News - 10.07.2023

Hommage au Docteur Abderrahmen Mami, assassiné par la colonisation française

Hommage au Docteur Abderrahmen Mami, assassiné par la colonisation française

Par Mondher Mami -  Il y a soixante-neuf ans, le Docteur Abderrahmane Mami, grand patriote, militant nationaliste et premier médecin du Bey de Tunis, tombait au champ d’honneur.

Depuis soixante-neuf ans, les recherches de la vérité sur cet assassinat, ainsi que sur celui de Farhat Hached ou des frères Haffouz, sont demeurées vaines.

Cette vérité, nous la devons à tous ceux qui par leur histoire douloureuse ont contribué largement à l’avènement de l’indépendance de la Tunisie.

Nous la-devons également à tout le peuple tunisien et à tous les français qui refusaient que la grandeur de leur peuple ne repose que sur la force brutale érigée en système auquel la Tunisie a été soumise.

En effet «la main rouge», reconnue comme étant l’auteur desdits crimes nous apparait, non pas seulement, comme une organisation terroriste, dont l’existence reste obscure, mais plutôt comme une organisation fictive créée par les services secrets et servant de bras armé à La France pour mener des activités à caractère terroriste.

Le Président François Hollande, tout en reconnaissant les souffrances que la colonisation a infligées au peuple tunisien, disait, lors d’une visite d’Etat à Tunis, qu’il fallait avoir le respect de la mémoire et le devoir de vérité sur les assassinats commis pendant cette période.

Depuis, nous attendons que les historiens aient accès aux archives liées à l’ensemble de ces événements.

L’assassinat du Docteur Abderrahmen Mami, à qui nous rendons hommage aujourd’hui en raison de la date anniversaire de sa mort, avait déclenché le 13 juillet 1954 un enchainement de violence (au vu de la multiplication des attentats commis à la suite de cet événement) qui a conduit le gouvernement français à réexaminer la question de son autorité en Tunisie.

Pour le Président Beji Caid Essebsi, cet attentat a largement contribué à promouvoir et à mieux faire connaître la cause tunisienne sur les plans national et international et a ouvert à La Tunisie la voie de la Reconnaissance. 

En effet, le Président du Conseil Pierre Mendes France de retour à Paris, le soir du 13 juillet, déclarait à sa descente d’avion à Villacoublay qu’il allait s’entretenir avec M. Fouchet, ministre des affaires marocaines et tunisiennes, pour examiner avec lui la situation en Tunisie et les défis aux quels la France était confrontée à savoir le fonctionnement normal des Institutions et l’action du Mouvement Nationaliste, avant de se rendre ensuite chez le Président de la République.

A l’issue de ces entretiens le Président du Conseil du gouvernement français décida d’une nouvelle politique coloniale qu’il exposa devant le parlement français le 21 juillet avant de se rendre en Tunisie, le 31 juillet, pour proclamer l’autonomie interne de ce pays dans le cadre d’une politique «de décolonisation raisonnée».

S’agissant de l’assassinat du Docteur Abderrahmen Mami, il convient de rappeler que l’exhumation, le 20 mai 1956, de l’un de ses assassins, ouvrit la voie à l’arrestation de plusieurs complices français dont le Docteur Puigalli, maire adjoint de La Marsa.

L’enquête révéla que ce dernier avait constitué dans cette ville une cellule de l’organisation terroriste «la main rouge» et qu’il avait hébergé les commissaires Pierangeli et Gillet alors qu’ils étaient recherchés par la police tunisienne pour appartenance à une organisation criminelle.

A ce jour, nous n’avons obtenu aucune information concernant le départ de ces criminels. Nous ne savons ni pourquoi, ni comment ils ont été autorisés à quitter La Tunisie sans être jugés, bien qu’ils aient été impliqués dans des actes terroristes.
Devons-nous nous résigner à accepter ces réalités ou devons-nous poursuivre notre lutte pour la recherche de la vérité?
La vérité est un devoir, la connaître est une obligation.

Mondher Mami