Un défilé merveilleux de Fatma Redissi Ben Abdallah: Bal des déesses au Bardo

De l’inédit, doublé de merveilleux ! Un défilé de mode au musée du Bardo? Cela ne s’était jamais passé auparavant. Mais, il y a plus : habiller les déesses sculptées et les sortir de leur marbre pour les faire parader majestueusement, suscitant l’admiration et la fascination. La collection de haute couture présentée sera ainsi un très bel hommage à la femme et à la fois un clin d’œil à notre patrimoine et une projection dans notre capacité d’innovation. Ce pari multiple a été tenu par deux femmes : Amina Srarfi, ministre des Affaires culturelles, et Fatma Ben Abdallah, créatrice de mode de longue tradition et grand talent, liées toutes deux par une longue amitié. Résultat : une soirée mémorable où la femme a été célébrée dans tout son charme et toute sa beauté. En deux mois, il fallait tout monter, tout réussir : une exposition et un défilé.
Des déesses légendaires, Isis, déesse de la fertilité, Aphrodite, déesse de la fécondité et de l’amour, Cybèle, déesse-mère des dieux, et d’autres voient leurs représentations sculptées trônant au musée du Bardo. «Finement drapées de voiles et ornées de bijoux», comme l’explique Hager Krimi, historienne et commissaire de l’exposition. Cela suffit pour inspirer Fatma Redissi Ben Abdallah. «Du voile et des drapés qui passent de la pureté du blanc aux couleurs chatoyantes, avec des coiffures bien inspirées.» S’agissant de la célébration de la femme, elle laisse libre cours à son imagination créative pour concevoir de somptueuses toilettes.
Les déesses de marbre reprennent vie
Avec sa fille et disciple Nour Ben Abdallah Cherif, diplômée de grandes écoles en France et au Canada, et toute ses équipes, elles s’échinent à créer, dessiner, concevoir, choisir de beaux tissus, proposer des broderies raffinées, penser à des coiffes bien adaptées, chercher des accessoires et bijoux harmonieux et penser jusqu’aux sandales lacées. Choix réussi des mannequins, coiffure, maquillage et coiffe y ajouteront une sublime note de beauté. Les déesses de marbre reprennent vie. Fidèle à ses partenaires, Fatma Redissi Ben Abdallah a fait appel à son amie de longue date Dalila Mathari pour la coiffure, alors que Fakher Beauty se chargera de la coiffure et du maquillage. La toute pétillante et imaginative Aïcha Redissi concevra et réalisera les coiffes.Dans la grande salle «Sousse», au premier étage du musée du Bardo, chacun retenait son souffle. Tout est imposant : aux murs, des mosaïques de valeur, et le haut plafond richement décoré. L’expérience n’avait jamais été tentée auparavant et on craignait que les lieux ne se prêtassent pas à une production artistique de grande qualité. La surprise sera totale. De part et d’autre du long podium, les invités étaient installés en trois rangées, alors que de deux portes du fond de la salle devaient apparaître les mannequins.
Pour s’imprégner du concept et admirer les sculptures, les invités avaient été conviés dès leur arrivée à accompagner la ministre dans une déambulation dans l’exposition soigneusement conçue par Hager Krimi et mise en scénographie par Leila Daami. Une jeune musicienne jouait de la harpe.
Yosr Hazgui, qui suivait depuis deux mois la concrétisation du double projet lancé par sa ministre, veillait au grain, retenant son souffle.
Tout est épuré, raffiné
Le défilé devait commencer. C’est la violoniste Yasmine Azaïez qui en donnera le ton par des ballades traversant les siècles. Juste le temps d’une courte pause silencieuse, s’élance la musique devant accompagner le défilé et tout devient magique.
«Sur le podium, 22 modèles ont défilé, explique à Leaders Nour Ben Abdallah Cherif. Les 10 premiers, inspirés des déesses gréco-romaines et carthaginoises, arboraient des teintes blanches, avec trois silhouettes en bleu symbolisant la mer et le divin.» L’émerveillement est total : finesse, élégance, simplicité et talent. Voile et drapés mettent en valeur, avec une broderie soignée, la beauté du corps et tout son charme. Le simple se fait merveilleux. Le savoir-faire bien inspiré se retrouve dans le moindre détail. Pas besoin de faire compliqué quand on maîtrise son talent. Depuis près de 45 ans, Fatma Redissi Ben Abdallah n’a cessé de faire revivre la tradition de l’habit tunisien féminin, de lui tracer de nouvelles lignes et lui donner de nouvelles expressions. Chez elle, tout est épuré, raffiné.«La deuxième partie du défilé, poursuit Nour Ben Abdallah Cherif, composée de 12 modèles, a révélé une explosion de couleurs et des pièces plus extravagantes, incarnant une vision contemporaine et audacieuse des déesses d’aujourd’hui.» Là, les déesses du Bardo se réveillent, fracassent doucement leurs sculptures, se libèrent du blanc du marbre et s’élancent allègrement sur le podium dans un foisonnement de couleurs et la liberté des formes et des volumes. Encore plus séduisantes, encore plus captivantes, entrées dans leur nouveau temps, projetées dans la modernité.
Plus qu’un défilé, un bal magique
Amina Srarfi et Fatma Redissi Ben Abdallah ont tenu leur pari. Réveiller les déesses, pour la ministre, les habiller au goût des temps modernes en redoublant leur charme, pour la grande créatrice de mode. Chaque femme qui portera désormais l’une des créations de cette collection se sentira ainsi déesse à sa manière. Les sculpteurs avaient inscrit dans le marbre figé la beauté de la femme. Fatma Redissi Ben Abdallah a libéré les déesses de leur carcan pour les faire danser joyeusement et en toute fierté dans leurs beaux apparats.Plus qu’un défilé, un bal magique, dans un endroit exceptionnel, un véritable régal de finesse et d’esthétisme.
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