décisions et l’examen de tous les textes soumis à la signature du chef de l’Etat. Travaillant directement avec lui au quotidien, partageant avec lui des moments parfois très difficiles et collaborant pleinement avec le gouvernement et les nouvelles instances, il saura apporter une efficacité vigilante et imprimer une fluidité facilitatrice.
En guise de témoignage et d’hommage, il adresse la lettre posthume suivante au Président Foued Mebazaa.

Vous êtes parti avec la sérénité que procure la ferme conviction du devoir accompli envers votre pays et envers votre peuple durant toute une vie dédiée pleinement au service de la nation.En tant que militant politique, votre parcours n’a jamais connu de rupture depuis votre adhésion, à 14 ans, au Parti socialiste destourien (PSD) en 1947. Pour votre génération, un tel engagement était fondamentalement patriotique plutôt que partisan.

Vous avez certes nourri un profond respect pour le grand leader Habib Bourguiba et porté une admiration singulière pour le militant Taieb Mhiri. Cependant, vous avez manifesté en permanence un sens développé de la mesure par rapport aux personnes et un attachement inconditionnel au service de la patrie. C’est cet esprit qui vous anima tout au long de votre longue carrière politique.

Vous avez été certes aidé par un détachement personnel naturellement manifeste par rapport au pouvoir, ce qui vous apporta une «immunité» exceptionnelle face aux vagues successives de  «neutralisation» ciblant tous ceux qui pouvaient donner l’impression de nourrir une certaine ambition pour le leadership politique.

C’est bien votre désintéressement inné du pouvoir en général et du leadership politique en particulier, doublé de votre patriotisme sincère et votre empathie naturelle, qui vous valut cette longévité politique qui intrigue à ce jour beaucoup de monde.

Ce même désintéressement naturel du pouvoir avait contribué à nourrir l’information erronée selon laquelle vous auriez refusé l’intérim de la magistrature suprême le 14 janvier 2011. Or, ce jour-là, la situation pour vous ne se posait pas dans ces termes. Le moment était grave et historique et votre acceptation d’assumer la présidence intérimaire de la république n’était pas définitivement tranchée.

Votre réflexion était plutôt accaparée par cette désintégration si significative d’un rêve de jeunesse lié à la construction d’un Etat censé transcender ses dirigeants et être au service de son peuple.

C’est à cet effondrement que vous avez songé en premier lieu en raison d’une gestion individualiste de plus en plus déconnectée par rapport aux attentes légitimes de tout un peuple. Il s’agissait pour vous d’un peuple qui constitua, aux yeux et à l’esprit des pères fondateurs du jeune Etat tunisien, la raison d’être même de cet Etat libéré du joug de la colonisation.Dans ces moments de réflexion grave vous avez été mû par une volonté personnelle profonde et sincère de contribuer, dans le cadre d’une œuvre nationale collective, à corriger le cours de l’Histoire. Cela donna lieu, dans l’humilité, à une adhésion convaincue et déterminée à la légitimité de l’ensemble du processus révolutionnaire en tant que devoir ultime à l’égard de la Tunisie pour contribuer à la prémunir contre toute dérive destructive, préparer son évolution sur la voie démocratique avant de transmettre ses destinées à ceux que les Tunisiens allaient choisir par voie d’élection.

Vous avez ainsi adhéré aux thèses de la Tunisie profonde avec humilité et enthousiasme loin de toute médiatisation, vous jurant de servir la cause de la révolution. Vous vous êtes alors attelé à la tâche, en tant que Président de la République par intérim, pour contribuer à mettre le pays sur la voie démocratique comme furent le rêve le plus sublime et l’ambition la plus idyllique des promoteurs du jeune Etat tunisien.

Je dois personnellement reconnaître que votre adhésion spontanée à cet élan démocratique porté par la révolution ne m’a pas surpris puisque j’ai eu l’honneur et le privilège de vous assister, depuis les années 2000 alors que vous présidiez l’institution parlementaire, dans votre initiative visant à créer un espace libre de réflexion et d’échange multidimensionnel auquel étaient associés parlementaires, enseignants universitaires et experts multidisciplinaires, toutes sensibilités politiques confondues, pour débattre librement de sujets divers sur la base de conférences présentées par des spécialistes parmi les enseignants universitaires et les hauts cadres de l’administration ou du secteur privé. Vous avez, par ailleurs tenu à placer cette dynamique sous le contrôle d’un comité scientifique composé paritairement de parlementaires en exercice (tous universitaires à l’origine) et d’enseignants universitaires en exercice.

Pour mesurer la marge de liberté de réflexion et d’expression dont jouissaient les participants à cet espace ouvert aux médias, il importe de souligner qu’aucune activité dans ce cadre n’a été soumise à une quelconque directive, orientation, réserve ou censure de quelque nature que ce soit. 

Par ailleurs, vous avez tenu à ce que tous les travaux réalisés dans ce cadre soient diffusés à grande échelle au public par voie de vente, sous forme de publications dans trois séries différentes.

Face à la révolution, vous avez choisi de demeurer honnête et transparent, de réfléchir dans le partage et la concertation, de vous exprimer avec franchise et sincérité, d’agir avec courage et responsabilité.Il s’agissait pour vous de faire en sorte que la réussite de la transformation politique recherchée en Tunisie fusse l’œuvre commune de tout un peuple devant lequel tout individu ou groupe d’individus, quelle que fût la contribution apportée et au-delà du rôle assumé, se devait de tirer sa révérence et partir, au bout de sa mission, laissant à l’Histoire seule la charge d’évaluer à sa juste valeur la contribution de chaque groupe ou individu à l’œuvre nationale.

Vous vous êtes résolu alors à assumer vos fonctions provisoires à la tête de l’Etat d’une manière assez particulière qui pourrait, dans vos plus intimes convictions, inspirer ultérieurement l’élaboration d’un nouveau régime par la constituante à élire.

Ayant été vous-même, autant constitutionnellement missionné que personnellement engagé à veiller à la réussite de la transition, vous avez considéré que la conduite des affaires publiques se devait d’être démocratique pour paver le chemin vers la démocratie autant dans l’esprit que dans la pratique.

Dans l’exercice quotidien de vos fonctions au sein de l’exécutif, vous avez pris l’initiative de marquer vos attributions à votre manière. Vous avez favorisé la concertation ministérielle élargie à tous les membres du gouvernement et la prise de décision collective relevant de chaque sujet objet de débat en conseil des ministres.

Cela a fait du conseil des ministres la plus haute instance gouvernementale collégiale au vrai sens du terme et de ses décisions, des résolutions collégiales qui engageaient moralement la responsabilité du président par intérim, du Premier ministre et de tous les membres du gouvernement présents au conseil des ministres en question.

Vous avez aussi insufflé un esprit de corps dans le travail gouvernemental. Cela portait notamment sur deux volets en apparence contradictoires mais en réalité complémentaires: il s’agissait de la responsabilisation sectorielle d’une part et de la démarche accompagnatrice d’autre part.
Cet esprit de corps de l’exécutif, toutes composantes confondues, Président, Premier ministre et membres du gouvernement, avait constitué certes votre choix privilégié grâce à votre tempérament conciliateur.

Face à l’hétérogénéité de la composition gouvernementale et dans un souci d’efficacité et surtout de redevabilité, vous avez privilégié la responsabilisation des membres du gouvernement, chacun dans le périmètre de ses attributions.

Dans le cadre du suivi régulier des activités gouvernementales, vous avez affiché ouvertement votre disponibilité à la concertation avec tout membre du gouvernement qui le souhaiterait pour examiner toute difficulté de quelconque nature que ce soit qui pourrait surgir dans son domaine et qui risquerait d’entraver le développement sectoriel escompté.

Dès votre investiture, vous avez opté pour la refonte du cabinet présidentiel dans le sens de la réduction d’autant plus que vous ne vouliez surtout pas en faire le doublon du gouvernement légitime.

Votre première décision fut de dissoudre ce cabinet et de former un autre tout en veillant à ce qu’il soit de taille beaucoup plus modeste et surtout adéquate à sa mission fondamentale, celle d’apporter l’assistance nécessaire au Président de la République dans l’accomplissement de ses prérogatives. Il devait par conséquent demeurer bien en dehors du cercle de l’action gouvernementale.C’est dans cette perspective et de manière bien réfléchie et sciemment choisie que le directeur du cabinet présidentiel ne fit pas partie du gouvernement.

Vous avez ainsi opté délibérément pour un nouveau style de gouvernement. Il s’agissait d’un style façonné beaucoup plus par une attitude personnelle en nette rupture avec celle de votre prédécesseur malgré une configuration constitutionnelle cultivant encore davantage la domination du Chef de l’Etat.

A partir de vos convictions intimes et pour honorer vos engagements envers les Tunisiens, vous avez choisi de soutenir fermement et rationnellement la dynamique nationale globale ciblant la refonte du régime politique.

Dans ce cadre, vous avez choisi d’assurer le soutien à cette dynamique en vous interdisant toute interférence de quelque nature que ce soit dans son déroulement et plus particulièrement dans le fonctionnement et les conclusions de ses mécanismes institutionnels dont les circonstances d’initiation n’étaient pas similaires bien qu’ils eussent obéi tous à une finalité identique : contribuer à travers des rôles complémentaires à la transformation démocratique de la Tunisie.

Vous avez également opté pour une fermeté mesurée dans la gestion des affaires publiques. Cette fermeté, vous l’avez manifestée à travers certaines questions dont:

(i) le report des élections de la constituante de juillet à octobre 2011.
(ii) la tentative de destitution non concertée du premier président du tribunal administratif.
(iii) le refus de nomination d’un nouveau membre du gouvernement.
(iv) le refus de l’extradition de l’ancien Premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi.
(v) le refus d’inviter un chef d’Etat en particulier à la cérémonie d’ouverture des travaux de l’Assemblée nationale constituante.

Ainsi, loin de toute théâtralité politicienne, vous avez alterné entre la souplesse qui laissait aux autres acteurs une marge d’initiative et d’action fort appréciable et la rigueur qui vous permettait, chaque fois que vous l’avez considéré nécessaire, de trancher les oppositions dans le sens de l’intérêt national, de calmer les esprits et même de rappeler certains acteurs à l’ordre lorsque vous le jugiez opportun.Vous avez su, à votre manière bien adroite et profondément conciliante, conjuguer votre personne, vos motivations et votre attitude pour assurer une présence positive et intelligente traduisant l’engagement de l’Etat dans une œuvre révolutionnaire fondamentalement constructive.
Ce sont de telles attitudes ou prises de position qui vous permirent de mener votre mission à bon port, ce qui n’était pas évident au départ.

Quant à vos discours, ils étaient dominés par trois thèmes interdépendants, s’élevant au rang de constantes et dont la révolution constitue le dénominateur commun.

Vous étiez pour une révolution porteuse de transition

Vous avez clairement exprimé votre volonté profonde d’agir dans le sens de la consolidation de l’élan transitionnel démocratique que portait la révolution tunisienne dans son socle fondamental.

Cependant, pour vous, l’élan transitionnel démocratique qui caractérisait la révolution tunisienne était fondamental et il se devait d’être également holistique et durable en empruntant la voie de la réconciliation nationale, ce qui lui a malheureusement manqué.

Vous étiez pour une révolution vectrice de réconciliation

Vous n’avez jamais hésité à faire valoir la voie de la réconciliation nationale comme la meilleure voie pour une transition politique démocratique tunisienne qui se devait d’être significative et résolue.

Vous avez insisté souvent sur l’impératif d’une union nationale qui ne laisse aucun espace à la division et encore moins aux frictions futiles ou aux fausses querelles héritées d’un passé à bannir à jamais dans son ensemble.

Vous n’avez pas omis pour autant d’avertir, dans un esprit de justice, contre toute apathie, torpeur ou banalisation pathétique face aux crimes et délits commis dans une transgression outrancière de la législation nationale.

Vous étiez pour une révolution source de cohésion

En raison de son importance capitale pour l’édification d’un avenir meilleur de tout un peuple, la dimension de la cohésion sociale meubla bien souvent vos discours. Cela s’opéra autant à travers l’expression de votre soutien absolu à la transition démocratique qu’à travers votre positionnement favorable à la réconciliation nationale. Vos discours ne constituèrent guère des déclarations d’intention. Ils étaient nécessairement traduits dans leur grande majorité en textes législatifs sous forme de décrets-lois rendant possible la mise en œuvre de la majeure partie des idées forces développées dans ces mêmes discours, d’où la pertinence de la production législative de cette période.Dans cette perspective, ces décrets-lois, au nombre de 121, se répartirent entre deux grandes catégories : les décrets-lois de ratification des engagements internationaux (au nombre de 47), les décrets-lois relatifs à l’ordre législatif national (au nombre de 74).

Considérée sous cet angle, cette production législative s’est articulée autour de trois axes: 

• La préparation de la construction d’un nouveau régime politique,
• La stabilisation générale du pays pour permettre l’émergence d’une atmosphère favorable à une transition sereine
• L’accompagnement des citoyens dans une dynamique de cohésion sociale couvrant à la fois l’ensemble des dimensions économique, sociale, culturelle et technique.

En somme, la production législative au cours de cette période constitua une consécration presque totale de vos discours dans cette perspective. Elle fut ainsi conséquente aux orientations que vous aviez initialement annoncées. Ainsi vous avez su, en timonier habile et grâce à votre approche collective et déterminée, guider une équipe gouvernementale exceptionnelle sur la voie de la transition.

Le seul parent pauvre de cette production législative nous semble avoir été la réconciliation nationale qui a été pourtant très présent dans vos discours en tant qu’élément moteur nécessaire pour appréhender la transition démocratique dans des conditions optimales de réussite.

Par ailleurs, vous n’avez pas cherché à imposer votre préférence pour la réconciliation nationale comme préalable à la transition démocratique puisque vous étiez fermement convaincu que:

• la cohésion des Tunisiens primait sur tout autre considération pour réussir la transition démocratique et la crainte de voir cette cohésion, certes relative, menacée de voler en éclats,
• la nécessité d’aller vers une réconciliation nationale unanime de l’écrasante majorité des Tunisiens pour être définitive,
• la réconciliation nationale constituait un impératif de société qui n’était que provisoirement reporté.
• tout ce qui était entrepris en matière de production législative autant au niveau de la conduite de la transition démocratique qu’au niveau de l’apaisement et de la cohésion sociale préparait inéluctablement le terrain pour une réconciliation nationale encore plus ancrée.

Ainsi, si le thème de la réconciliation nationale n’était pas traduit littéralement dans les faits de la production législative de votre présidence intérimaire, ce n’était pas par choix stratégique mais plutôt par repli tactique devant un processus inéluctable.Par ailleurs, ce même thème ainsi que ceux de la transition démocratique et de la cohésion sociale dans sa triple dimension stabilisante, réparatrice et optimiste en l’avenir, allaient alimenter les échanges que vous avez eus autant avec les Tunisiens de tout bord auprès desquels l’ouverture était naturelle qu’avec les hôtes étrangers venus nombreux « s’enquérir de la santé » de la nouvelle Tunisie.

En effet, lors des rencontres et entretiens que vous avez accordés dans le cadre interne tout au long de votre présidence intérimaire, vous avez adopté une dynamique d’ouverture, de dialogue et de sincérité, ce qui vous a valu le respect et l’admiration, surtout de ceux qui vous ont rencontré pour la première fois et ce malgré les divergences politiques qui vous opposaient à certains parmi eux.

Bio express

• Président de la République par intérim (15 janvier-13 décembre 2011)

• Né à Tunis le 15 juin 1933 et décédé le 23 avril 2025 (91 ans)

• Etudes au Sadiki, puis à Montpellier et à Paris, licence en droit et sciences économiques

• Chef de cabinet des ministres de l’Agriculture, de la Santé et des Affaires sociales

• Directeur de la Sûreté nationale (1965-1969)

• Gouverneur-maire de Tunis (1969-1973) 

• Ministre de la Jeunesse et des Sports (1973-1978), puis de 1987 à ??????

• Ministre de la Santé (1978-1979)

• Ministre des Affaires culturelles et de l'Information (1979-1981)

• Ambassadeur représentant permanent de la Tunisie auprès de l'Office des Nations unies à Genève (1981-1986)

• Ambassadeur au Maroc (1986-1987)

• Maire de La Marsa (1975-1980) et de Carthage (1995-1998)

• Président de la Chambre des députés (1997-2010)

Par ailleurs, dans cette même dynamique de communication directe avec tous les Tunisiens, vous avez préservé votre attachement indéfectible à la jeunesse qui a indélébilement marqué votre double passage au ministère concerné, notamment avec l’inoubliable épopée du football tunisien en Argentine. Ainsi vous n’avez pas omis les sportifs nationaux ayant excellé dans les différentes compétions internationales au cours de l’année 2011, que vous avez personnellement tenu à honorer au nom d’une Tunisie plus proche de sa jeunesse.

Sur un autre registre, vous n’avez pas hésité à accorder à la communication officielle internationale une place de choix dans votre stratégie pour rendre l’image réelle que la transition en cours se devait de véhiculer sur la scène internationale par rapport à la révolution tunisienne sur deux registres:

• la légitimité populaire évidente de la révolution, sa nature fondamentalement pacifiste, son ancrage institutionnel, sa maturité politique et son attachement aux principes de la démocratie, de la liberté, de la justice et du droit.
• le respect de toutes les normes qui régissent les relations internationales dans la continuité des traditions qui caractérisaient les rapports de la Tunisie dans son environnement maghrébin, arabe, africain, méditerranéen et international.

A la lumière de la conjoncture exceptionnelle qui avait marqué votre passage, vous avez réussi, en conjuguant votre action avec celle d’autres acteurs non moins déterminants, à honorer vos engagements initiaux. Vous avez également su vous hisser, quand l’intérêt national l’exigeait, au rang d’arbitre impartial qui était appelé à trancher en dernier ressort au sujet de certaines questions qui ne faisaient pas l’objet de l’unanimité des acteurs de la transition. Votre marge de manœuvre n’était pourtant pas illimitée.

Toutefois, mû par un esprit patriotique aigu, vous vous êtes pleinement donné à assurer votre mission présidentielle en vue d’atteindre un objectif majeur, celui de contribuer efficacement à réaliser la transition démocratique qui représentait pour vous la voie obligée du salut national.

Ce fut là la motivation principale de l’action que vous avez menée avec assurance et doigté dans une transparence singulière et un respect bien responsable des équilibres nés de la révolution et de sa dynamique naissante d’alors.

C’est bien ce passage réussi à bon port du pouvoir dans sa sphère visible que l’Histoire retiendra comme un moment fort clôturant la transition tunisienne et signant l’accomplissement honorable de votre dernière mission officielle au service de la nation.

Ce qui suivra n’incombera qu’à ses auteurs respectifs, tels que l’Histoire le déterminera.

Comme le disait Ibnou Doureid : «A sa disparition, l’être humain n’est que le souvenir de ce qu’il fut dans sa vie»

(انما المرء حديث بعده) et vous , vous avez toujours répandu le bien là ou vous êtes passé : vous avez réfléchi juste, parlé juste et agi juste: c’est ce que retiendra de vous la mémoire collective des Tunisiens.  

Monsieur le Président,

Il y a 14 ans, vous avez conclu votre dernier discours officiel prononcé à la séance inaugurale de l’Assemblée constituante le 22 septembre 2011 par le verset coranique suivant:

"وقل ربي أدخلني مدخل صدق واخرجني مخرج صدق واجعل لي من لدنك سلطانا نصيرا"
صدق الله العظيم
سورة الإسراء - الآية 80

«Dis : Mon Seigneur, mets-moi en conformité avec la sincérité et fais-moi sortir en conformité avec la sincérité. Accorde-moi dans Ta faveur une puissante protection» (Sourat Al-Israa, Aya 80) 

Reposez en paix, que Dieu vous bénisse !

Mondher Rezgui

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