News - 18.01.2025

La prestation de serment: une longue histoire américaine

La prestation de serment: une longue histoire américaine

Par Mohsen Redissi - La prestation de serment a l’audace et l’insolence de sonner le glas pour le président en exercice, mais aussi la délicatesse de faire sortir en grande pompe le président élu de sa clandestinité. De l’ombre à la lumière, sa cachette a assez duré, le pouvoir était encore entre les mains de son prédécesseur.

Au-delà de la valeur intrinsèque de la prestation de serment dans la passation pacifique du pouvoir et les attentes des Américains de leur nouveau président, elle est la cérémonie qui a le plus voyagé à travers l’espace, le temps et la forme.

Au lendemain du scrutin, le président élu entre en fonction, touche le salaire d’un président en exercice, se terre dans le quartier général que lui-même a choisi. Il bénéficie de tous les avantages dus à son rang: le secret, la confidentialité et la protection du service secret. Les sous-sols de la Maison blanche restent l’endroit idéal, spécialement aménagés pour accueillir le nouveau dirigeant et ses lieutenants à chaque élection. Certains présidents préfèrent rester dans leurs fiefs. C’est plus commode pour eux. Le président élu assiste aux briefings de la sécurité nationale et commence officiellement à diriger discrètement le pays. Joe Biden avoue avoir conclu l'arrêt des hostilités entre Hamas et Israël avec le concours de Trump.

Cette trêve de soixante-dix jours est une bénédiction. Elle permet au président élu de choisir dans le calme loin du bruit et la fureur son cabinet. Certains membres sont proches de lui; ils l’ont côtoyé, soutenu, conseillé, lui ont fourni ses notes et ses idées et l'ont suivi tout au long des élections primaires et présidentielles dans le doute comme dans l’espoir au gré des sondages. Il y a enfin ceux qui ont massivement investi dans sa campagne durant deux ans. Un prêté pour un rendu.

Ce répit permet au président sortant et ses siens de bien savourer leurs derniers moments à la Maison blanche. Plusieurs présidents aux derniers jours de leur mandat accordent la grâce présidentielle après la disgrâce à d’anciens proches collaborateurs. Président Biden vient d'accorder la grâce à son fils Hunter accusé de fraude fiscale et de port d'armes sous l’emprise de la drogue. Charité bien ordonnée commence par soi même. Quant à Donald Trump, il compte accorder la grâce au maire de la ville de New York Eric Adams, l’enfant de sa ville, accusé de corruption. Du tac au tac.

La prestation de serment: pourquoi faire?

La prestation de serment est une machine bien huilée, devenue une routine après plus deux siècles, mais elle est différente à chaque fois, unique même. Chaque président s’efforce à laisser son empreinte sur le déroulé de la prestation. De simple cérémonie, elle est devenue un show digne des grands studios hollywoodiens.

L’article II, section 1 de la Constitution américaine précise qu’“Avant d'entrer en fonctions, le président prêtera serment ou prononcera la déclaration suivante :

«Je jure (ou je déclare) solennellement que je remplirai fidèlement les fonctions de président des États-Unis et, que dans toute la mesure de mes moyens, je sauvegarderai, protégerai et défendrai la Constitution des États-Unis.»

Tout commence par le premier président George Washington; le modèle incontournable. Son improvisation a payé. L’influence a été définie comme la capacité de leadership, il a établi sans faire exprès lors de sa première investiture à New York, capitale fédérale provisoire, les règles et certaines des procédures de la cérémonie d’inauguration:

La prestation de serment se passe à l’extérieur devant une foule
Le serment prêté la main sur la Bible
Le serment prêté devant un juge
Un discours inaugural prononcé devant le Congrès
Des festivités accompagnant l’inauguration, un service religieux, un défilé et des feux d’artifice.

Rutherford B. Hayes, 19éme président, 1877-1881, a lancé la tradition selon laquelle le président élu se rend tout d’abord à la Maison blanche pour rencontrer le président sortant avant de se rendre au Capitole. Le vice-président sortant et le vice-président élu suivent dans une voiture séparée. Les membres de la commission sénatoriale des arrangements ferment le cortège. Le Comité mixte du Congrès sur les cérémonies d’investiture ne voit le jour qu’en 1901.

La cérémonie d’investiture n'est ni immuable, ni rigide, ni figée dans un passé révolu. Le processus a changé avec les mentalités des présidents. Les facilités techniques et technologiques ont permis aux organisateurs de toucher la perfection. Du nouveau à chaque prestation, une surenchère au fil des cérémonies et rien ne semble arrêter la mégalomanie de quelques-uns des présidents. Le meilleur reste à venir.

Dans son discours d’investiture, William Henry Harrison, 9éme président, 4 mars 1841 - 4 avril 1841, un mois en tout; après avoir prêté serment a déclaré à la foule que le serment d’office qu’il venait de prêter en tant que président des États-Unis n'est pas requis par la loi. Administrée à tous ses prédécesseurs, la prestation de serment est considérée par toute la classe politique comme un pacte avec le peuple américain.

L’investiture est un moment solennel, un moment de partage et de réconciliation nationale. Tous les anciens présidents, encore en vie et bien portants, répondent présents. Ils ont enterré la hache de guerre le temps de la prestation. John Adams, 2éme président, 1797-1801, est le premier président à refuser d’assister à la prestation de serment de son successeur Thomas Jefferson à cause d’une brouille. Vice-président sous Adams, Jefferson se présente contre lui et emporte les élections. Le dernier en date est Donald Trump, 45 présidents, 2017- 2021, qui a refusé de reconnaître sa défaite devant Joe Biden. Il a préféré le gazon de son terrain de golf à l’esplanade du Capitole.

Main sur la Bible! Levez la main droite et dites je le jure!

La bible joue un rôle prépondérant dans la cérémonie de prestation sans que le public ne s’en rende compte. Est-elle un outil de propagande? Un objet d’adoration? Un signe d’appartenance? Un talisman? Un réconfort personnel. Une façade? Tout ça à la fois.

La bible est un livre en intermittence, laissé à la discrétion du président élu. Certains présidents ont prêté serment sans avoir recours à la bible. Ils se restent fidèles à l’esprit de la constitution qu’ils vont protéger. Elle ne contient aucune mention à la bible, ni aux hommes d’église ni au discours. Certains ont prêté serment sur une bible fournie par le clerc de la Cour suprême; un oubli peut-être? D’autres ont un rapport bien particulier avec la Bible. C'est le cadeau d’un proche, ou d’un être cher où une bible ayant appartenu à la famille depuis plusieurs générations. Une sorte de communion entre le passé et le présent, le partage du vécu avec les ancêtres en leur faisant montre de sa fierté d'être un des leurs.

D’autres présidents ont prêté serment sur une bible, une unique bible utilisée tout au long de leur parcours politique, président Biden entre autres. Un signe fort d'appartenance et de continuité. Les pages saintes du livre de prières sont en quelque sorte leur carbone 14. Les pages jaunies par l'utilisation révèlent la datation de leur ascension politique. Dates, lieux et occasions y sont consciencieusement consignés. La page de garde de la bible est le portique d’une vie politique qui défile à chaque occasion. Leur Bible est leur repère spirituel et céleste mais en même temps le résumé de leur vie et leur guide terrestre. Lors des grandes occasions, ils s’y plaisent à remonter le temps en lançant de longs soupirs. Le tracé des dates est comme une lecture des signes de la main en voyant les étapes de leur vie défiler, le travail d’une cartomancienne. Chaque occasion, chaque date, chaque lieu leur rappelle un moment joyeux de leur vie passée.

Certains présidents ont formulé le désir d'utiliser une bible ancienne ayant appartenu ou ayant servi à l’investiture d’un président géant, héros ou symbole national. Ce souhait est un message fort et une étiquette d’appartenance, une continuité dans la lutte idéologique de son héros, son aîné et prédécesseur.

John Quincy Adams, 6ème président, 1825-1829, est le président à réinstaller la prestation de serment la main sur une bible. D'après sa propre version des faits, lui le fervent chretien, s’est servi d’un livre de droit. Il a noté sur son journal en mars 1825 qu’il a prêté serment de défendre la constitution des E-U et non pas la bible. Un tricheur honnête.

On assiste dans les cérémonies de prestation à une surexploitation de l’aspect religieux, une overdose. Plusieurs présidents trouvent le réconfort en se faisant accompagner par deux ou trois hommes d’église, comme si un seul n’est pas à la hauteur de leur ego. Le choix des prédicateurs est un indice de leur appartenance et un clin d'œil à leur congrégation.

Donald Trump, 45éme président, 2017-2021, s’est fait accompagner, lors de sa première prestation de serment, par un rabbin, un révérend et un évêque. Quant à George H.W. Bush, 41éme président, 1989-1993, il a utilisé deux bibles, celle de sa famille et celle utilisée par George Washington. Pour la psalmodie des prières, il a choisi un rabbin et un révérend, et pour la bénédiction un deuxième révérend.

Les présidents, même s’ils ne sont pas des religieux pratiquants, ratissent large pour ne pas offusquer la sensibilité d'un électorat ultra religieux qui pèse lourd le jour des urnes. Ma foi, deux religions dominent: le judaïsme et le christianisme et leurs différents courants théologiques. Toutes les confessions, à un moment ou un autre sont représentées sauf l’Islam. Il manque sur scène, aucun des 45 présidents américains élus n’est d’ascendance arabe ou musulmane. Le Président Barack Hussein Obama a semé le doute et a laissé ses partisans sur leur faim.  

Les présidents prévoyants ont tout mis en place avec leurs équipes car le moindre détail compte. Une bible à la main ou à portée de main. Le livre saint n’est pas ouvert à la hâte, un marque-page placé au passage choisi à la lecture. Le choix de la bible et le chapitre n’ont jamais été anodins, tout est calculé, le travail d’un stratège. Le symbolisme du passage a une signification particulière au président et son entourage.

Président Truman a utilisé deux Bibles, la première celle qu’il a utilisée en 1945 lorsqu’il a prêté serment à la mort de Franklin Roosevelt ouverte sur Matthieu 5 (Béatitudes). La seconde est un fac-similé de la Bible de Gutenberg, un cadeau de la Chambre de commerce du Missouri, ouverte à Exode 20 (les Dix Commandements).

Une mention spéciale pour trois anciennes bibles ayant appartenu ou ayant servi à des présidents ou à des personnages illustres; celle ayant servi à l’investiture de George Washington, premier président, celle d’Abraham Lincoln pour ses actions pour l’émancipation des esclaves et celle de Thurgood Marshall, premier afro-américain à siéger à la Cour suprême.

Passage à l’heure d’hiver

Le président élu ne s’installe réellement à la Maison blanche que le 20 janvier, onze semaines après le suffrage populaire. Ce répit est d’une importance capitale pour les deux chefs de l'exécutif. Le président sortant boucle ses affaires et profite de ces moments de relâche. Quant au président élu, le temps lui est compté. Cette période est propice; il doit choisir les membres de son futur cabinet, ses conseillers et établir avec l’administration sortante le calendrier de la transition des pouvoirs.

Le Congrès a décidé en 1788 de commencer ses premières séances le premier mercredi de mars; mois du redoux et bien avant les moissons. Le premier mercredi du mois de mars était le 4 marquant ainsi le début des travaux du nouveau gouvernement fédéral. Le congrès a également décidé en 1792 de coïncider la prestation de serment avec le début de ses travaux. Deux en un. Une seule exception celle de George Washington qui a prêté serment le 30 avril 1789, au Federal Hall de New York.

Rutherford B. Hayes, 19éme président, 1877-1881, a tenu à prêter serment en privé le samedi 3 mars dans le salon de la Maison-Blanche, le 4 mars 1877 tombait un dimanche, jour du Seigneur. Le lundi 5, une inauguration publique. D’autres présidents ont marché sur ses pas. Le zèle est devenu une coutume depuis, si le jour de prestation tombe un dimanche, une prestation se tient en comité restreint à la Maison Blanche et de reporter au lendemain les manifestations publiques avec une deuxième prestation grandeur nature. Cette pratique est en contradiction avec l’esprit du XXème amendement. Le mandat du président sortant prend fin à midi, celui du président élu commence à midi. Prêter serment la veille signifie un chevauchement de pouvoirs et pour l’espace d’une journée le bureau ovale est pris d’assaut par deux présidents.

Le krach boursier 1929 et la mauvaise gestion du président Herbert Hoover, 31ème président, 1929-1933, de la crise économique ont tous deux eu un impact négatif sur l'état d’esprit des américains. Quatre mois de transition paraissent trop longs, pourquoi attendre avec un président élu sur la touche. Le Congrès décide de s’en débarrasser en ratifiant le XXème amendement de la Constitution américaine, ramenant ainsi la date d'investiture au vingtième jour du mois de janvier lui coupant l’herbe sous les pieds à deux mois avant la fin de son mandat.

La grande vadrouille

Les autorités ont toujours détesté laisser l'exécutif à la dérive, le vide constitutionnel. La célérité, pas la précipitation, se justifie par la profondeur de la tâche. L’essentiel est de faire prêter serment au nouveau locataire du bureau ovale sans attendre les ordres ni tenir compte du moment où de l’endroit, ni de celui qui fait prêter serment. La Constitution américaine reste muette sur la manière de mener le serment. Malgré toutes les dispositions prises, il y a eu des défaillances du système et des hommes. John Quincy Adams, 6éme président ,1825-1829, a noté ce point précis dans son journal que le retard crée «une sorte d'inter règne pendant lequel il n'y a aucune personne qualifiée pour agir en tant que président».

Huit vice-présidents ont prêté serment à la mort d’un président, le neuvième a prêté serment à la suite d’une démission. Une prestation à la faveur des circonstances qui peut avoir lieu de jour comme de nuit à l’heure qui suit la vacance de la fonction. Aucune règle ne vient établir les priorités à prendre dans ce genre de situation. Hôtels, maisons familiales, fermes, endroits inhabituels et insolites considérés appropriés pour prêter serment.

Ni faste, ni perte de temps, ni tergiversation, une prestation à modèle réduit dans des circonstances inhabituelles. Deux individus suffisent pour remplir la tâche et rester fidèle à l’esprit de la Constitution: la personne qui prête serment et le témoin qui fait prêter le serment. Une leçon d’humilité.

Elle se passe en douceur et dans la sérénité à la Maison blanche par écrit dans le bureau ovale entre le président et son vice-président quand le président doit être anesthésié pour subir une intervention médicale même bénigne. Il est inconscient donc incapable de prendre de décisions. Joe Biden a dû déléguer ses pouvoirs à son vice-président Kamala Harris qui devient présidente pour quelques heures. C’est par écrit également qu’il a mis un terme à cette délégation quand il a repris connaissance.
L’essentiel de la prestation de serment se passe de la même manière en temps de paix comme en temps de tempête au gré des circonstances. Le cérémonial et l’endroit ne sont choisis que sous la contrainte. Son urgence se justifie par la cassure dans la chaîne de commandements.

George Washington a fait 36 km à cheval, de Mount Vernon lieu de sa résidence, et a traversé trois Etats jusqu’à New York  du 16-23 avril, le plus long trajet jamais parcouru par un président pour une investiture. Le 30 avril 1789 G.W. a prêté serment, main sur une Bible, devenue depuis sa bible, au balcon du Federal Hall à New York surplombant Wall Street, serment tenu devant le chancelier Robert Livingston. Le juge n’est là que pour donner un aspect officiel et solennel à l’investiture. Quatre ans plus tard, il a tenu son deuxième discours à Philadelphie, capitale provisoire en attendant la fin des travaux de construction de la capitale fédérale. Le plus court discours de l'histoire, 135 mots seulement. Le seul président à prêter serment dans deux villes différentes: une première fois à New York et une deuxième fois à Philadelphie, le 4 mars 1793.

Le 4 mars 1801, le président élu Thomas Jefferson s’est rendu à pied au Capitole sans tambour ni trompette; il a élu domicile à proximité. Il est le premier président à prêter serment à la nouvelle capitale fédérale. Jefferson a tenu sa prestation à la Chambre des représentants.

Pour James Monroe, 5ème président, 1817-1825, le dimanche est le jour du Seigneur. Après consultation des juges de la Cour suprême, il a décidé de décaler sa première prestation au lundi 5 mars. Une plate-forme provisoire a été installée  devant la Cour suprême pour sa prestation et un discours inaugural à l'extérieur.

John Quincy Adams, 6ème président, 1825-1829, est le premier président à réinstaller la prestation de serment la main sur une bible et première prestation sur le Portique Est du Capitole.

L’investiture d’Andrew Jackson, le 4 mars 1829, fut la première des 35 célébrations à se dérouler sur le front est du Capitole face à la Bibliothèque du Congrès et à la Cour suprême.

VP John Tyler était chez lui en Virginie lorsqu’il a reçu la nouvelle de la mort de William Henry Harrison. Tyler a immédiatement pris un autocar pour WashDC. Le lendemain, le 6 avril 1841, Tyler prête serment en tant que président à l’hôtel Indian Queen sur Pennsylvania Avenue.

Le 10 juillet 1850, le VP Fillmore prête serment lors d’une cérémonie publique dans la Chambre des représentants après la mort de Zachary Taylor la veille.

Matanzas, ville portuaire à 97 kilomètres à l’est de La Havane, est le théâtre de la cérémonie d'investiture, dans la douleur, du VP William Rufus DeVane King le 24 mars 1853. Malade et faible, il est parti à Cuba pour convalescence. Pour la première et unique fois le Congrès adopte une loi autorisant le VP à prêter serment à l’etranger. Une délégation de parlementaires fait le voyage pour cueillir sa prestation. Il meurt le lendemain de son retour. Ironie du sort, il a agi en tant que président pro tempore du Sénat en 1850, lorsque Zachary Taylor est mort et que le vice-président de l’époque, Millard Fillmore, a assumé la présidence.

VP Andrew Johnson prête serment dans la résidence Kirkwood House, WashDC., appartenant à George Atzerodt, co-conspirateur dans l’assassinat d’Abraham Lincoln, le 15 avril 1865.

Le 19 septembre 1881, VP Chester Alan Arthur a prêté serment à son domicile à New York, à la suite du décès du président James Garfield. Deux jours plus tard, le président Arthur a réitéré le serment dans la salle du vice-président du Capitole en présence de deux anciens présidents Grant et Hayes.

Rutherford Birchard Hayes, 19ème président, 1877-1881, est le premier à prêter serment dans la salle rouge de la Maison-Blanche le samedi 3 mars, puis le lundi 5 mars.

Chester A. Arthur, 21ème président, 1881-1885, est le premier président à prêter serment chez lui suite à la mort du président James Garfield et le premier à réitéré le serment deux jours plus tard, dans la salle du vice-président du Capitole, en présence de deux anciens présidents Grant et Hayes.

VP Théodore Roosevelt a prêté serment comme 26 présidents, 1901-1909, dans la bibliothèque de sa maison à New York le 14 septembre après la mort de son prédécesseur William McKinley.

Thomas Woodrow Wilson, 28ème président, 1913-1921, est le premier président à prêter serment dans la salle du président du Capitole. Il a tout d’abord prêté serment en privé le dimanche 4 mars 1917, puis en public le lundi 5. Il a fait annuler le bal inaugural pour la première fois depuis 1853. Inapproprié selon lui pour une occasion si solennelle.

VP Calvin Coolidge, a été informé tôt le matin de la mort de son président Warren G. Harding alors qu’il était dans la propriété familiale de Plymouth, Vermont. Le 3 août 1923, à la lueur d’une lampe à pétrole, Coolidge prête serment comme 30 président, 1923-1929, devant son père le colonel John Calvin Coolidge, fermier, notaire et juge de paix. Le 21 août, Coolidge répéta la cérémonie dans sa suite à l’hôtel Willard à Washington, D.C.

Franklin Delano Roosevelt, 32ème président, 1933-1945, est le premier président à prêter serment le 20 janvier selon le 20e amendement de la Constitution en même temps que son vice-président. Une simple cérémonie à la Maison Blanche sans fanfare, ni défilé, ni célébration. Le pays est en guerre.

Harry S. Truman, 33 président, 1945-1953, est le premier président à prêter serment le soir de la mort de Franklin Roosevelt dans la salle de réunions du cabinet présidentiel le 12 avril 1945, et le premier président à quitter ses fonctions le 20 janvier après l’adoption du vingtième amendement.

Dwight D. Eisenhower, 34ème président, 1953-1961, et pour la première fois le jour du serment un dimanche, 20 janvier, a été décalée au lundi 21. Pas d’urgence, il s’agit d’une réélection.

Le 22 novembre 1963, Lyndon B. Johnson, 36ème président, 1963-1969, a prêté serment en tant que président dans la carlingue d’Air Force One à Love Field à Dallas, Texas. Le corps de John F. Kennedy gisait dans la soute. A la vie à la mort.

Le 9 août 1974 à la suite de la démission de Richard Nixon, 37 président, 1969-1974, le VP Gerald R. Ford a prêté serment dans la salle Est de la Maison Blanche en tant que 38ème président, 1974-1977.

En 1981, l’investiture de Ronald Reagan, 40ème président, 1981-1989, a été la première à se tenir sur le front ouest du Capitole afin de minimiser les coûts de construction et d’améliorer la visibilité pour un plus grand nombre de spectateurs
George H. W. Bush, 1981-1989, est le premier vice-président à assurer à deux reprises un intérim sous la présidence de Ronald Reagan. Une première fois quand Reagan a été touché par balle; une deuxième fois quand Reagan devait subir une  opération en 1985 sous anesthésie.

Barack Obama, 44ème président, 2009-2017, est le premier président à faire symboliquement le trajet en train de Philadelphie à Washington sur les traces de son idole et le premier président à s’adresser à la foule depuis le Lincoln Memorial au moment où la nation se prépare à célébrer le 200e anniversaire de la naissance d’Abraham Lincoln.

Clap de fin

Après le départ de l’ancien président et de la première dame, le nouveau président se retrouve dans la salle présidentielle avec son entourage le plus proche pour signer en grande pompe en présence de la presse ses premiers décrets.

La Commission mixte du Congrès pour les cérémonies d’investiture organise un déjeuner en l’honneur du président et du vice-président nouvellement assermentés, environ 200 invités sont conviés au National Statuary Hall du Capitole: les juges de la Cour suprême, les membres du Cabinet et les membres de la direction du Congrès. 

Les dernières années, en marge de la cérémonie de prestation, le Comité organise des expositions de peinture pour marquer l’anniversaire ou la naissance d’hommes d’Etat américains ou leur prise de fonction. Des cadeaux sont offerts au président, au vice-président et aux convives.

La forme que prend l’investiture et la symbolique derrière confèrent à cette cérémonie son unicité. Le stade suprême de la transition pacifique entre des administrations successives pour les américains. Les rouages se sont bloqués pour la première fois sous le président Donald Trump. Il n’a pas reconnu sa défaite, a refusé de signer la feuille de passation de pouvoir et a ordonné l’assaut du Capitole. Quatre plus tard, il entre à la Maison blanche en triomphateur. Une belle leçon.

Des conditions climatiques désastreuses ont souvent obligé les organisateurs à écourter la cérémonie ou à changer d’endroit. William Henry Harrison, 9éme président, 1841-1841, est mort de pleurésie un mois après sa prise de fonction pour avoir bravé un temps froid sous une pluie battante.

Mohsen Redissi