Opinions - 16.08.2021

La Tunisie, un laboratoire de démocratisation

La Tunisie, un laboratoire de démocratisation

Par Abdelkader Maalej - Il est incontestable que la démocratie ne se réalise pas en quelques mois ni même en quelques années. L’opération peut durer des décennies voire un ou deux siècles. C’était le cas de tous les pays démocratiques du monde libre tels que la France les Etats-Unis d’Amérique le Japon et les autres pays de l’Europe de l’ouest.

Notre démocratie tunisienne est encore naissante et il faudra encore quelques temps pour qu’elle soit complète. Notre objectif est de voir de plus prés ce qui a été réalisé en Tunisie depuis le 14 janvier 2011 c'est à-dire depuis une dizaine d’années.

Mais avant cela, il nous faut jeter un bref regard historique. En dépit de sa petite taille géographique la Tunisie a eu depuis les temps les plus  reculés et plus exactement  depuis Hannibal un grand rayonnement sur la scène internationale dans tous les domaines aussi bien politique économique que social culturel et sanitaire. Dans un précédent article publié par Leaders nous avons parlé des célébrités que la Tunisie a enfantées tout au long de son histoire et nous n’avons pas l’intention d’y revenir dans  ce propos.

Il nous semble ici qu’il est pertinent de mettre en exergue cette qualité distinguant la Tunisie de la quasi-totalité des pays arabes et même africains Contrairement à ce qui s’était passé dans la plupart de ces pays, tous les changements de régimes survenus  depuis l’indépendance en1956 ont eu lieu au moins en apparence, d’une façon démocratique pacifique et sans effusion de sang. Le laboratoire tunisien a toujours fonctionné sans heurts et il serait intéressant de passer en revue d’une façon succincte les changements de régimes survenus en Tunisie depuis  l’indépendance en 1956.

Chute des husseinites

Le premier changement de régime en Tunisie indépendante eut lieu le 25 juillet 1957. En ce jour mémorable, l’Assemblée constituante librement élue par le peuple tunisien décida d’abolir la monarchie husseinite et élit le même jour à  l’unanimité Habib Bourguiba premier président de la république tunisienne. La destitution du bey eut lieu dans une atmosphère de liesse populaire. Cette destitution n’était ni le résultat d’une révolte armée ni  d’un coup militaire comme cela était monnaie courante dans plusieurs pays arabes et africains. Il n’y a eu  ni effusion de sang ni tués ni blessés. C’était plutôt un premier exercice démocratique vécu en Tunisie indépendante. Une seule mauvaise note avait malheureusement noirci ce tableau rose. C’était la manière humiliante avec laquelle le Bey Mohamed Lamine Pacha Bey fut déplacé de son palais pour être installé dans un petit appartement indigne de son rang pour y terminer misérablement ses derniers jours dans un oubli total.

Destitution de Bourguiba

L’euphorie du peuple ne dura que deux décennies après quoi une tempête allait souffler sur le pays. En effet après les succès retentissants  des premières années surtout dans les domaines de l’enseignement de la santé et de la femme Bourguiba devenait un véritable despote accaparant tous les pouvoirs et  imposant ses points de vue  par la force et l’élimination de ceux qui auraient  s’opposer à sa politique. La sénilité et la maladie aidant Bourguiba devenait de plus en plus incapable de gouverner un pays en pleine gestation. La majorité des tunisiens espéraient  le voir céder la place à une personne plus apte à diriger le pays. Passant outre les aspirations populaires  Bourguiba se fit élire président à vie ne voulant entendre aucun conseil même celui donné par le président sénégalais Sédate Sengor. Le peuple finit par en avoir ras le bol et tout le monde demandait son départ.

Zine Eddine Ben Ali, un général de l'armée promu Premier ministre par Bourguiba décida de prendre les choses en main. Coupant la route au parti islamiste qui se préparait à organiser un coup d’état prévu pour le 8 novembre 1987 et tenant à réaliser son coup pacifiquement et en respect de la loi et de la constitution de1959 Ben Ali réunit un groupe de 7 médecins chevronnés et leur demanda de signer un bulletin de santé prescrivant  que Bourguiba était devenu incapable de gérer les affaires du pays. Fort de cette déclaration règlementaire Ben Ali fit encercler le palais présidentiel au matin du 7 novembre 1987 et fit transporter le président déchu à sa ville natale et l’installa dans une villa isolée où Bourguiba allait passer le reste de ses jours oublié par la majorité des tunisiens et ne pouvant ni en sortir ni même recevoir des visiteurs exceptés certains membres de sa famille et Mohamed Sayah son disciple préféré. C’était le deuxième exercice démocratique, au moins en apparence, de la Tunisie indépendante. Très bien rédigée la déclaration du 7 novembre 1987 fut diffusée tôt le matin par radio Tunis. Elle annonça que le peuple tunisien était devenu suffisamment mûr et ne pouvait plus accepter voir durer la situation catastrophique dans laquelle vivait le pays en raison de l’absence d’un président capable de tenir les reines  du pays et c’était pourquoi il fallait mettre un terme à ce gâchis vers lequel glissait le pays. La déclaration  fut accueillie avec grand enthousiasme par la majorité des tunisiens.

Tout le monde croyait au redressement immédiat et au retour des libertés publiques et des droits de l’homme. Mais ce n’était que partie mise. Après seulement  deux ou trois années de bonne gouvernance largement saluée par la glèbe Ben Ali allait s’investir en un véritable despote et son régime allait être le régime le plus policier du monde et toutes libertés tant attendues allaient être étouffées. Ce tableau noir devenait davantage assombri par les familles Ben Ali, Trabelsi (la famille de Leila l’épouse du président et certains de leurs proches et amis) qui pillèrent le pays et s’emparèrent de la plupart des richesses du pays. Au terme d’une vingtaine d’années de souffrance le peuple décida de se révolter et de faire tomber  Ben Ali et son régime. Ce fut alors ce qu’on a appelé la révolution du jasmin saluée par la plupart des pays du monde libre.

La révolution du Jasmin

Avec l’avènement de la révolution le laboratoire tunisien de démocratisation va devoir traiter avec une nouvelle donnée à avoir l’entrée en jeu, pour la première fois en Tunisie, des islamistes  d’Ennahdha  et de ses satellites. L’expérience réussira-t-elle ? Le dialogue quadripartite de 2013 qui a rapporté à la Tunisie le Prix Nobel en 2016 et l’entente conclue entre Caîd Essebi et Ghannouchi après la rencontre des deux hommes à Paris suffiront ils à déblayer le chemin vers l’instauration d’un régime politique réellement démocratique et exempt de despotisme ?

Les circonstances dans lesquelles s’était produite la fuite de Ben Ali vers l’Arabie saoudite et les événements qui l’avaient précédé ont été longuement commentés par les divers analystes qui s’étaient longuement penchés sur la question et nous n’avons pas l’intention d’y revenir. Ce qui nous intéresse ici c’est de voir comment la passation du pouvoir avait eu lieu après le départ de Ben Ali. On peut dire que malgré le trébuchement des premiers moments  concernant l’article de la constitution qu’il fallait appliquer les choses s’étaient bien passées et la passation du pouvoir eurent lieu dans les règles de l’art. Le président du Parlement Foued Mbezzà fut hissé au Poste de président intérimaire de la république pour la période restante du mandat. Face aux difficultés du moment Mbezzà fit appel à son ancien collègue Béji Caîd Essebsi pour le désigner Premier ministre. Malgré vents et marées Essebsi réussit à faire redresser la situation et à préparer les élections   d’octobre 1911en toute sérénité. Ces élections furent pour la première fois dirigées par l’instance indépendante des élections ISIE et non par le ministère de l’Intérieur.  Coup ci coup ça les premières élections démocratiques furent remportées par le parti islamiste Ennahdha. Lors d’une cérémonie inoubliable Le Premier ministre Caîd Essebsi remit les clefs de la Kasba au Premier ministre désigné par Ennahdha Hammadi Jbali.

Les dirigeants d’Ennahdha démunis de toute expérience s’avérèrent incapables de gouverner le pays. La situation devenait  tellement délicate pour Ennahdha que d’aucuns de ses supporters  nahdhaouis commirent sur instigation de leurs leaders, des actes criminels en assassinant Chokri Belaid, Mohamed Brahmi et Lotfi Nagdh. Jbali pris au dépourvu décida de remettre sa démission. Effarouché par ce geste son parti désigna Ali Larayedh Ministre de l’intérieur pour le remplacer à la tête du gouvernement. La situation ne  s’était guère améliorée. La seule action positive accomplie sous  le gouvernement  de la troyka était l’adoption par le parlement, présidé par le président du parti Ettakattel, Mustapha Ben Jàfar, était l’adoption de la constitution de 1914. Paraphée par Moncef Marouki, président de la république, Ali Laraiedh chef du gouvernent et Mustapha Ben Jàfar président du parlement, cette constitution qualifiée au départ d’être la meilleure constitution  du monde allait s’avérer être pleine d’embuches tendues par ses protagonistes nahdhaouis afin de sauvegarder pour toujours les intérêts de leur parti.

Jusque là, les changements politiques semblaient être faits selon les règles de la démocratie. Ce n’était pourtant qu’un leurre. Le financement de la campagne électorale de certains partis dont Ennahdha et Qalb Tounes s’était déroulé d’une façon illégale. Je rapport de la cour des comptes  a relevé un lot d’irrégularités qui risquent de faire tomber des listes entières de députés. L’affaire est actuellement entre les mains de la justice et le verdict ne tardera pas à être rendue et la formation parlementaire sera certainement chambardée. L chef de l’Etat est ferme ; la justice doit être faite. Certes toutes les élections du temps de Bourguiba et de Ben Ali étaient entachées  d’irrégularités du genre fraude, falsifications et autres manipulations, mais il s’agissait toujours  d’infractions qui n’étaient pas du ressort de la cour des comptes et donc les fraudeurs ne couraient aucun risque d’être poursuivis.  
 En recourant au financement illégal de la campagne électorale en 2019 les deux partis incriminés ont remporté la première et la deuxième place au parlement et avec leur allié Itilaf Elkaram, a ils purent imposer leur loi en faisant passer tous les projets de lois qui ne servaient que leurs propres encore intérêts. Pire encore sous le gouvernement de la Troika Ennahdh mit sa main sur le système judiciaire en congédiant des magistrats jugés hostiles  et en nommant  d’autres urgés acquis. En conséquence le tribunal paralysé les juges nahdhaouis n’arrivait jamais à rendre les verdicts qu’il fallait rendre conformément à la loi. Des milliers de dossiers concernant des éléments terroristes furent cachés en vue d’empêcher le déroulement normal de leur examen tout comme ce fut le cas des dossiers de Belîd et de Brahmi. Le cas du juge Béchir Akremi finalement assigné en résidence surveillée montre à quel point l’appareil judiciaire était corrompu.

Les gouvernements soumis à la volonté de la majorité parlementaire ne pouvaient rien faire : pour le bien du pays. En conséquence la  situation  économique ne cessa pas d’empirer et le taux de croissance  de baisser à des niveaux devenus alarmants avec la pandémie qui a envahi le pays à l’instar de tous les pays du monde. Le pouvoir d’achat était devenu bigrement faible.  Le marasme  populaire attint son paroxysme. Le gouvernement de la Nahdha outre les assassinats politiques eut recours à  la répression sanglante surtout  à Siliana (évènement arrach). Très forte et unie la société civile  organisa le long setting d’errahil (dégage) qui finit par obliger les nahdhaoui à quitter le gouvernement en faveur  d’un cabinet ministériel formé de technocrates dirigé par Mahdi Jomà chargé de préparer les élections de 2014 sans pouvoir se présenter candidats ni aux législatives ni aux présidentielles.

Les élections de 2014 eurent lieu encore une fois selon les règles démocratiques connues. Les résultats allaient être totalement différents de ceux de 2O11 Qu’est ce qui s’était passé pour en arriver là ?

Nida Tounes

Dans l’objectif de freiner l’avancée islamiste Caid Essebsi eut l’idée de créer un parti capable de tenir tête à Ennahdha lors des prochaines élections législatives et présidentielles. Il put réunir autour de lui une myriade de personnalités politiques venant de tous bords.  Ce fut le parti baptisé Nida Tounes qui allait battre Ennahdha à ces  élections .Le peuple a en effet répondu  favorablement à l’appel au vote utile préconisé par  Caîd Essebsi. Les résultats furent probants. Caîd Essebsi remporta les élections présidentielles face à Moncef Marzouki et Nida Tounes gagna plus de 89 sièges avant le parti Ennhdha qui ne d remporta qu’une soixantaine de sièges. Malheureusement ce score ne permettait pas à Nida Tounes de gouverner tout seul le pays. Que faire ?

Devant le refus des partis de la gauche  de s’allier avec Nida Tounes pour constituer un bloc parlementaire susceptible de mettre un terme à la participation islamiste au gouvernement Caid Essebsi se trouva obligé de conclure une entente avec le deuxième parti au parlement caid Ennahdha  pour permettre au gouvernement de faire son travail convenablement sachant naturellement qu’il incombait au premier parti Nidà Tounes de désigner le chef du gouvernement conformément à la constitution. Caîd Essebsi préféra confier cette mission à une personne indépendante non adhérente à un parti. Le chois se porta sur la personne de Habib Essid.  Mais au bout d’une année d’exercice ce dernier fut limogé suite à un retrait de confiance de la part du parlement. En effet  un évènement allait chambarder tout, l’entrée en jeu de Hafedh Caîd Essbsi qui voulait succéder à son père à la tête de Nidà Tounes. Le père commit la grosse erreur  de soutenir son fils pour en faire sans le reconnaître son héritier.

Cette prise de position irréfléchie  provoqua la dislocation du parti puisque la plupart de ses principaux dirigeants le quittèrent pour fonder une myriade  d’autres petits partis dont celui de Mohsen Marzouk-El Machrou- qui était pourtant le plus proche collaborateur de Béji.

Habib Essid limogé, Caîd Essbsi le fit remplacer par l’un de ses proches disciples, Youssef Chahed. Mais celui ci ne tarda pas à entrer en conflit avec le directeur de Nida qui voulait imposer sa loi en désignant ses pions aux postes de haute responsabilité. Le torchon brula entre Youssef et Hafedh qui réclama le départ immédiat de son adversaire. Ce souhait ne put pas être exaucé car  Béji échoua à deux reprises  à faire adopter par les représentants de toutes les parties civiles réunies à Carthage afin de se mettre d’accord sur un plan de redressement économique comportant  dans les  deux projets de déclarations de Carthage un dernier point revendiquant le  limogeage de Youssef Chahed auquel s’opposait Ennahdha. Au demeurant ce dernier, contrairement à   son prédécesseur  Habib Essid  refusa de se présenter au parlement  pour obtenir un renouvellement de confiance et terminera son mandat jusqu’aux élections de 1919 soutenu par Ennahdha malgré les déboires de sa politique et la détérioration catastrophique de la situation économique.     

L’instabilité politique

Au lendemain des élections de 2019 le pays allait traverser une période d’instabilité politique accrue par une crise économique de plus en plus aigue  qui mit le pays à genoux. Alors que les présidentielles ont donné un président de la république élu par plus de 7O% les législatives ont à l’inverse produit une mosaîque parlementaire difficile à gérer et à former un gouvernement cohérent capable de travailler confortablement  Ennahdha était le premier parti avec 56 sièges suivi par QalbTounes avec 38 sièges. Nida Tounes n’a remporté quant à lui quelques poussières de députés. Convaincus qu’ils étaient loin de leurs précédentes victoires les nahdhaouis ont quand même  compris qu’ils ne pouvaient gouverner le pays tous seuls. Ils ont alors décidé de s’allier avec Qalb Tounes que Ghanouchi avait pourtant préalablement qualifié de parti corrompu avec lequel il ne coopérerait jamais. Le président de Qalb Tounes qui avait lui aussi antérieurement  déclaré qu’il ne s’allierait pas avec Ennahdha qui avait selon lui brisé tous ses anciens alliés  tomba dans le piège et accepta de se liguer avec Ennahdha. Depuis lors on assiste à une vraie pagaille au parlement provoquée par la résistance farouche opposée par Abir Moussi et le bloc PDL à Ghnnouchi et à son parti Ennahdha.

L’échec d’Ennahdha à assurer le bon fonctionnement du parlement se trouva accentué par son échec à former un gouvernement capable de résoudre les problèmes économiques qui ne cessaient de s’aggraver et de s’empirer. Une première tentative de former un gouvernement présidée par Habib Jemli échoua lamentablement. Selon la constitution la responsabilité de désigner  un chef de gouvernement revenait alors au président de la république. Le chois du Président se porta  contre toute attente sur EIyes Fakhfakh du parti Ettakattel. Ennahdaha fut obligée de composer faisant semblant de vouloir collaborer avec le nouveau chef de gouvernement tout en essayant de mettre sa main dessus en y  faisant désigner un certain nombre de ministres. Sidéré par cet étranglement qui lui fut imposé Fakhfakh ne mit pas beaucoup de temps pour réagir puisqu’il  il prit l’oukaze de congédier les ministres nahdhaouis. Ennahdha menaça de retirer sa confiance du gouvernement si Fakhfakh ne revenait pas sur sa décision. On l’accusa d’être corrompu et de posséder des actions dans une société ayant conclu un marché avec le ministère d’environnement créant ainsi un conflit d’intérêts.

Fakfakh fut obligé de démissionner pour couper la route au retrait de confiance au parlement et rendre l’initiative de désigner le Premier ministre au Président de la république. Après un simulacre de consultations par correspondance, le chef de l’Etat décida de désigner le ministre de l’intérieur Hichem Mechchi en tant chef de gouvernement. Ce sera peut être comme on le verra la plus une grosse erreur commise par le Président de la république. Car au lieu de consacrer son temps comme il l’avait promis dans son discours d’investiture au parlement, Mechichi s’occupa à construire ce qu’il avait lui-même appelé un coussin parlementaire. Les trois partis qui avaient promis leur soutien l’obligèrent à limoger les ministres supposés être les hommes du président. La réaction du président fut violente. Il refusa de recevoir les ministres nominés pour prêter devant lui le serment constitutionnel car pas moins de 4 ministres étaient suspectés d’être corrompus ou faisaient l’objet d’une poursuite judiciaire. Le Chef du gouvernement refusant de revenir sur ses désignations en l’absence d’un jugement rendu par un  tribunal, le gouvernement tronqué d’au moins de 8 membres allait s’avérer incapable de gérer les affaires économiques auxquelles s’était   ajoutée  un crise sanitaire aigue due au retard des arrivées des vaccins contre le covid 19 retard dû à l’absence d’une stratégie pouvant permettre de combattre  la pandémie galopante.   

Les décisions du 25 juillet

Le président qui depuis son investiture n’avait de cesse de donner des déclarations tonitruantes contre les corrompus et les adversaires politiques et notamment Ghannouchi et Mechichi allait finalement sortir de sa torpeur. Le 25 juillet, fête de la république, répondant aux appels qu’on ne cessait de lui lancer dans toutes ses mêlées avec la foule, le Président prit 3 décisions historiques : il limogea le Chef du gouvernement, il décréta le gel du parlement pour un mois et il leva toutes les immunités parlementaires judiciaires et autres.

Ce fut une nuit mémorable. Le peuple sortit en liesse malgré le couvre feu pour exprimer sa joie. Ces décisions étaient elles constitutionnelles comme le déclarait le chef de l’Etat et quelques spécialistes du droit constitutionnel ou étaient elles auto- constitutionnelles comme l’affirmaient d’autres constitutionnalistes ? La question est restée sans réponse ? Entre temps  moult chefs d’Etats étrangers saluèrent les décisions de Kaies Saîd et à leur tête le Président égyptien le roi saoudien et l’Emir des EAU. Certains autres chefs d’Etats à l’instar des présidents français et américains saluèrent l’évènement tout en demandant avec insistance à Kaies Saîed de revenir le plus tôt possible au régime démocratique en désignant rapidement un premier ministre et de rétablir l’action parlementaire. Le délai d’un mois fixé pour le retour à la normale approche et le Président  n’a pas encore répondu aux appels lancés par divers chefs d’Etats étrangers et quelques voix tunisiennes. Il gère toutes les  affaires du pays et se comporte en tant que Premier ministre. Evidemment il ne sera pas permis au chef de l’Etat de faire durer la situation telle quelle, et comme il l’a lui-même souvent réitéré il n’a pas l’intention de bafouer la loi et faire fi de la constitution.    

Les décisions inattendues du 25 juillet eurent jusqu’à présent un impact  positif sur la situation sanitaire. Face à l’aggravation de cette situation  plusieurs pays frères et amis ont couru au secours de la Tunisie. Un grand nombre de vaccins est arrivé. Des tonnes d’oxygène et d’équipements sanitaires sont aussi arrivées. Une campagne de vaccination  organisée dimanche 8 aout eut un succès éclatant puisqu’on a pu vacciner 552  milles citoyens. Cette première manche sera suivie par une deuxième prévue pur le dimanche suivant. Une nette amélioration a commencé à se faire sentir puisque le nombre des contaminés quotidiens a commencé à baisser.

Conclusion

En guise de conclusion il nous faut  répondre à notre question de départ.  Quid de l’entrée en jeu des islamistes au pouvoir en Tunisie. Le laboratoire de démocratisation semble nous donner une réponse négative.  Depuis qu’ils sont à la barre la situation n’a pas cessé de se dégrader. Comme le Président l’a déclaré maintes fois il n y’aura pas de retour en arrière. Les Tunisiens n’accepteront plus d’être gouvernés par des islamistes. L’histoire nous a appris par ailleurs qu’aucun régime religieux et notamment islamiste n’a pu réussir dans aucun autre pays. Les pays démocratiques et à leur tête la France et les USA continueront ils à soutenir l’existence des islamistes au pouvoir en Tunisie ? Rien n’est moins sûr. Une chose est certaine. Malgré les fortes a pressions américaines, Kaies Saîd semble vouloir  les évincer.

Abdelkader Maalej