Le sociologue et ancien ministre Moncer Rouissi est décédé
Affaibli ces derniers temps par un état de santé fragilisé, et parvenant à s'épargner du Covid-19, Moncer Rouissi est décédé mardi en début de soirée à Tunis, à l’âge de 80 ans. Démographe, docteur en sociologie, expert auprès du FNUAP en Syrie et au Maroc, et enseignant universitaire, le disciple de Bourdieu, Aron, Touraine et Berque avait été engagé dans l’action syndicale. Au sein de l’UGET durant ses années d’études, puis du syndicat des enseignants universitaires de l’UGTT. Fils du militant Moussa Rouissi, compagnon de Bourguiba et longtemps ambassadeur à Djeddah, et neveu de l’illustre militant Youssef Rouissi dont il avait été très proche, Moncer avait le patriotisme chevillé à l’âme. Mais aussi un caractère doux et affable, l’humour raffiné et la modestie de son Djérid d’origine, qui ne l’empêchaient guère de faire valoir fermement ses idéaux.
Chercheur studieux et auteur de nombreux ouvrages de références, syndicaliste irréductible et doué d’un grand sens politique, il laissé ses empreintes indélébiles dans tout ce qu’il entreprenait.
Ben Ali qui l’avait repéré dès le début de 1986, soucieux alors de s’ouvrir sur les intellectuels progressistes, le consultait souvent, puis une fois installé à Carthage, l’avait appelé à ses côtés en tant que conseiller. Moncer Rouissi jouera alors un rôle de premier plan durant les premières années de grâce, suggérant l’idée d’un pacte national, œuvrant à la transformation de l’ancien parti socialiste destourien, ralliant autour du nouveau projet de société des figures indépendantes comme Mohamed Charfi, Dali Jazi, Saad Eddine Zmerli et autres indépendants et démocrates.
Appréciant de plus en plus sa compétence et ses talents, Ben Ali nommera Moncer Rouissi à divers postes ministériels : les Affaires sociales, la Culture, de l’Éducation et la Formation professionnelles et l’Emploi, avant de l’envoyer en semi-disgrâce ambassadeur à Paris. S’il réussira sa mission en France, il ne se pliera pas aux sollicitations sans cesse plus exigeantes de l’épouse du président déchu et de sa famille ce qui finira par son rappel à Tunis. Il sera alors porté membre de la Chambre des conseillers.
Au lendemain du 14 janvier 2011, Moncer Rouissi était appelé à faire partie de l’éphémère gouvernement d’union nationale formé par Mohamed Ghannouchi, mais finira par le quitter le 27 janvier 2011. Retiré de la scène politique, mais gardant contact avec ses amis fidèles, Moncer Rouissait gratifiait souvent les lecteurs de Leaders de ses analyses qui demeurent aujourd’hui encore d’actualité et de pertinence.
Allah Yerhamou
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