Abdelfattah Amor: tenace et persévérant
Par Ghazi Gheraïri - Parler de Abdelfattah Amor est un exercice extrêmement difficile tant la personnalité de notre cher disparu est dense et son parcours riche.
J’ai eu l’occasion de connaître le Pr Amor alors que je rejoignais la faculté de Droit de Tunis. Nous étions nombreux, étudiants et juristes en herbe passionnés de politique et avides d’apprendre les arcanes du droit public, à fréquenter le fameux amphi 1 et à nous abreuver de sa science.
Ses conférences alliant sobriété, solennité et grande pédagogie ont marqué plusieurs générations de juristes. Ensuite, c’est à la faculté des sciences juridiques de Tunis dont il a été l’un des fondateurs et le premier doyen que nos chemins se sont recroisés. Si Abdelfattah a mis toute son énergie et sa passion à la réussite du décollage de cette autre maison du droit à Tunis.
Pourtant, et malgré un parcours universitaire remarquable, c’est probablement l’Académie internationale de droit constitutionnel qui restera comme l’œuvre scientifique et institutionnelle majeure de la foisonnante carrière du Pr Amor.
En effet, c’est avec quelque 25 juristes venus de pays et d’horizons divers et réunis à Tunis à son initiative que la déclaration donnant naissance à l’Académie fut proclamée en 1984. D’aucuns voyaient ce projet voué à l’échec. D’autres avaient même prédit qu’elle ne survivra pas à sa première année.
C’était méconnaître la ténacité et la persévérance de Si Abdelfattah. L’Académie continue jusqu’à aujourd’hui à assurer régulièrement ses sessions (la 27ème se tiendra en juillet 2012) et à publier ses recueils de cours. L’Académie est incontestablement une belle success story scientifique internationale animée par un noyau d’universitaires tunisiens qui doit beaucoup à Abdelfattah Amor.
Un autre trait me paraît caractériser le parcours universitaire international du Pr Amor, à savoir son souci constant de voir hissée très haut la participation scientifique tunisienne.
Il a toujours veillé à transmettre aux jeunes générations d’universitaires autour de lui ce virus du patriotisme scientifique.
Je suis heureux d’en avoir été contaminé. En ce moment de recueillement à sa mémoire, il me parait important de prendre conscience qu’en perdant Adelfattah Amor, la Tunisie a perdu un éminent professeur et un grand patriote.
Ghazi Gheraïri
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