News - 10.08.2024

75e anniversaire de l’Otan: L’éternelle belligérante alliance et la stratégie du chaos complet

75e anniversaire de l’Otan: L’éternelle belligérante alliance et la stratégie du chaos complet

Par Mohamed Ibrahim Hsairi - L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) a célébré son 75e anniversaire lors du sommet qu’elle a tenu du 9 au 11 juillet 2024, en présence de 32 chefs d’Etat ou de gouvernement, réunis  à Washington sous la direction du président des Etats-Unis, Joe Biden, dans le même auditorium où les 12 premiers dirigeants de l’alliance avaient signé son traité fondateur le 4 avril 1949.

Curieusement, aussi bien les observateurs, les analystes que les médias occidentaux, au lieu de se concentrer sur le contenu de cet important rendez-vous, qui s’est tenu à un moment marqué par les grands bouleversements qui sont en train de secouer le monde, ont préféré porter leur attention sur la conduite du président américain qui ne cessait de sombrer dans la sénilité mais qui continuait à diriger cette alliance militaire démesurément puissante, et sur les nouvelles bourdes et bévues qu’il n’a pas manqué de commettre, tant à l’ouverture du sommet qu’à la conférence de presse qu’il a donnée  à l’issue de ses travaux.

Aussi est-il nécessaire, à mon avis, de jeter un regard sur les principales décisions prises par le sommet mais également sur les multiples allusions, insinuations et surtout menaces proférées par les dirigeants occidentaux à l’encontre des rivaux des Etats-Unis et de leurs alliés. En effet, et bien que la «défense et la dissuasion» aient figuré parmi les principaux sujets inscrits à son ordre du jour, le sommet de l’Otan est venu confirmer, encore une fois, que cette organisation est réellement celle de tous les dangers, car non seulement il a affirmé qu’elle maintenait son cap, mais il a réaffirmé sa raison d’être, à savoir la domination du monde à n'importe quel prix.

Outre les desseins belliqueux que l’on retrouve en filigrane dans le discours du président Joe Biden lors de l’ouverture du sommet, une grande partie des travaux a été consacrée à la promotion de davantage de provocation, d’escalade et de militarisme, tout en criant haut et fort que l’Occident n’hésitera pas à éliminer tous ceux qui le remettent en question ou le contestent.

Ainsi le sommet a érigé la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du nord en ennemis jurés et permanents de l’Occident et a engagé, de ce fait, les membres de l’Otan dans une ère de guerre institutionnalisée, de violence mondiale et de chaos complet. S’agissant de la Russie tout d’abord, les dirigeants de l’Otan semblent faire tout leur possible pour prolonger encore la guerre en Ukraine qui dure depuis plus de deux ans et dont le déclenchement a été, selon Moscou, provoqué par l’expansion de l’alliance vers l’est. A cet égard, et à titre d’exemple des postures provocatrices américaines, le secrétaire d’Etat Antony Blinken, s’exprimant au cours des débats, a qualifié l’idée de l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance d’«inévitable et irréversible».  Ensuite et concernant la Chine, les trente-deux pays membres ont signé une déclaration l’accusant d'avoir permis la guerre en Ukraine par le biais de son «partenariat sans limites» avec la Russie.

La Chine, affirme la déclaration, «est devenue un facilitateur décisif de la guerre de la Russie contre l'Ukraine», avant d’ajouter qu’elle  pose des «défis systémiques à la sécurité euro-atlantique» et se livre à des «tactiques et efforts coercitifs» pour semer la division entre les États membres de l’alliance. Pour sa part, Jens Stoltenberg, le secrétaire général sortant de l’Otan, a accusé la Chine de «s’affirmer davantage en mer de Chine méridionale», et de «menacer ses voisins et Taiwan». De plus et partant de la conviction que  «l’avenir du monde se jouera dans et autour de l’océan Indien», les États-Unis ne cachent plus que leur stratégie globale vise, dorénavant, à contrôler les routes maritimes pour contenir la Chine et leurs autres concurrents, c’est-à-dire les forces émergentes du Sud global. Et pour ce faire, ils poursuivent, en collaboration avec les puissances occidentales alliées, leurs tentatives d’attirer les pays de la région de l’Asie-Pacifique dans leur sphère d’influence.  C’est pourquoi il est à craindre que l’Otan ait l’intention d’étendre son champ d’action à l’Asie de l’Est, et de suivre les États-Unis dans leur confrontation avec la Chine, qui s’intensifie de plus en plus et de jour en jour.

D’ailleurs, la Corée du Nord, qui est également accusée d’assister la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, ne cesse de critiquer les États-Unis et leurs alliés occidentaux qui, estime-t-elle, font pression et cherchent à créer une alliance qui pourrait être une version asiatique de l’Otan. Enfin et s’agissant de l’Iran, l’Otan, dont les inquiétudes se sont accrues à son égard ces derniers temps, a annoncé lors du sommet la création d'un bureau de liaison dans la capitale jordanienne, Amman, qui aura pour mission de contribuer à endiguer  l’expansion de l'influence croissante de Téhéran dans la région.

Intervenant alors que la guerre génocidaire d'Israël à Gaza, soutenue et facilitée par les États-Unis et ses alliés de l'Otan, dure depuis dix mois, l'établissement de ce bureau s’inscrit dans le cadre de la volonté des États-Unis de reprendre le contrôle de la région du Moyen-Orient, et de renforcer leur présence en Méditerranée orientale, afin de mieux  protéger Israël… En analysant l’ensemble des éléments qui constituent cet agenda de l’Otan, on ne peut que conclure que cette alliance est peut-être sortie de son état de mort cérébrale, comme l’a dit le président français Emmanuel Macron il y a cinq ans, mais ce qui est grave, en revanche,  c’est qu’elle semble avoir perdu la tête. En effet, il est évident qu’elle n’est pas en adéquation, même lointaine, avec la réalité du monde d’aujourd’hui et qu’elle souffre d’un déni total des transformations radicales qu’il a subies, surtout durant les trois dernières décennies. Ceci est foncièrement dangereux car il ne manquera pas d’élargir le gouffre qui sépare déjà les pays du «nord collectif» des pays du «sud global».

Mohamed Ibrahim Hsairi




 

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