News - 22.12.2024

Rafaâ Ben Achour : A la mémoire de l’Ambassadeur Sleheddine Abdelleh

Rafaâ Ben Achour : A la mémoire de l’Ambassadeur Sleheddine Abdelleh

Un grand militant et un monument de la diplomatie tunisienne vient de nous quitter. Il s’agit de l’Ambassadeur Sleheddine Abdelleh, rappelé à Dieu le 17 décembre dernier à l’âge de 92 ans.

Outre ses grandes qualités professionnelles attestées par le nombre impressionnant de charges publiques assumées (ambassadeur en Ethiopie, au Liban, en Egypte, au Maroc, en URSS, en Egypte de nouveau et à New York auprès de l’ONU ; secrétaire d’Etat à l’Information, directeur de l’Institut diplomatique d’études pour la formation et les études qu’il a mis en place, membre du comité directeur de l’Association tunisienne des Nations Unies), ‘Si Sleh’ était d’une civilité exquise.

J’ai eu le privilège de connaitre cette remarquable personnalité et de la côtoyer à différentes occasions. Une profonde amitié, faite de respect et de communauté de pensée nous a liés. La disparition de ‘Si Sleh’ m’a énormément affecté. En lui rendant cet hommage, je ne couvrirai qu’une infime partie de ses qualités professionnelles et humaines.

A New York

Du 13 au 17 mars 1995, se tenait à New York, au Palais de verre le Congrès des Nations Unies pour le droit international organisé dans le cadre de la décennie des NU pour le droit international (1990 – 1999), (Résolution de l’Assemblée générale n° 44/23 du 17 novembre 1989) et du cinquantenaire de l’Organisation mondiale. Prenant part à cet évènement juridique mondial, j’ai fait la connaissance à New York, du Représentant permanent de Tunisie auprès de l’ONU, l’Ambassadeur Sleheddine Abdelleh. Dès les premiers moments de notre rencontre, Si Sleh m’a exprimé toute la vénération et toute l’admiration qu’il avait à l’égard de son ancien professeur du Collège Sadiki, mon père, Cheikh Fadhel Ben Achour dont il suivait par ailleurs, avec attention et assiduité, les conférences hebdomadaires qu’il donnait à la Khaldouniya. Il a tenu à m’entourer, durant mon séjour new yorkais, de toute sa sollicitude et de sa bienveillance. J’ai ainsi bénéficié de son soutien, de son hospitalité et sa permanente disponibilité.

Lors de notre première rencontre, j’ai évoqué avec lui mes liens universitaires avec le Secrétaire général de l’ONU d’alors, la Professeur Boutros Boutros-Ghali, et exprimais le souhait de lui rendre une visite de courtoisie, si son agenda le permettait.

Mon souhait n’a pas été pris à la légère par l’Ambassadeur Abdelleh. Il a déployé tout son art diplomatique et ses bonnes relations avec Boutros-Ghali pour rendre ce souhait de rencontre réalisable. Ainsi, avant la séance de clôture du Congrès au cours de laquelle, le SG devait prononcer un discours, j’ai été invité par le service du protocole de l’ONU, accompagné de mon épouse et à notre grande surprise, à rejoindre le bureau du Secrétaire général attenant à la salle de l’Assemblée générale, pour y rencontrer Boutros-Ghali. Le Secrétaire général nous accueillait chaleureusement. Il était accompagné de l’Ambassadeur tunisien (Photo ci-après). Si ‘Sleh’ ne m’avait pas révélé l’arrangement du rendez-vous. Il tenait à m’en faire l’agréable surprise.

A l’Institut diplomatique de formation et d’études

De retour au siège du Ministère des affaires étrangères en 1997, l’Ambassadeur Abdelleh a été chargé de diriger l’Institut diplomatique pour la formation et les études, récemment créé par la loi n° 97-42 du 16 juin 1997. Dans sa vision de la formation des jeunes diplomates, le nouveau directeur tenait à charger des enseignements et de la formation, non seulement les professionnels des affaires étrangères mais également des universitaires. C’est ainsi qu’il fit appel à moi pour être membre du Conseil scientifique de l’Institut et me chargea d’assurer le cours de droit international et de relations internationales. Avant chaque enseignement, je passais par son bureau et échangeais avec lui sur différents sujets. Il tenait, chaque fois, à m’accompagner à ma salle de classe.

A l’ATNU

Enfin, j’ai eu à côtoyer ‘Si Sleh’ au sein du Comité directeur de l’Association tunisienne des Nations Unies (ATNU). Nous nous voyions régulièrement, au moins une fois par quinzaine, lors des réunions du bureau de l’ATNU, alors présidée par l’Ambassadeur M’hammed Essaâfi. Souvent ‘Si Sleh’, passait me prendre dans sa voiture à mon domicile à la Marsa. Le trajet aller –retour était une occasion d’aborder différents sujets de politique internationale et de littérature. ‘Si Sleh’ étalait pendant ces rencontres toute sa culture et son savoir et ne ratait jamais l’occasion d’évoquer les enseignements et les conférences de mon père.

Comité directeur de l’ATNU

Avec la disparition de l’Ambassadeur Sleheddine Abdellah, une grande figure nationale disparait. Il a servi son pays sans compter et a souvent sacrifié son bien-être personnel et familial pour défendre les intérêts de la Tunisie avec un engagement patriotique sans faille.

Rafaâ Ben Achour

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