Dr Lilia Bouguira: Le temps de pleurer nos morts
Svp
Ne remuez pas plus, le couteau.
Les plaies sont encore béantes
Le deuil
Presqu'impossible.
Ayez la décence de nos morts.
Leur sang est encore rouge.
Leur corps pas refroidis.
Les mots sont pâles et tombent.
Les larmes creusent et s'en vont vers la mer.
Satin de soie parfois
Mugissante depuis.
Le sang drape les linceuils
Le terrorisme a plus d'une place dans ce petit pays. Crapuleux attentat.
Le pourpre rejoint l'olivier et le jasmin.
Le bougainvillier est exsangue.
Du sang partout le temps d'une pause- prière.
Ils étaient tous venus faire la fête et prier.
Des cris crèvent le ciel.
La Ghriba est attaquée
Dans sa plus belle ziara et ses milliers de pèlerins.
De toutes nationalités.
Djerbahood.
Djerba pour tous.
La peur.
Le caravensail
Six cents hommes, femmes et enfants pris d'assaut
En haute sécurité.
La sécurité est touchée
Cinq morts et des blessés.
Un terroriste les a abattus de sang froid.
Côte à côte, ils sont tombés
Juifs et musulmans
Musulmans et juifs
Pour une même patrie
Un même Dieu
Le même drapeau.
Ni hymne ni deuil national.
La cicatrisatisation, le deuil difficiles.
Les œufs sont morts dans leur trou.
La fête tourne au cauchemar.
Le noir de la nuit et des balles assassines
Les kandils éteints
Les sanglots étouffés
Un silence égorgé
Les vœux aussi.
Les mots n'ont plus de sens.
La hiloula également
Une danse mortuaire
La haine de l'autre.
L'horreur
Une tuerie lâche
Les hiboux perpétuent
Cain et Abel
Pour un Dieu qui leur reste indifférent.
Dr Lilia Bouguira