News - 09.12.2023

Alain Juppé et le 14 janvier 2011

Alain Juppé et le 14 janvier 2011

Dans ses mémoires récemment publiées sous le titre de Une histoire française (Editions Tallandier), Alain Juppé revient avec révélations et analyses sur le déclenchement du «Printemps arabe», à partir de la Tunisie, en décembre 2010. Ministre des Affaires étrangères à l’époque, il écrit : «Les chancelleries occidentales sont surprises; les gouvernements américain et européens s’accommodaient volontiers de leurs relations bienveillantes avec des dirigeants dont ils n’ignoraient ni les méthodes répressives, ni la corruption clanique. Mais ils leur savaient gré d’assurer une forme de stabilité dans la région, et, de toute manière, avouée ou pas, l’idée était bien ancrée dans nos esprits que les peuples arabes n’étaient pas prêts ni même faits pour la démocratie.»

Remplaçant au pied levé Michèle Alliot-Marie, limogée par Nicolas Sarkozy, suite à ses «maladresses et déclarations imprudentes sur les manifestations populaires en Tunisie notamment», il a essayé de «comprendre les raisons de cette vague de fond» et réuni le 16 avril 2011, à l’Institut du monde arabe, un colloque intitulé : «Le Printemps arabe : enjeux et espoirs d’un changement». Concluant les travaux, Alain Juppé avait affirmé : «Il faut bien le reconnaître, pour nous tous, ce ‘’printemps’’ a constitué une surprise. (…)  Aujourd’hui, c’est toute notre politique à l’égard du monde arabe que nous devons repenser. Ne nous y trompons pas : si dans six mois, dans un an nous n’apportons pas de réponses aux attentes des populations, si dans six mois, dans un an les jeunes privés de perspectives et les peuples sont plongés dans une pauvreté plus grande encore que celle qu’ils connaissaient jusqu’à présent, rien ne pourra les empêcher de se jeter dans les bras des radicaux de tous bords…»

Alain Juppé évoque largement la déliquescence du régime Kadhafi et la décision de bombarder ses troupes «pour empêcher un bain de sang», la situation en Syrie et en Irak, et dans de nombreux autres pays. En toute sincérité, il avoue des erreurs d’appréciation de la France…

Un livre passionnant, où l’ancien Premier ministre revient sur ses origines familiales, ses années d’études, son engagement politique, les charges assumées et les épreuves endurées. Soigneusement écrit par lui-même, on y retrouve l’intime et le public.