Tunisie: We can
Par Lilia Bouguira - Un nouveau matin d'octobre sur le pays qui semble banal le lendemain du 15 octobre et d'un 25 juillet proche : seulement, il ne l'est point mis sur la banqueroute chaque jour un peu plus depuis plus d'une décennie.
Ce qui a changé, c'est le regard d'espoir porté à neuf depuis ce 25 juillet. La symbolique n'est pas dans le président uniquement mais dans ce "We can".
Le 25 juillet était déjà couvé dans les têtes et les rêves de chaque tunisien qui assurait que cela ne pouvait pas continuer de la sorte.
Une ARP à la fois arène et cirque dont des gigolos se sont emparés. Un pouvoir à trois têtes où chaque tête défiait l'autre sans se soucier de l'intérêt général du pays qu'ils gouvernaient.
Un égo demeuré conduisait infailliblement le navire vers l'abîme. Le 25 juillet a été pour la plupart comme une bouée de sauvetage, l'arche de Noé parce que tout restait possible si l'on voulait vraiment sauver ce pays.
Une nouvelle carte de route. Des nouveaux challenges. Et surtout trouver ensemble le vrai chemin de Damas. Se réunir autour d'une table ronde pour assurer l'arrivée à bon port d'un pays qui chavire est la seule issue pour kaies saied.
Mais oeuvrer seul, c'est échouer inévitablement sur les rochers de la conspiration et des coups bas. Rien n'a perdu le pays autant que l'instance vérité et dignité qui avait pour mission de rétablir la vérité sur les violations du passé, faire la justice et surtout réconcilier le peuple.
Des jérémiades et des revendications comme précisément en ce 25 juillet 2021 où encore l'épouvantail des milliards d'indemnisation a été encore soulevé par le président du conseil de la Choura du mouvement nahdha Abdelkarim Harouni. Il a relancé douloureusement le débat autour du Fonds de la Dignité et des dédommagements qui devraient être accordés aux nahdhaouis ayant souffert sous le régime de Ben Ali. La petite mèche avant l'embrasement.
Le pays, le peuple ne pouvaient souffrir davantage de spoliation ni de prélèvement sur le gagne-pain. La majorité du peuple peine à survivre surtout après les ravages de la pandémie.
Impardonnablemment, l'instance a fait rater au pays la transition démocratique en semant plus de haine et de discorde dans le peuple.
Tous les Moody’s du monde entier ni les USA ni les autres puissances n'y pourront rien. Nous serons tous ensemble les seuls responsables du "Delenda Carthago est".
Nous n'aurons dès lors que nos yeux pour pleurer. Changeons tous ensemble, faute de quoi, nous serons tous perdus.
Lilia Bouguira
Médecin et membre de l'instance verité et dignité