Rapport annuel de la Banque centrale de Tunisie : L’urgence d’un consensus sur les principales réformes, contraintes par l'instabilité politique
"La Banque centrale de Tunisie veillera à apporter la diligence nécessaire au renforcement de la coopération avec les Autorités afin de donner à l’action économique le plus d’efficacité et permettre au pays de retrouver rapidement le chemin de la croissance et de l’emploi, objectifs prioritaires qui commandent par ailleurs, et plus que jamais, un climat politique et social plus consensuel empreint de plus de solidarité et de stabilité." C'est ce qu'écrit le gouverneur de la BCT, Marouane El Abassi en conclusion du rapport annuel de la Banque pour l'année 2020, qu'il vient de remettre au président de la République. (Télécharger le Rapport)
Rappelant la dégradation par trois agences (Fitch Ratings, R§I, et Moody’s) de la notation souveraine de la Tunisie avec des perspectives négatives, le gouverneur a indiqué que "ces agences motivent leurs dégradations de la notation par le contexte institutionnel et politique marqué par de fortes pressions sociales, une instabilité politique et une fragmentation parlementaire qui viennent s’ajouter à l’absence d’un consensus national sur les grandes réformes et aux effets néfastes de la pandémie sur l’économie."
"Néanmoins, écrit le gouverneur El Abassi, les réformes en question, dont le contenu est désormais connu de tous, demeurent contraintes par la situation d’instabilité politique et sociale récurrente, qui réduit la marge de manœuvre des autorités et restreint leur action à la gestion du court terme, dont l’horizon ne dépasse guère le cycle annuel du budget de l’Etat. Plus concrètement, et dans de telles circonstances, des risques élevés pèsent sur la capacité des autorités à relancer le processus de réformes concernant notamment l’assainissement budgétaire et le redressement du secteur public, et à assurer la mobilisation des ressources externes nécessaires à couvrir les besoins de financement importants requis au cours des prochaines années, à des conditions acceptables. De manière plus générale, la question reste posée quant à l’instauration d’un climat des affaires propice à la relance de l’investissement et de la croissance, clé de voûte du rétablissement des équilibres macroéconomiques."
Mot du Gouverneur
L’année 2020, profondément marquée par la pandémie inédite de la Covid-19, a été extrêmement difficile pour l’économie tunisienne. La croissance économique a ainsi accusé un recul sans précédent de -8,8%, dont les répercussions ont fortement pesé sur les équilibres macroéconomiques. Outre l’effet exogène induit par la crise sanitaire qui a durement frappé l’économie mondiale et notamment les principaux pays partenaires de la Tunisie, cette contreperformance est également la résultante de la persistance, voire l’amplification des difficultés structurelles dont souffre l’environnement économique et social national.
Faisant face depuis des années, déjà, à de fortes pressions, l’économie tunisienne a été confrontée au cours de l’année écoulée à un double choc d’offre et de demande, lié au contrecoup des mesures d’endiguement de la propagation du virus prises en Tunisie et dans les pays partenaires. L’effet de la fermeture des unités de production et du commerce a été conjugué à celui des mesures de confinement et de la chute des revenus des agents économiques dans un contexte d’incertitude quant à la durée et l’évolution de la pandémie.
Dans un tel contexte, l’investissement (FBCF) a accusé une forte contraction de 5 points pour chuter au niveau de 13,3% du PIB en 2020, tandis que le taux d’épargne a accusé une baisse du même ordre, revenant à 4%. Pour sa part, le marché du travail a été fortement perturbé, faisant grimper le taux de chômage de 14,9% à 17,4% d’une année à l’autre.
Ainsi donc, l’activité productive s’est trouvée entravée pour la majorité des secteurs à l’instar des industries manufacturières orientées vers l’exportation, les services marchands, notamment le secteur touristique et les secteurs connexes comme le transport, mais également les secteurs orientés vers la demande locale comme l’activité du bâtiment et du commerce. Idem pour les industries extractives, surtout l’énergie et le phosphate, qui continuent par ailleurs à endurer les turbulences sociales de manière récurrente.
Néanmoins, et malgré la conjoncture globalement défavorable, des évolutions positives ont été relevées. Le secteur de l’huile d’olive s’est particulièrement distingué aussi bien pour la production que pour l’exportation (+64% en valeur), tirant profit des mesures spécifiques d’appui que la BCT s’est activée à mettre en œuvre en vue de valoriser la campagne exceptionnelle 2019-2020. A cet effet, le secteur (agriculteurs, huileries, exportateurs, O.N.H) a bénéficié d’actions qui ont couvert l’ensemble de ses activités. Il s’agit en l’occurrence de la prorogation ou rééchelonnement des échéances de prêts, la radiation des intérêts de retard, l’octroi de facilités de trésorerie et de garanties de prêts par l’Etat, le rétablissement de la prime d’encouragement de l’exportation de l’huile d’olive conditionnée et le financement du stockage par les particuliers.
Cette bonne tenue du secteur de l’huile d’olive a, de concert avec la hausse de 10,7% des transferts effectués par les tunisiens résidant à l’étranger, contribué à l’évolution positive des paiements extérieurs. En effet, le déficit courant est revenu à 6,5% du PIB contre 8,4% en 2019, à la faveur de la contraction du déficit commercial, permettant ainsi de consolider le niveau des réserves nettes en devises à 162 jours d’importations et ce malgré le repli des entrées nettes de capitaux.
Pour sa part, le taux de change du dinar a connu, pour la deuxième année consécutive, une relative stabilité par rapport aux principales devises internationales, ce qui a conféré plus de modération à l’évolution de l’inflation. Celle-ci est ainsi revenue à une moyenne de 5,6% en 2020 contre 6,7% en 2019, aidée par ailleurs par la faiblesse de la demande intérieure et la chute des prix internationaux des produits de base et des matières premières.
Nonobstant cette amélioration, l’évolution de ces indicateurs doit être analysée avec beaucoup de prudence, car elle reflète le repli des échanges de biens et de services, lui-même lié au fléchissement de la demande globale et de l’activité économique dans son ensemble, plutôt que la performance du secteur extérieur.
Cependant, et sur un autre plan, l’envol du déficit budgétaire en 2020 pour atteindre un niveau record de 10,4% du PIB contre 3,6% une année auparavant, et ce, en dépit du repli enregistré au niveau du prix du pétrole et de la stabilité du taux de change du dinar constitue un réel motif de préoccupation. Les vulnérabilités structurelles des finances publiques se sont, de fait, exacerbées au cours de l’an passé à cause du dérapage des dépenses courantes. Celles-ci ont en effet explosé en 2020, grevées par une masse salariale parmi les plus élevées du monde (17,4% du PIB), et ce, au dépend des dépenses d’investissement, face à des recettes fiscales en baisse en raison de la morosité de l’activité économique.
En conséquence, les ratios de l’endettement public et extérieur continuent à croitre à un rythme accéléré pour atteindre 84,3% et 61,6% du PIB respectivement, rognant de plus en plus l’espace budgétaire, plus que jamais nécessaire pour mener une politique d’assainissement des finances publiques.
Compte tenu de ces évolutions et face à la tourmente imposée par la crise sanitaire, les autorités ont entrepris des mesures d’urgence pour préserver la santé publique, et des actions appropriées de soutien aux entreprises et aux ménages afin de préserver le tissu économique et les postes d’emploi.
Conjointement, la Banque Centrale s’est mobilisée pour accompagner efficacement l’action des autorités, et ce dans les domaines d’intervention relevant de ses missions statutaires, en l’occurrence, le maintien de la stabilité des prix, la contribution active à la préservation de la stabilité financière et l’appui agissant à l’action gouvernementale et ce par la mise en œuvre des politiques et instruments opérationnels prescrits par la loi.
A cet égard, l’action de la BCT, associant volontarisme et prudence a visé un double objectif : la garantie du financement normal de l’économie par l’approvisionnement adéquat du marché en liquidités, et la sauvegarde des équilibres intérieurs et extérieurs notamment l’inflation et le déficit courant. Ce qui devrait offrir à l’économie tunisienne l’opportunité d’une relance solide une fois la pandémie endiguée, mais aussi saine via la possibilité d’ancrage des anticipations inflationnistes à des niveaux stables par les agents économiques.
C’est dans le cadre de cette approche multidimensionnelle que s’inscrit la baisse du taux d’intérêt directeur à deux reprises, en mars et en septembre de 7,75% à 6,25%, action appuyée par l’octroi aux banques des liquidités nécessaires et le report des tombées des crédit aux particuliers et aux professionnels, en plus de la souplesse introduite dans l’accord du refinancement, notamment à caractère exceptionnel. Ces mesures trouvent leur écho dans l’accélération du rythme des crédits octroyés par le système financier à l’économie aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises.
Parallèlement, la BCT, et en sus de l’apport ordinaire de liquidités par l’entremise du système bancaire, a fourni au Trésor public un financement direct exceptionnel de 2,8 milliards de dinars, non sans en requérir le cadre légal adéquat, et entreprendre une action énergique de sensibilisation des autorités concernées quant au caractère exceptionnel de cette opération et ses risques potentiels sur la stabilité des prix.
Aussi, ces dispositions monétaires ont-elles été consolidées par des mesures d’ordre prudentiel afin de préserver la solidité des acteurs du système financier et par là, la stabilité financière. Outre le suivi rapproché des indicateurs d’activité et de risques des banques et l’évaluation régulière de leur capacité de résilience, ces mesures ont concerné plus particulièrement l’extension de la gamme des collatéraux éligibles au refinancement, l’assouplissement des dispositions relatives au ratio crédits/dépôts, et la suspension de distribution des dividendes des banques et des opérations de rachat de leurs propres actions.
Pour ce qui est des systèmes et moyens de paiement, la digitalisation a été érigée par la BCT, depuis 2019, en tant qu’un de ses objectifs majeurs et principaux vecteurs d’une stratégie globale de développement de l'écosystème des paiements, mettant à profit les technologies innovantes et le potentiel des compétences tunisiennes pour assurer une croissance inclusive et une réduction de l’usage du cash dans l’économie à l’horizon 2022.
Dans ce contexte, et en vue de soutenir la digitalisation du secteur financier tout en veillant à une maîtrise des risques qui en découlent notamment cybernétiques, la BCT a poursuivi ses efforts de modernisation du marché des paiements, via une approche qui concilie entre une régulation plus agile et plus adaptée et un accompagnement des nouveaux acteurs et ce, en ligne avec les meilleurs standards et pratiques en la matière.
Ainsi, elle a apporté son appui aux efforts du Gouvernement pour digitaliser l’ensemble de ses paiements, en particulier pour assurer la distribution d’aides sociales pendant la pandémie. Ce processus de digitalisation serait consolidé davantage pour supporter d’autres cash transfert Gouvernement-personnes (G2P) selon une logique de pérennisation pour en faire un vrai levier des paiements digitaux.
Une importance particulière est alors accordée à l’interopérabilité, à la disponibilité et à la diversification des instruments de paiement et des points d’acceptations pour faciliter aux usagers l’exercice de transactions de paiement d’une façon responsable et digitalisée, dont notamment les services de paiement mobile (cf. la circulaire n°2020-11 relative aux services de paiement mobile domestique).
Aussi, et consciente du rôle crucial des gestionnaires des switches nationaux au cours des années à venir avec les projets structurants de digitalisation, la BCT a-t-elle entamé les travaux de restructuration de ces acteurs avec l’accompagnement d’organismes internationaux et en phase avec les meilleures orientations internationales surtout en matière de bonne gouvernance, gage de la performance et la pérennité desdits acteurs.
Dans un cadre plus global, et au vu des opportunités et des enjeux liés à la digitalisation, la BCT s’est résolument engagée dans le soutien des acteurs innovants, notamment les jeunes Fintechs, et la facilitation de leur intégration dans l’écosystème financier.
A cet égard, une stratégie de promotion de l’innovation a été conçue dont la Sandbox Réglementaire constitue l’une de pièces maitresses. Cet environnement d’expérimentation contrôlée mis en place par la BCT permet aux Fintechs de tester leurs innovations avec des clients volontaires et des banques partenaires. C’est aussi un mécanisme d’amorçage des innovations, à travers lequel la BCT vise, en outre, à favoriser l’inclusion financière et à assurer la protection des usagers des services bancaires.
Ainsi, et par suite d’un appel à candidature lancé par la BCT pour les Fintechs souhaitant faire partie de la première cohorte de la Sandbox Réglementaire, quatre solutions s’appuyant sur des technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle et la blockchain ont été sélectionnées en septembre 2020 sur la base des critères d’éligibilité et des priorités stratégiques fixées.
En même temps, la BCT œuvre en permanence à nouer des partenariats avec les acteurs les plus avancées en matière d’innovation financière et contribue à ce titre aux travaux de plusieurs comités de réflexion maghrébins et arabes. A cet effet, elle s’est engagée avec le ministère des Technologies de la Communication en vue de renforcer la coopération et l’échange d’expériences dans le domaine de la technologie financière et a adhéré au Réseau mondial d'innovation financière «Global Financial Innovation Network» créé par l’autorité de la conduite financière britannique, et qui regroupe des régulateurs financiers engagées à soutenir l'innovation financière dans l’intérêt des consommateurs.
Sur un autre plan, et s’agissant de l’activité courante de la BCT, et tout en veillant à la sauvegarde de la santé du personnel via notamment une limitation quantitative du travail sur site conformément aux recommandations des autorités publiques compétentes, une organisation adéquate a été mise en place pour assurer la continuité de l’activité et garantir l’accomplissement des métiers essentiels de l’institution, mettant à profit le travail à distance. Simultanément, la Banque a poursuivi, en 2020, son plan stratégique 2019-2021 avec encore plus de défis imposés par le contexte sanitaire. La gestion du portefeuille des projets stratégiques s’est déroulée avec beaucoup d’agilité et avec un usage adéquat du digital qui a permis de pallier l’impossibilité de continuer avec le mode présentiel aussi bien en période de confinement qu’en période hors confinement.
Pour autant, et malgré les restrictions de voyage, la Banque a œuvré à consolider les actions liées à la coopération financière et technique -vitales en ces temps de crise- et maintenir un rythme soutenu des contacts grâce à l’usage du mode virtuel. La coopération technique a ainsi continué à bénéficier aussi bien aux projets opérationnels qu’aux projets stratégiques de la Banque. Egalement, la Banque a été active et présente dans plusieurs manifestations à l’international organisées par les institutions partenaires internationales et régionales à l’instar du FMI, de la Banque Mondiale, du FMA, des Banques Centrales et Institutions monétaires arabes, et des Banques Centrales Africaines.
L’analyse succincte de la situation économique et financière - présentée auparavant- souligne, si besoin est, l’état d’enlisement de l’économie tunisienne et les risques majeurs qui menacent désormais l’équilibre des finances de l’Etat et la stabilité économique et sociale. La responsabilité incombe au retard accumulé des années durant dans la mise en œuvre des réformes indispensables au redressement économique, et que la BCT n’a cessé de rappeler dans ces rapports annuels successifs et ses diverses communications, au même titre que les organismes financiers internationaux partenaires et les agences de notation.
A cet égard, l’année 2020 a connu la poursuite des pressions baissières sur la notation souveraine du pays, qui se sont traduites par la dégradation par trois agences (Fitch Ratings, R§I, et Moody’s) de la notation souveraine de la Tunisie avec des perspectives négatives.
Ces agences motivent leurs dégradations de la notation par le contexte institutionnel et politique marqué par de fortes pressions sociales, une instabilité politique et une fragmentation parlementaire qui viennent s’ajouter à l’absence d’un consensus national sur les grandes réformes et aux effets néfastes de la pandémie sur l’économie.
Deux nouvelles dégradations en 2021 sont intervenues en février par « Moody’s » (de B2 à B3) et en juillet par « Fitch » (de B à B-) avec des perspectives négatives pour les deux notations.
Une nouvelle dégradation par l’une des deux agences fera basculer la notation du risque souverain dans la catégorie « C » compromettant davantage l’accès aux marchés financiers internationaux pour la mobilisation des ressources extérieures nécessaires.
Aussi, les agences de rating sont-elles unanimes sur l’urgence d’un consensus sur les principales réformes, ce qui permettra d’accélérer les négociations avec le FMI, pour la mise en place d’un nouveau programme avant la fin de l’année en cours.
A ce propos, les efforts de négociations déployés en 2020 par les autorités tunisiennes ont permis l’accès aux ressources extérieures du FMI au titre de l’instrument de financement rapide (IFR) et ont ouvert les discussions d’un nouveau programme sous la forme d’un mécanisme élargi de crédit.
Ce nouveau programme vise à soutenir la Tunisie dans l’accélération de la mise en œuvre de son plan de réformes en vue de rétablir ses équilibres financiers et relancer l’activité économique.
Dans ce contexte, et juste après l’achèvement des consultations au titre de l’article IV qui se sont déroulées entre décembre 2020-janvier 2021, les discussions entre les services du FMI et les autorités tunisiennes se sont intensifiées à travers la tenue, à Washington au cours du mois de mai 2021, d’une mission de négociation sur un nouveau programme de coopération financière. Un document élaboré par les autorités tunisiennes couvrant principalement les grands axes de réformes ayant trait aux entreprises publiques, à la politique fiscale, à la rationalisation des subventions et à la stimulation de l’investissement et la relance de l’économie est en cours de discussion au niveau des équipes techniques des deux parties.
Néanmoins, les réformes en question, dont le contenu est désormais connu de tous, demeurent contraintes par la situation d’instabilité politique et sociale récurrente, qui réduit la marge de manœuvre des autorités et restreint leur action à la gestion du court terme, dont l’horizon ne dépasse guère le cycle annuel du budget de l’Etat.
Plus concrètement, et dans de telles circonstances, des risques élevés pèsent sur la capacité des autorités à relancer le processus de réformes concernant notamment l’assainissement budgétaire et le redressement du secteur public, et à assurer la mobilisation des ressources externes nécessaires à couvrir les besoins de financement importants requis au cours des prochaines années, à des conditions acceptables. De manière plus générale, la question reste posée quant à l’instauration d’un climat des affaires propice à la relance de l’investissement et de la croissance, clé de voûte du rétablissement des équilibres macroéconomiques.
Ce sont là, pourtant, les enjeux vitaux dont la réussite exige la conjonction des efforts de tous pour relever les multiples défis dans le cadre d’une initiative fédératrice autour d’un programme de réforme solide qui remporte l’adhésion de toutes les parties prenantes en vue de dépasser au plus vite les séquelles de la crise sanitaire et renforcer la coopération avec les bailleurs de fonds et les pays partenaires et de favoriser les conditions d’un rebond de l’économie nationale, qui déjà prend du retard, dans une perspective de reprise de l’économie mondiale en 2021.
La période post-Covid-19 peut être porteuse d’opportunités nouvelles pour la Tunisie du fait de la prise de conscience de plusieurs pays dont ceux de l’U.E, en raison des difficultés des chaines d’approvisionnement, des avantages de la proximité, et des possibilités de repositionnement de leurs investissements étrangers en conséquence. Egalement, et sur le plan régional, la normalisation de la situation politique et économique en Libye pourrait offrir de grandes opportunités mutuelles d’investissement et d’échanges commerciaux, dont il faut se préparer à temps pour une coopération solide avantageuse pour les deux pays.
Dans ce contexte et en perspective de la période post-Covid, la BCT, consciente de l’importance des enjeux économiques et financiers du pays et des défis à relever, continuera avec persévérance à jouer pleinement son rôle de maitrise des prix et de consolidation de la stabilité financière mais aussi de soutien de l’activité économique par le renforcement de la solidité et des capacités du système financier. Elle apportera l’appui nécessaire à l’essor de la digitalisation en tant que levier d’amélioration de la qualité des services bancaires et de promotion d’un financement adéquat et inclusif de l’économie.
Aussi, la BCT œuvrera-t-elle non seulement en faveur d’une relance rapide de l’économie, mais veillera à ce que cette reprise s’inscrive dans le cadre d’un développement durable. D’ailleurs et dans la lignée des efforts du pays en termes de croissance verte, en l’occurrence par l’adoption de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) et de la Stratégie Nationale de l’Economie Verte (SNEV), elle a intégré, depuis 2019, le Réseau des Banques Centrales et des Superviseurs pour le Verdissement du Système Financier (NGFS).
En outre, elle a entamé l’établissement d’une stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), en vue de développer et de mettre à la disposition du système bancaire des moyens et des standards de financement qui devraient accélérer le rythme de la transition énergétique, intégrer le développement durable dans le fonctionnement de la banque et prendre en compte les impacts environnementaux et sociaux dans l’exercice de ses métiers.
Enfin, la BCT veillera à apporter la diligence nécessaire au renforcement de la coopération avec les Autorités afin de donner à l’action économique le plus d’efficacité et permettre au pays de retrouver rapidement le chemin de la croissance et de l’emploi, objectifs prioritaires qui commandent par ailleurs, et plus que jamais, un climat politique et social plus consensuel empreint de plus de solidarité et de stabilité.
Marouane El Abassi
Gouverneur