News - 05.12.2022

Mondial Doha 2022: La magie du foot, la fête pour tous (Album Photos)

Mondial Doha 2022: La magie du foot, la fête pour tous

Par Taoufik Habaieb, envoyé spécial à Doha - Puissance de l’argent ou force du concept ? Les deux! Comme l’illustre grandiosement le Qatar à la faveur de la Coupe du monde de football qu’il organise du 20 novembre au 18 décembre. L’Emirat, si riche en gisements gaziers, n’a pas lésiné sur le financement : pas moins de 220 milliards de dollars investis, soit le prix le plus fort depuis la première coupe en 1932. La force du concept : la Fifa et sa Coupe ont forgé au fil des ans un évènement mondial qui fait vibrer la planète tout entière. Le grand mérite du Qatar sera cependant d’y mettre son génie. «Nous voulons surtout montrer que nous sommes capables de réussir un très grand évènement mondial, de propager la fête partout, et d’offrir au monde des moments exceptionnels», confie à Leaders un officiel du Haut comité pour les projets et l’héritage en charge de l’organisation. «C’est-à-dire capables de faire de bons choix et d’assurer une bonne mise en œuvre, en prévoyant des plans B et C, s’il le faut», ajoutera-t-il.

Eprouvé par le Covid et ses confinements successifs, pénalisé par une inflation débridée, et subissant de plein fouet les répercussions de la guerre en Ukraine, le monde entier aspire à des moments de répit. Sur les cinq continents, on veut jouir d’instants de joie, de fête, d’enthousiasme, d’espoir, et accepter aussi les déceptions des défaites sportives. Aucun évènement planétaire, autre que le Mondial, ne procure autant de fortes sensations, de réels plaisirs et tant d’émerveillement. C’est le message porté par Doha.

Le Qatar qui compte 2.9 millions d’habitants, concentrés à Doha, la capitale et sa proche banlieue, est entièrement sur un nuage. Partout les drapeaux des pays participants sont hissés aux poteaux d’éclairage, accrochés aux balcons, déployés sur des immeubles. Dès la tombée de la nuit, des éclairages chatoyants illuminent édifices officiels et buildings, alors que les cités résidentielles, les centres commerciaux, les marinas et les parcs de jeux se trouvent colorés par des éclairages festifs. Les huit stades deviennent des temples mondiaux du football. La fête est partout.

Coulisses.

L’arrivée à Doha est facilitée : point de visa, ni d’attestation de vaccin anti-Covid ne sont exigés. Il suffit de présenter son passeport et sa carte digitale Hayya. Cette carte personnalisée où tout est consigné sera le sésame pour tous les accès. Remplie avant le voyage, elle comprend une photo, la copie du passeport, le code d’au moins un billet de match, la réservation d’hôtel, des données d’identité et les coordonnées. Elle sera un véritable laissez-passer.

Le nouveau métro de Doha, gratuit, comme les bus de transport public, assure la desserte, de l’aéroport au centre-ville, jusqu’aux stades. La circulation, fluidifiée, s’en trouve facilitée.

L’accès aux stades est bien organisé. Autour de chacun des huit stades, un large périmètre est sécurisé en filtres successifs. Des files sont prévues selon les différentes catégories : chefs d’Etat et de gouvernement et autres officiels de très haut niveau, très hautes personnalités (VVIP), personnalités (VIP), invités, médias et public. Chacun doit disposer soit de son invitation, soit de son accréditation ou de son billet d’entrée. Présentés à l’accueil, ils sont scannés et donnent accès à l’enceinte extérieure du stade, puis aux tribunes. Pas de confusion possible : la porte d’entrée spécifique, la rangée et le siège sont dûment mentionnés.

Des lounges cinq étoiles sont réservés aux invités de marque. Des hôtesses, à l’accueil, les conduisent vers la table qui leur est réservée puis les invitent à un buffet digne d’un grand palace, alors que des serveurs proposent des boissons en tous genres, y compris vins et alcools. Une grande baie vitrée donne accès directement à de spacieuses tribunes qui surplombent le terrain de jeu. Suivre ainsi les matchs de si près et dans cet écrin de luxe accroît l’émerveillement.

La cérémonie d’ouverture du Mondial, dimanche 20 novembre au stade Al Bayt, a été éblouissante. Un spectacle féérique a donné le ton. Rien n’y a manqué : ni la musique, ni la chorégraphie, ni les lumières et, en apothéose, un gigantesque feu d’artifice qui a illuminé le ciel. Si 80 000 spectateurs de diverses nationalités s’y sont pressés, plus d’un milliard de téléspectateurs du monde entier ont suivi la retransmission. A la tribune d’honneur, l’Émir Tamim ben Hamad Al Thani avait pris place, accompagné de son père, Hamad ben Khalifa, et d’une pléiade de chefs d’Etat, princes héritiers, chefs de gouvernement et d’illustres personnalités ainsi que les dirigeants de la Fifa. C’est ainsi qu’ont pris part à cette cérémonie notamment le Roi Abdallah de Jordanie, les présidents Abdelfattah Al Sissi, Abdelmajid Tebboune, Mahmoud Abbès, Recep Tayyip Erdogan, Macky Sall, Paul Kagamé, George Weah, le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohamed ben Salman, le prince héritier du Koweït, Michaal Al Ahmed, l’émir de Dubaï et vice-président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed bin Rached, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres, et d’autres personnalités. La Tunisie y était représentée par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Deguiche.

De grandes joutes footballistiques sont livrées chaque jour. Les dieux des stades sont tous sur les terrains. Des légendes historiques comme Neymar, Messie, Ronaldo, Giroud et Mbappé, pour ne citer que ceux-là, sont devant vous, en pleines batailles. Pour la première fois dans l’histoire de la Coupe, six femmes arbitres (trois arbitres, trois assistantes) sont au sifflet. C’est l’Emirat du Golfe qui leur a ouvert la voie

Des ballets chorégraphiques dessinent les jeux, d’extraordinaires prouesses font vibrer les filets. Des pépites qu’on ne soupçonnait guère révèleront d’immenses talents et créent la surprise. Sueurs et larmes, cris de joie et détermination à vaincre ponctuent les matchs. Aux aguets, les recruteurs observent tout et les agents de joueurs mènent la négociation pour les futurs mercatos.

Souk Wagef, reconstitution pittoresque de l’ancienne ville de Doha, est devenu le cœur battant de la planète foot. Pas un seul groupe de près de 1.5 million de supporters des 32 équipes qui disputent la 32e édition de la Coupe du monde de football ne manque d’y faire un pèlerinage, haut en couleur. Des processions successives sillonnent nuit et jour la rue principale et celles adjacentes, tambour battant, drapeaux déployés, bariolés en costumes et chapeaux traditionnels, et chants discontinus, dans une ambiance des plus festives. Ils viennent de partout, non seulement des 32 pays participants, mais du monde entier. Des familles entières avec des grands-parents, des enfants et des bébés déferlent par vagues successives. Des jeunes, fort enthousiastes, défilent, dansant et chantant. Cafés et restaurants sont pris d’assaut. Des magasins bien approvisionnés offrent des produits en tous genres, notamment les parfums traditionnels, des objets d’artisanat, des produits alimentaires locaux et exotiques et des cadeaux.

Le parc d’El Bidda, à quelques encablures de Souk Wagef, a été aménagé, en collaboration avec la Fifa, en très vaste Fan Zone, pouvant accueillir des dizaines de milliers de visiteurs. Les attractions  sont multiples : suivre en direct sur des écrans géants les différents matchs, assister à des concerts, boire et manger au choix dans des bistrots, restaurants, fastfoods ; la gastronomie et les boissons (vins, bières…) sont au rendez-vous. En un super-festival international, les spectacles ne s’arrêtent pas. Les enfants sont comblés par divers jeux qui leur sont dédiés.

Une jeunesse vibrant au même rythme. Le spectacle le plus édifiant est celui de ces jeunes qui viennent de pays, de cultures, de traditions, de religions et de modes de vie différents et qui se retrouvent en fusion avec l’esprit du Mondial. Toutes les barrières tombent. Seuls le drapeau déployé, le taouage sur le visage ou un chapeau typique indiquent l’origine. Le jean-tee-shirt s’impose en uniforme pour tous. De très belles filles saoudiennes, iraniennes, latino-américaines, européennes, arabes et africaines se fondent dans cet immense brassage humain, rivalisant de charme et de séduction. Tous ou presque sont avides certes des joies du Mondial, mais aussi de découvrir un pays, le Qatar, sa société, ses traditions. Des contacts se nouent, des amitiés naissent. Doha devient le plus grand rendez-vous mondial de la jeunesse…

Les Tunisiens au Qatar au cœur de la fête. Le nombre de résidents ne cesse d’augmenter d’année en année. Officiellement, ils sont près de 50 000, pour la plupart des cadres moyens et supérieurs, employés dans divers secteurs, notamment les finances, l’informatique, le transport aérien, la santé, l’éducation, le commerce, le tourisme, la fonction publique, le sport et autres. Ils sont jeunes, très actifs, appréciés et respectés. De jeunes couples, avec un ou deux enfants, pour la plupart, ils s’y plaisent. Pour la Coupe du monde, nombreux parmi eux ont invité parents et amis à venir leur rendre visite, surtout avec la facilité offerte par la carte Hayya qui les dispense des formalités de visa et de vaccin. La joie des retrouvailles est immense. On les retrouve partout faisant visiter à leurs parents et amis les différents coins de Doha et de ses banlieues, le tout nouveau mal luxueux Place Vendôme, les souks et centres commerciaux, les parcs et aires de jeux et les nouvelles cités huppées.

Certains Tunisiens sont nouvellement recrutés au Qatar, à la faveur du Mondial. Embauchés en renfort des employés en place de longue date, ils sont affectés à divers postes d’accueil, de services hôteliers et touristiques, de restauration et autres. Tous sont heureux de pouvoir bénéficier de cette opportunité, bien que d’une durée bien déterminée (de 3 à 6 mois), et espèrent gagner la confiance de leurs employeurs pour décrocher un nouveau contrat. Imen, 25 ans, titulaire d’une maîtrise en gestion, était arrivée il y a juste un mois. Elle était agent contractuel dans une banque en Tunisie et a obtenu un poste d’hôtesse d’accueil dans un grand hôtel de Doha. Son salaire tunisien est quasiment triplé (l’hébergement, la restauration et le transport étant pris en charge). D’emblée, par son sérieux et son sourire accueillant, elle a conquis l’appréciation de sa cheffe. Anis, 27 ans, diplômé en marketing, était à la recherche d’un emploi, quand il a reçu une offre dans un centre commercial à Doha. Sans hésitation, il l’a acceptée. Comme eux, d’autres jeunes se dépensent sans compter dans leurs nouveaux emplois, animés de l’ardente volonté d’être confirmés.

Les Tunisiens du Qatar ont vu leurs rangs renforcés par l’afflux de milliers de compatriotes venus des autres pays du Golfe, de Tunisie, de France, d’Italie, d’Allemagne ... Chaque jour, surtout à la veille des matchs disputés par l’équipe nationale, de nouveaux contingents débarquent à l’aéroport, brandissant le drapeau national.

Au stade, les Tunisiens font la différence dans une ambiance exceptionnelle, comme l’ont souligné de nombreux commentateurs sportifs. Sur les 49 720 spectateurs lors de la première rencontre, disputée le mardi 22 novembre au Stade de la Cité de l’Education contre le Danemark, les supporters tunisiens étaient d’au moins 27 000, facilement reconnaissables à leurs tee-shirts rouges pour la plupart, au drapeau et aux chants incessants. «Ils ont vivement impressionné les Danois et fortement soutenu le Onze national», relève un journaliste français. « Par leur présence massive et leur pression continue, ils ont largement contribué au match nul par lequel s’est soldée la rencontre », a-t-il ajouté. Encore plus nombreux, lors du match Tunisie– Australie, qui s’est soldé par une défaite. Ils ont quitté le stade Al Janoub, sur un sentiment de frustration.

Des marques qui marquent. L’écosystème mis en place par la Fifa pour financer le Mondial est intéressant à connaître. Il est constitué de 7 partenaires souvent de longue date, dont Adidas, Visa, Coca, etc. (allongeant chacun entre 50 et 70 millions d’euros par an, sur quatre ans), 7 sponsors officiels (de 10 à 35 millions d’euros) et des supporters régionaux (1.5 à 10 millions d’euros). Avec 3.5 millions de billets mis en vente, la billetterie doit procurer 500 millions de dollars. Quant aux droits de retransmission télévisée, ils doivent générer près de 2.64 milliards de recettes.

La règle est cependant claire : un partenaire ou un sponsor dépense en marketing et communication au moins l’équivalent du montant qu’il a versé à la Fifa. Si c’est 50 millions d’euros, il investira 50 autres millions pour faire connaître et vivre son sponsoring. A coup de décoration des points de vente, de concours, d’annonces publicitaires, de spots vidéo et radio et de marketing digital et opérationnel qui couvrent quasiment la planète par sa communication. Lancée plusieurs mois avant le démarrage du Mondial, elle fera monter l’engouement pour la Coupe du monde, accroître la notoriété et doper les ventes.

Judicieusement utilisés, de manière créative et ingénieuse, ces montants sont capables d’assurer un bon retour sur investissement.

Pari gagné pour le Qatar ? Tous les indicateurs augurent un franc succès. Les Qataris s’investissent tous pleinement. Ils en font leur fierté et tiennent à montrer au monde l’image d’un pays digne de son rang.

La magie du foot fonctionne à fond.

Taoufik Habaieb,
envoyé spécial à Doha

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